Les orgasmes de la femme

22 février 2010

L’orgasme, en grec : οργασμός (orgasmós), de orgân, « bouillonner d’ardeur », est la réponse physiologique qui a lieu au maximum de la phase d’excitation sexuelle. Il est souvent synonyme de jouissance extrême. Certains chercheurs pensent qu’il est généralement associé, chez la femme, à la rétraction du clitoris, à des contractions musculaires rythmiques périnéales et intra-vaginales.
L’orgasme serait la troisième étape de la stimulation sexuelle, selon le modèle en quatre phases de la réponse sexuelle de Masters et Johnson.
Dans un rapport sexuel, il est habituellement précédé par des jeux amoureux et des caresses avec une intense excitation sexuelle associée.
Il peut se caractériser par d’autres actions involontaires : une baisse de la vigilance, les pupilles des yeux qui se dilatent, une lubrification des organes génitaux, des vocalisations (râles, cris, soupirs, etc.), une respiration accrue dont l’apport d’oxygène décuple les sensations, des spasmes du visage, des contractions musculaires diverses (le coït étant physique par nature, de par ses « va-et-vient »), une rougeur de la peau, une excitation des mamelons, etc ; pour aboutir au « point de non retour » qui déclenche une intense jouissance physique.
Ce serait la conclusion de la phase en plateau par la relâche de la tension sexuelle, accompagnée d’une série de contractions musculaires rapides entourant les régions de l’anus, des muscles du périnée et des organes génitaux, avec émissions de fluides chez les femmes.
Une sensation euphorique généralisée serait, chez certaines femmes ressentie, qui sera dès lors accompagnée de la dernière phase : la résolution de la tension sexuelle, un apaisement.
L’orgasme peut aussi être obtenu au moyen de la masturbation solitaire, sans partenaire associé.
Dans un contexte sexuel, jouir se rapporte au plaisir ressenti pendant l’acte sexuel ou l’orgasme.
Jouir exprime ce plaisir : éprouver un orgasme est synonyme de jouir.
L’orgasme est la réponse physique telle que décrit ci-dessus.
C’est ce que l’on peut généralement lire dans les ouvrages spécialisés.
A mon sens, il serait plus juste de parler  » des orgasmes de la femme « , qui jouit sans fin et de multiples façons.
On ne peut confondre plaisir et orgasme, pour celles qui se posent la question. L’orgasme est parfois un coup de tonnerre, qui apaise très brièvement mais qui en appelle des centaines d’autres, jusqu’à épuisement total; ce sont des décharges de jouissance certes mais fatigantes…
Les orgasmes clitoridiens sont plus doux, voluptueux, on peut en éprouver une bonne cinquantaine. Ensuite, c’est le clitoris qui se fatigue un peu.
Les orgasmes féminins par pénétration anale ( sodomie ) sont moins nombreux mais sont plus  » taniques « .
Les autres, vaginaux, endogènes etc…sont infinis.
( cet article n’est pas terminé bien entendu, la suite apparaîtra prochainement)

Femme Fontaine / Ejaculations féminines

22 février 2010

L’éjaculation féminine désigne, chez la femme, la libération d’un liquide (éjaculat) lors d’une stimulation sexelle. L’émission de liquide est très faible chez une majorité de femmes, mais abondante ( plus d’un litre, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes pratiques…) chez d’autres ; l’expression « femme fontaine » est parfois utilisée pour désigner une femme à l’éjaculation très abondante.
La faible sécrétion des glandes de Skene est émise par deux petits orifices à gauche et à droite du méat urinaire. Ce fluide est également différent des autres sécrétions émises près du vagin ou de la vulve, telles les sécrétions lubrifiantes des glandes de Bartholin. Ce liquide est expulsé vers l’extérieur du corps de manière réflexe quand l’excitation est très forte.La femme au fil de l’expérience sent venir ses éjaculations successives, et peut alors guider son partenaire, car la stimulation doit être suspendue pour que la femme puisse éjaculer et une pénétration vaginale quelconque empêche l’éjaculation de se produire.
Beaucoup de recherches ont été faites à propos de la nature de cet éjaculat pour essayer de prouver que celui-ci n’est pas de l’urine, en mesurant notamment les quantités d’urée, de créatine, de phosphatase acide, d’antigène prostatique spécifique, de glucose et de fructose qu’il contient. D’autres études évoquaient le rôle de la « prostate féminine », les glandes de Skene, glandes diffuses situées entre le vagin et l’urètre. Certains spécialistes, faute de meilleures explications, concédaient à cet éjaculat toutes les caractéristiques du sperme, sauf la présence de spermatozoïdes.
Le docteur Cabello Santa Maria, qui a travaillé sur ce phénomène, indique que 75 % des femmes étudiées par son équipe expulsent un liquide lors de l’orgasme, mais je ne partage pas ce point de vue . Ses expérimentations ont permis de mettre en évidence que les sécrétions des glandes de Skene (ou prostate féminine) entreraient dans la composition de la lubrification vaginale, un phénomène jusqu’ici méconnu.
Dans une enquête faite auprès d’un grand échantillon de femmes travaillant dans le milieu de la santé, 39,5 % des femmes affirmaient ressentir une éjaculation au moment de l’orgasme, ce qui à mon sens est impossible, les sécrétions féminines, même très abondantes, lors d’un orgasme n’ont strictement rien à voir avec les éjaculations de la femme.
L’éjaculation ne peut passer inaperçue, il s’agit de jets impressionnants de plus en plus importants, qui se succèdent en cascades si entre chaque éjaculation le partenaire excite à nouveau la femme. Les premières éjaculations peuvent se produire sous la forme d’un écoulement lent ou d’un véritable jet plus ou moins puissant.
Cette particularité peut être ressentie comme une gêne, un frein par certaines jeunes femmes non averties.
Grâce à un ensemble d’exercices divers de relaxation, de reconnaissance anatomique et d’apprentissage des sensations, il est possible, pratiquement pour chaque femme, de parvenir à l’éjaculation et de la maîtriser, mais selon mon expérience, seule la psychanalyse peut permettre de venir à bout des traumatismes, de l’histoire du sujet, de ses inhibitions, de ses angoisses afin de réunir les conditions qui vont lui sont nécessaires pour vivre pleinement, en toute liberté, ces moments de plaisir qui ne sont pas à confondre avec les orgasmes.
Dans l’expérience de ces éjaculations, le mental ne compte pas, c’est l’excitation sexuelle qui importe beaucoup, le désir,( encore ces pratiques peuvent se faire en solitaire) mais aussi le physique, plus précisément la force des muscles pelviens. Ceux-ci sont souvent trop tendus ou trop mous, alors qu’ils ont besoin d’être forts et toniques. D’autant que ces muscles n’aident pas seulement à obtenir une éjaculation féminine, mais aussi à mieux ressentir les mouvements liés à la pénétration.
L’éjaculation féminine a été décrite par Ernst Gräfenberg dès 1950. Mais ce phénomène était déjà mentionné dans des manuscrits indiens du XIe siècle.
Voltaire remarque qu’« il y a beaucoup de femmes qui ne répandent aucune liqueur, qui ne reçoivent qu’avec aversion les embrassements de leurs maris, et qui cependant en ont des enfants ».
Quel dommage, elle ne savent pas ce qu’elles perdent!

L’expérience du divan

18 février 2010

Die Lorelei

1 janvier 2010

Ich weiss nicht was soll es
bedeuten,
Das ich so traurig bin;
Ein Märchen aus alten
Zeiten,
Das kommt mir nicht aus dem
Sinn.

Die Luft ist kühl und es
dunkelt,
Und ruhig fliesst der Rhein;
Der Gipfel des Berges funkelt
Im Abendsonnenschein.

Die schönste Jungfrau sitzet,
Dort oben wunderbar;
Ihr goldenes Geschmeide
Blitzet,
Sie kämmt ihr goldenes Haar.

Sie kämmt es mit goldenem
Kamme
Und singt ein Lied dabei;
Das hat eine wundersame
Gewaltige Melodei.

Den Schiffer im kleinem
Schiffe
Ergreift es mit wildem Weh;
Er schaut nur hinauf in die
Höh.

Ich glaube, die Wellen
verschlingen
Am Ende Schiffer und Kahn;
Und das hat mit ihrem Singen
Die Lorelei getan.

Heinrich Heine

RIRE ?

30 décembre 2009

LE RIRE TOUS AZIMUTS

Humour et inconscient en psychanalyse

Être capable de rire et de faire rire est un atout considérable.
L’humour détend, allège, rafraîchit la vie et nous accordons d’emblée notre sympathie aux amuseurs.
Mais si l’humour nous charme, il n’est pas pour autant dénué d’une certaine ambiguïté.
Ceux qui tournent tout en dérision l’utilisent quelquefois comme une véritable arme !
L’humour procure à celui qui le pratique d’indéniables avantages sociaux. Entourés, courtisés, les amuseurs savent se tirer des situations les plus délicates et les retourner à leur avantage, tout en maintenant leur cote de popularité.
De nombreux orateurs l’ont bien compris et émaillent systématiquement leurs discours (même les plus sérieux) de plaisanteries destinées à s’assurer la complicité de leur auditoire.
L’humour au service du pouvoir ?
L’humour désarme et permet de se maintenir en position forte en toutes circonstances. Faire rire donne du pouvoir et cet ascendant sur les autres peut s’exercer à outrance. L’humour finit alors par perdre sa fonction « oxygénante ».
Il devient un outil de manipulation et une arme redoutable, puisque dans tous les cas l’amuseur reste à couvert.
Les enfants apprennent d’ailleurs très tôt les bénéfices qu’ils peuvent tirer de l’humour : « c’est pour rire » disent-ils, pour éviter les représailles, lorsqu’ils savent avoir dépassé les bornes.
Un jeu d’enfant ?
Si l’humour donne de l’ »oxygène », c’est qu’il permet de dire ce que l’on ne pourrait dire sans faire rire !
Les amuseurs, à l’image des bouffons d’autrefois ou des humoristes d’aujourd’hui, ont le droit de tout dire, pourvu que leur drôlerie rende la vérité tolérable.
L’humour donne la permission de bousculer les règles et de transgresser les interdits.
A ce titre, ceux qui s’y adonnent exagérément peuvent quelquefois se croire tout permis, oublier les circonstances et l’effet produit par leurs traits d’esprit. A un certain degré d’excès, l’amuseur se conduit comme un enfant, à qui rien ni personne ne doit résister.
Derrière le panache de ceux qui tournent tout en dérision, se profilent souvent des êtres incertains d’eux-mêmes, hypersensibles, fragiles…
Une certaine forme de refuge contre le déplaisir ?
Dans les situations de tension ou de gêne extrême, il arrive souvent que des plaisanteries se mettent à fuser.
L’humour est ce qui permet alors d’éviter des sentiments pénibles. Il permet d’échapper à l’émotion redoutée (peur, tristesse, colère…) et de retrouver l’état de bien-être que la situation risque de bouleverser.
L’humour est un moyen de se protéger de la souffrance ; il est, comme d’analyse freudienne en conclue « un processus de défense », « une sorte de pendant psychique du réflexe de fuite dont la tâche est de prévenir la naissance du déplaisir ».
Pour le père de la psychanalyse, l’humour est la plus haute réalisation de défense de l’homme.
Mais, s’il est un bon remède contre les vicissitudes de la vie, il est aussi, chez ceux qui ne connaissent que ce moyen de communication, une façon de ne jamais rien aborder de front.
On comprend que l’humour soit le refuge idéal des grands timides
L’humour en toutes circonstances ?
Quelle que soit sa part d’ambiguïté, l’humour nous est indispensable, comme l’air qu’on respire. S’il peut surprendre, « décoiffer » quelquefois, il nous permet aussi de revenir à la légèreté de notre enfance et pour ce bonheur-là, nous sommes souvent prêts à tout accepter.
A vous d’identifier les buts de l’amuseur : s’il cherche uniquement à se mettre en valeur, à faire le beau, à se maintenir intouchable… ou s’il vise un peu plus haut, comme arrondir les angles de la vie, pour lui-même et ceux qui l’entourent, par exemple !
L’HUMOUR DANS LA CURE“
Tenter d’évoquer sérieusement un sujet aussi glissant que celui de l’humour, du trouble de l’humour ? fort heureusement non encore répertorié dans le DSM IV ? c’est affronter l’apparente légèreté de la chose… qui tient à un “presque rien” comme l’a souligné Jankélévitch.
On oscillera donc entre humeur et humour, avant de poursuivre le parcours “du pire au rire” , ouvrant sur la fonction créatrice de l’humour, dans sa force de survie, de résistance. Mais pourquoi ce titre, qui semble emprunté à La Fontaine ? L’ humour et le clinicien.
De quelle fable s’agit-il ? Celle, en l’occurrence, d’une clinique aux prises avec l’humour du patient.
On compte somme toute assez peu d’ouvrages cliniques sur l’humour.
Outre l’ouvrage princeps de Freud sur le ” Witz “ , que Lacan a commenté dans son séminaire juste après la parution d’une étude de Reik, des travaux plus récents ont repris cette thématique.
Tous nous ramènent à l’ouvrage que Freud lui-même qualifiait d’ex-cursus sorti directement de l’Interprétation des rêves.
Dans cette trouvaille sur la trouvaille ? On fait de l’humour comme on rêve ? Freud traque l’inconscient sous le witz, qui représente sa mise en acte.
Le trait d’esprit, frère du lapsus, réalise dans la concision, qui signe l’élaboration inconsciente, ce que Lacan nomme un “pas –de -sens”, au double sens du terme : l’absurde, mais aussi ce qui permet le passage d’un sens à l’autre.
C’est dire toute l’ambiguïté du Witz qui peut à la fois effleurer la surface des choses et piquer au plus profond.
Freud a bien montré la visée économique de l’humour ? épargner une dépense, en évitant le déplaisir ? et souligné la parenté des mécanismes entre rêve et mot d’esprit.
De son côté, Lacan, en dégageant les figures de la métonymie et de la métaphore, met en valeur la technique du signifiant.
L’inconscient, ne cesse-t-il de rappeler, se livre “quand on regarde à côté” : le witz avec sa face cachée, ouvre sur l’autre scène, éclaire le rapport du langage au désir, restituant la part de jouissance perdue.
Freud une fois de plus, semble avoir ouvert une voie interdite : son étude demeure marginale, peu lue : l’a-t-il écrite à regret, prenant au mot un Fliess qui lui reprochait les nombreux jeux de mots émaillant la Science des rêves ? Le rêveur avait selon lui trop d’esprit…
Freud relève le défi, mais s’arrête en chemin, comme frappé d’une curiosité coupable : le “ Witz “ aurait sur lui cet effet de sidération, du fait du plaisir procuré par la métaphore, et de la question de la judéité, que Freud aborde plus qu’ailleurs dans cet ouvrage.
J-P Kamieniak voit un symptôme dans le fait que Freud plaisante à propos de la fille ou de la femme, là où la mère reste un profond tabou. Premier objet d’amour, l’Autre maternel ne peut pas être objet d’humour : sous la mère œdipienne se profile “la mère archaïque” .
Elle est intouchable, serait-ce par l’humour. Freud n’en manque pourtant pas.
Avant qu’il ne quitte Vienne pour Londres en 1938, les nazis exigent de lui une déclaration écrite attestant qu’aucun mal ne lui a été fait.
Il s’y prête, mais non sans ajouter oralement, dit-on, cette antiphrase valant son pesant d’or :
“Je recommanderais chaudement la Gestapo à n’importe qui”.
A son arrivée à Paris, il aurait eu ce trait d’esprit :
“Je suis un refoulé”.
Enfin, il a fait état d’une collection d’histoires juives et de bons mots qui l’ont aidé à résister psychiquement durant la guerre.
Partant de ce trouble de Freud devant la mère, nous en venons au trouble de l’humour :
Qu’est-ce qui dans l’humour nous trouble ?
S’agit-il du “je-ne-sais-quoi” impalpable, qui va de l’humeur à l’humour ?
S’il y a un glissement du sens dans toutes les langues, seul le français adopte deux termes différents.
L’allemand et l’anglais, notamment, ont conservé le terme médical humour, dérivé du latin, et renvoyant à la théorie des humeurs organiques.
Ce terme pivote au XVIe siècle, ne désignant plus seulement des humeurs, mais la façon d’en jouer, mais ce n’est que dans le XVIIIe siècle anglais que le mot prend sa signification moderne :
« détachement amusé et amer… «
Si l’humeur renvoie au dedans et l’humour davantage au dehors, l’élément liquide serait le trait d’union entre les deux.
Nous pourrions filer la métaphore : rire, écume, mousse, la mer, l’amertume… A cette humeur qui s’écoule s’oppose l’aspérité du trait d’esprit, de la pointe.
L’humeur suppose une alternance d’affects opposés, non liés. L’humour est en revanche un processus secondaire.
Il épargne les affects par le jeu des représentations.
L’humeur est très corporelle, alors que dans l’humour l’esprit reprend ses droits…
Mais encore faut-il distinguer l’humour volontaire de celui qui se fait à l’insu du sujet. L’humeur apparemment heureuse du maniaque est-elle un humour qui s’ignore, quand les mots sont pris pour les choses ?
Sur l’autre versant, l’humeur mélancolique signe selon la formule freudienne un “ assujettissement tyrannique du moi au surmoi ”.
Faut-il entendre l’humour
A ce dérèglement de l’humeur fait écho le dérèglement du sens (voire de tous les sens, selon le mot de Rimbaud) en tous cas le double sens de l’humour.
On pourrait associer sur le terme humour à coup d’étymologie approximative à la façon des Décraqués : d’humour, humer, à l’expression
“va te faire humer la carotte” ,
qui remonterait à 1535, expression abandonnée pour son ambiguïté.
Elle aurait été remplacée par la formule non moins équivoque :
“occupe-toi de tes oignons”.
Bertrand Jérôme y voit l’équivalent d’une expression du Mali chez les Bambaras :
“Ôte ta main de mon boubou…”
Elle m’évoque la phrase qu’un Colombien rapportait récemment avoir lancé à un interlocuteur hostile, pensant s’être montré là d’une grossièreté rare :
“ va te faire cuire un œuf !”
Je n’y voyais pour ma part pas malice, mais un peu plus tard le dictionnaire me confirmait qu’en espagnol huevo pourrait bien avoir un sens caché du côté de l’organe génital masculin…
L’humeur mauvaise d’un génial pince-sans-rire comme Pierre Desproges peut virer à l’humour.
Le passif (être victime de ses humeurs) est renversé en actif (être fauteur de désordre, de troubles… de l’humour).
Dans la clinique l’humeur noire rejoint l’humour noir dans les défenses contre l’ennui en séance, quand la peur d’ennuyer l’autre bloque le processus associatif, ou du côté du thérapeute qui flotte, réveillé par telle ou telle association.
Ainsi, au début de certaines “prises en charge” , l’enfant fait passer le thérapeute par le stade des devinettes, ou des rébus, pour maîtriser la situation, renverser le rapport avec l’adulte, ou utilise le jeu du pendu, pour dire des choses, aussi, tout simplement.
On travaille avec ou dans l’humour en clinique infantile, à partir des créations du sujet.
Un adolescent remplit l’espace en enchaînant les plaisanteries, en tentant de tourner chaque chose en dérision.
Il écrit sur un papier destiné au patient suivant :
“N’écoutez pas ce qu’elle vous dit”
(en l’occurrence, pas grand-chose, ou presque rien…) ou il prend un livre et le lit à haute voix en remplaçant la plupart des mots par “psychologue” .
Par exemple il transforme un article sur l’ordinateur :
“Vous pouvez mettre une disquette dans votre psychologue”.
Un autre jeune patient en grande souffrance est en proie à des tressaillements qui lui vaudront nombre de surnoms au collège, jusqu’à ce qu’il puisse passer du statut d’objet du rire des autres à celui de sujet de l’humour.
Il pratique l’auto-dérision qui lui permet de désamorcer les railleries des autres en les prenant de vitesse. Mais dans une quête systématique du bon mot, il barre toute possibilité de se dire, de s’entendre.
C’est une véritable machine à calembours, la toute-puissance accordée aux mots fait symptôme, l’agressivité est toujours là, souvent contenue, parfois trouvant une issue.
Il arrive que le masque tombe et apparaît la figure du père, restée pour lui terrifiante. A cause de ses colères, ses sautes d’humeur, ce dernier est un miroir dans lequel l’adolescent refuse de se reconnaître, lui qui a tout fait pour ne pas ressembler au père. Drame ordinaire de la rivalité œdipienne.
Là l’humeur s’inverse, du rire aux larmes.
En l’absence du père, les inhibitions semblent levées, la jouissance libérée : il est un adepte des jeux verbaux à l’intention des professeurs dont il recherche la connivence. L’humour en thérapie, même si ça ne va pas très loin, permet au moins à ce garçon de sortir de la jouissance de la plainte, et d’être moins marginalisé dans l’espace scolaire.
Il peut dire comme l’un de ses semblables :
“J’étais mort de rire…”
Ces mots qui semblent s’exclure l’un l’autre nous permettent d’aborder la question suivante :
Du pire au rire ?
Freud admirait l’humoriste comme le poète :
“D’humeur joyeuse nous sommes tous capables d’humour, en revanche faire des mots d’esprit quand l’humeur n’y est pas n’appartient qu’à une minorité”.
L’humour permet la résolution d’un conflit, d’une tension : il s’agit de se dédoubler, mais avec un certain bonheur.
D’où l’aptitude à créer une distance, de soi à soi. L’esprit est une défense contre le pire, contre la cruauté.
Il est de l’ordre de l’échappée, du jeu avec les mots, quand les écarts sont permis. Il convoque toujours la figure de la mort : détachement enjoué ou sens du tragique ?
Les peuples persécutés utilisent ce rempart comme véritable lien social : quand la liberté est gravement compromise, reste la liberté de jeu psychique.
Judith Stora Sandor a montré comment des minorités opprimées transforment l’humiliation :
C’est le “triomphe momentané d’un rire pas toujours très gai ” .
En Algérie Fellag mobilise une bonne partie de la population à partir de l’autodérision. En Afrique du Sud, des comédiens noirs ou métis revendiquent une nouvelle forme d’humour, se moquant des stéréotypes raciaux.
Parce qu’il a le pouvoir de lutter contre les inhibitions, contre les tabous et le conformisme, l’humour est banni en dictature.
Miguel Benasayad rapporte que l’humour lui a permis, au cours de son expérience de l’enfermement en Argentine, de résister dans une certaine mesure à la torture.
L’humour semble alors filtrer l’angoisse de mort :
“ C’est toujours ça de pris ” ,
dit-on, en évoquant toujours l’instant ? De surprise et de sursis ? Qu’il procure.
C’est une position du sujet par rapport à l’angoisse.
Forcer la castration, l’interdit de dire, pour jouer avec l’Impossible, faire l’épreuve de son esprit sur l’Autre : l’humoriste se “cabre” comme un cheval contre le destin.
C’est une victoire symbolique sur la mort, de l’ordre de l’explosion, du jaillissement. Lacan note que
“l’ agressivité du sujet se satisfait à l’abri du trait d’esprit”.
Peut-on rire de tout ?
Oui, répond Roberto Benigni par son film la Vie est belle.
Pierre Desprosges feignant d’être scandalisé par l’audace de Marguerite Duras lance :
“Hiroshima mon amour, et pourquoi pas Auschwitz mon loulou ?”
Le witz sur Auschwitz est-il acceptable ?
La question a déjà été posée.
A propos du nom propre, il n’est pas inintéressant de savoir qu’il a fallu de mystérieuses falsifications pour que Hitler ? déformation de Hüttler ? ne s’appelle pas Schickelgruber, mais surtout il est à la fois troublant et terrible que ce nom de Schickelgruber qui aurait dû et a failli être le sien sur l’état – civil signifie :
“celui qui envoie dans la tombe”.
C’est, sinon un “ Witz ”, du moins un effet du signifiant : retour dans le réel du nom propre effacé.
“Hitler agit dans la vie ce qui a été effacé de son histoire.
Il y avait en germe toutes les conditions pour que se développe un délire (d’élection). L’histoire personnelle est, en plus, entrée en résonance avec le désir d’un peuple”.
L’humour en clinique
Pour revenir au trait d’esprit, c’est une chose très sérieuse que l’humour noir, prêt à transgresser bien des codes.
Pourquoi transgresser, sinon pour entendre quelque chose de son désir ?
Lacan rappelle que le trait d’esprit ? mais je dirais aussi peut-être l’humour en général ? signe l’impasse des rapports humains :
“Nul désir ne peut être reçu (…), le besoin n’est nulle part signifié dans le trait d’esprit”.
Les vertus créatrices de l’humour ont à voir avec la possibilité qu’il offre de transformer l’absence en présence. Est-ce un leurre ? En forçant le trait et par mauvais esprit on pourrait dire :
“Dites-moi ce dont vous avez besoin, je vous expliquerai… comment vous en passer”.
Si ce n’est que le sujet de l’humour n’est pas dupe. Il fait ce détour du fantasme à la réalité, qui plonge l’esprit dans l’enfance, qui opère une régression, pour pouvoir voir les choses autrement, à distance.
Freud a souligné l’importance du tiers, de l’Autre : il n’y pas de trait d’esprit solitaire. Quand on rit (même tout seul, même sous cape) il y a de l’Autre.
L’humour porte le sujet au-delà du symptôme.
C’est la possibilité pour chacun de nous d’être entendu au-delà de son dire.
Le mot d’esprit fait entendre quelque chose en écho, qui d’ordinaire ne peut pas être entendu. Paul-Laurent Assoun voit dans le witz
“ un fantasme mis en acte à vocation social e” .
Le récepteur doit être lui-même créateur.
Le “ Witz ” permet au sujet, à l’analysant, de mettre en scène quelque chose de sa division. Il y a toute une gamme depuis la créativité (dans le forçage de l’humour, l’affût du bon mot) jusqu’à la création à l’insu du sujet : là, on laisse les mots se jouer de soi, jaillir, dans la surprise : la création métaphorique part toute seule, c’est l’après-coup qui signe le trait d’esprit :
“Le mot d’esprit surgit, presque toujours paré des mots qui le revêtent”.
L’humour, c’est du “semblant” : l’enfant s’en saisit, qui joue à faire semblant,
“pour du faux”
: il s’offre le luxe de penser autrement que d’habitude. Le rire dans l’espace de la cure peut faire mouche : c’est un effet de l’inconscient, un effet de vérité, de rencontre des inconscients complices.
Parfois un parent nous sert un bon mot qu’on peut souligner silencieusement :
A propos de son fils unique, et qui entend le rester –
“ si vous en faites un autre, je le jette ” ?
une mère dit à un thérapeute :
“Ça y est, le deuxième est en route, mais c’est bon, on va lui faire avaler la pilule…” Comment mieux dire, en peu de mots, l’ambivalence, et aussi la confusion des place dans cette famille ? Comment répondre autrement que par le rire ?
Elle qui, quelques instants plus tôt, m’avait lancé, jugeant que l’enfant sortait trop tôt de la séance :
“Vous n’en voulez plus ?”
A l’image du mot d’esprit, l’humour, subversif, pousse la langue dans ses retranchements : il n’y a pas de sens définitif.
Peut-être, selon les capacités de distanciation du sujet (qui sont élastiques), l’humour conduit-il à des effets d’ouverture ou de fermeture.
Janus Bifrons : dans le meilleur des cas ? sublimation réussie ? il peut ouvrir le sens, dans le pire des cas, il le verrouille : il est alors au service de la résistance, pour éviter de parler de soi
ENFIN…

Pour achever cette recherche, je ne vois rien de mieux que la citation de Freud :

“ Dans mon livre : le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, paru en 1905, je n’ai en réalité traité l’humour que du point de vue économique. Je cherchais à découvrir la source de plaisir que nous procure l’humour, et je pense avoir montré que le bénéfice du plaisir dérive de l’épargne d’une dépense affective.
Le processus humoristique peut se réaliser de deux manières, soit chez une seule personne, qui elle-même adopte l’attitude humoristique, soit entre deux personnes, dont l’une ne prend aucune part au processus de l’humour, mais dont la seconde considère la première sous l’angle humoristique.

Cette réflexion me touche particulièrement car elle fait appel à l’AUTRE, au sens de l’altérité. Une place est faite pour accueillir et faire exister, faire vibrer un ÊTRE DIFFERENT.

HISTOIRE D’EN RIRE…
Le corps s’anime étrangement lorsque nous rions:les muscles de notre face se contractent, en particulier le dilatateur des narines (risorius) et les zygomatiques (commissures des lèvres). Les poumons en surpression rejettent à 100km/h d’énormes quantités d’air (très bonne purge respiratoire). Le diaphragme se tend, provoquant de forts spasmes respiratoires dans toute la cage thoracique. Les muscles de nos jambes se relâchent, la circulation sanguine s’accélère. L’ hypothalamus, centre de contrôle situé à la base du cerveau, libère dans l’ensemble du corps des endorphines (morphines naturelles), aux propriétés antidouleurs et calmantes.
Le coeur se met à battre plus vite et plus fort. Les artères, après s’être rétrécies, se dilatent, provoquant une sensation de bien-être.
Les abdominaux se contractent avec une telle force que le ventre est massé (excellent en particulier pour la vésicule). Quel est l’origine du rire pour un chercheur? :
Le rire provient de l’hémisphère droit du cerveau (cortex cérébral), mais il se déclenche au niveau du système lymbique, de notre cerveau primitif.
Quand on observe de près une personne en proie à l’ hilarité, on constate que le rire se propage dans tous les muscles du visage, dans le larynx, le diaphragme, la musculature abdominale et la cage thoracique. Ensuite, une profonde détente envahit tout le corps. Les muscles se relâchent, y compris les sphincters, le rythme cardiaque qui avait augmenté lors de l’éclat de rire commence à diminuer en même temps que la pression artérielle.
Les effets du rire sont bénéfiques et multiples:
Effets physiologiques : Le rire régularise la respiration en permettant une meilleure combustion de l’oxygène et une plus grande expulsion des déchets. Il améliore le tonus musculaire, l’oxygénation cérébrale, le système cardiovasculaire, le système digestif et le métabolisme général. De plus, le rire stimule la production des endorphines et des catécholamines qui agissent comme une morphine naturelle. Ces hormones diminuent alors la douleur. Il stimule aussi la production de cellules neurobiologiques et d’adrénaline.
Effets psychologiques : Le rire agit contre la constipation (!…), diminue le taux de gras dans le sang (10%), prévient les maladies cardiaques, les sinusites, l’insomnie, la dépression et même le cancer. Il diminue le stress , la fatigue, la douleur, l’aérophagie, l’arthrite et l’asthme. Le rire freine même le vieillissement !!! Il paraît aussi qu’il contribue à éviter l’impuissance et la frigidité…( d’après certaines sources… )

Auriez-vous imaginé que… :

Description : En 1940, on riait 19 minutes par jour alors que maintenant on rit en moyenne moins de 3 minutes par jour. Il existe une thérapie par le rire, la rirothérapie. On a même installé dans certains centres hospitaliers des salles où l’on présente toutes sortes de matériels humoristiques qui permettent aux malades de se détendre.
Les premières traces de l’humour, c’est chez Aristophane, Ve siècle avant J.-C., qu’on les retrouve. Déjà, à cette époque, les auteurs tournaient en dérisions les hommes politiques ou les personnalités d’Athènes, dont Socrate et Périclès. Ensuite, on se déplace à Rome, Sous l’empire romain, pour faire la connaissance de la commedia palliata, qui ce rapproche énormément de l’humour grec, et de la comédie latine. Cette dernière avait pour particularité que selon leur âge et leur humeur, les personnages se costumaient et portaient une perruque différente.
La suite se déroule au Moyen Age, avec les fêtes bacchanales. Ces festivités avaient pour objet de célébrer Bacchus (équivalent du Dionysos grec), dieu du vin, des jeux et de la danse. Ces fêtes se terminaient par des danses tumultueuses et lascives ainsi que des débauches bruyantes. Parallèlement à cela, toujours au Moyen Age, il y avait les entremets qui consistaient à présenter une mascarade burlesque lors de banquet pour divertir les invités entre les services. Finalement, il serait impardonnable de ne pas parler des bouffons qui, au début, n’étaient que de pauvres individus simples d’esprit et difformes, dont la seule présence faisait rire les plus puissants. Par la suite, la fonction de bouffons s’est raffinée.
A partir du XIIIe siècle, il s’agissait d’une fonction très délicate réservée au plus habile. En effet, les bouffons osaient dire tout haut au souverain ce que tout le monde disait tout bas, et ce, sans se voir condamner à mort. C’est à ce moment que l’humour a été utilisé comme moyen de contestation subtil. Par la suite vint le XVIIe siècle avec la commedia dell’arte, qui consiste à présenter un scénario fantaisiste réglé, mais où les acteurs improvisaient. C’est aussi à cette époque que sont apparu les grands auteurs comme Shakespeare, qui osait mettre des réparties plaisantes ou niaises dans la bouche des domestiques, ou Molière, dont les scénarios tournaient en dérision les grands Sieurs ainsi que les manies de ce siècle.
Le XVIIIe vit apparaître les mots d’esprits, toujours utilisés aujourd’hui. Le XIXe siècle inaugurera la presse satirique, dans les journaux d’opinion, comme moyen de contestation contre, entre autres les régimes politique. Finalement, le XXe siècle amena les blagues en série et les nouvelles technologies (radio, télévision). La télévision permit la montée de plusieurs grandes stars comme Mae West et Georges Burns ou encore le légendaire Charlie Chaplin. Dans les années trente apparurent les duos comiques, composés d’un personnage maladroit et comique accompagné d’un autre plus autoritaire. Il y a quelques décennies débutèrent les ´cartoonsª, qui firent la joie des jeunes et des moins jeunes. Plus près de nous, dans les années 80, les parodies, tant de films que de chansons, se firent sentir de façon plus marquées.
Ce qui est important de comprendre, c’est que de tout temps l’humour est un phénomène culturel. Je m’en suis bien rendu compte lorsque j’ai assisté à un concours de blagues lors d’une fête africaine. J’avais de la difficulté à comprendre en entier les gags, alors que l’auditoire autour de moi pouffait de rire. C’est entre autre à cause des subtilités de la langue, les connotations, les stimuli utilisés, les stéréotypes ethniques, les croyances et le système d’association des significations acquis.
L’humour est souvent utilisé lors de périodes d’inquiétude et de désenchantement, ou lorsqu’ il y a trop de pression. Le meilleur exemple est l’autodérision. Qui ne connaît pas Mr. Bean, autodérision de l’île d’Angleterre. Ou encore « La petite Vie » et Elvis Gratton de beaux exemples de l’autodérision québécoise, parce que la culture se sent menacée. D’ailleurs, le Gala Juste pour Rire ouvre le plus grand marché de la comédie au Québec. De plus l’incertitude que les Québécois ont envers leur culture est aussi observable par le grand nombre d’humoristes et d’émissions à caractère humoristique sur le marché en ce moment. Je termine en vous disant que l’humour permet de divertir, sauver la face, faire tomber la tension, obtenir des approbations, masquer des désaccords.
Vous n’avez pas beaucoup de raisons de rire dans la vie quotidienne ? Créez-les vous-même. Ces exercices vous y aideront. Pour ces mouvements de détente, il est possible de s’entraîner seul, mais le faire à deux est préférable car le rire est communicatif. -Mettez-vous devant la glace et, comme un jeune enfant, faites des grimaces. Puis émettez des rires avec des voyelles différentes (ii, oo, uu, …). Au début, cela vous semblera bizarre, mais avec un peu d’entrainement… -Regardez-vous face à face avec une autre personne et dites « cheese’ (prononcez « chizz ») en essayant surtout de ne pas rire. -Renouez avec votre enfance et jouez à « je te tiens par la barbichette, le premier de nous deux qui rira aura une tapette… » Irrésistible! -Riez de vous-même, c’est encore la technique la plus « décapante ». Si vous êtes maladroit, essayez de vous moquer de vous, cela vous donnera le sens de l’humour. -Essayez de vous rappeler d’un fou rire que vous avez eu. Sa seule évocation vous mettra de bonne humeur. -Chantez des chansons à vos enfants au lieu de les laisser devant la télévision. Inventez-leur des contes, faites des tours de magie ou mettez en scène des sketches où ils participent activement. Vous n’êtes pas obligé de faire compliqué: un nez rouge, une perruque, des faux cils… et le tour est joué. Le simple fait de mettre un nez rouge suffit à déclencher le rire aussi bien chez les enfants que chez les adultes.
-Ecoutez les disques et cassettes des comiques et chansonniers que vous appréciez.
-Regardez des spectacles comiques, sur la scène d’un café-théâtre ou à la télévision.
-Ecoutez une radio « marrante »…
Comme la forme physique, le sens de l’humour et la capacité à rire s’entretiennent. Explications du Dr Rubinstein, un pionnier de la gélothérapie par le rire. Quels sont les exercices de base pour rire? On peut, à partir d’une éducation respiratoire, retrouver le rythme du rire, et par un entraînement, en revivre les conditions psychiques. L’exercice type comporte une inspiration courte de deux à trois secondes, suivie d’une pause respiratoire de cinq à dix secondes. Répétée plusieurs fois, cette gymnastique déclenche inévitablement le rire. Tout le monde peut la pratiquer, seul, dans n’importe quelles conditions. Vous prônez aussi la commercialisation du gaz hilarant… Le protoxyde d’azote n’est pas une drogue, il agit sur les centres du rire et de l’humeur, en réduisant leur niveau de tension. La jubilation instantanée par inhalation de faibles doses de ce gaz est utilisée dans certains centres médicaux aux Etats-Unis. Retrouver l’humeur ludique, n’est-ce pas acquérir les principes de la pensée positive? Absolument. Cela consiste à retenir l’aspect constructif des choses (une bouteille à moitié vide est une bouteille à moitié pleine). Certaines attitudes pratiques aussi, devant la vie, contribuent à réduire les tensions. Ne pas s’imposer des obligations sociales, familiales ou professionnelles, se préparer aux changements pour s’y adapter, se ménager des situations compensatrices de détente. Hélas! On n’a pas aussi souvent l’occasion de rire dans la vie! Avoir le sens de l’humour ne signifie pas rire de tout à tout propos. C’est être capable d’apprécier le côté comique des choses en même temps que leur côté grave. L’humour permet de chasser les pulsions hostiles et l’accumulation des petits stress quotidiens. C’est une libération périodique de la logique, du sérieux et des responsabilités de la vie. Il n’est pas trop difficile de trouver les occasions de rire si l’on est en humeur de les apprécier. Dans la rue, en bus, en métro ou en voiture, à son travail, à la maison… c’est affaire d’appréciation personnelle et surtout d’état d’esprit. Le comique est partout pour qui sait le voir.
Depuis quelques années, il fait l’objet d’études scientifiques très sérieuses ( Eh ! oui…). Economique, sans contre-indication et à la porté de tous, le rire, outre le plaisir qu’il procure, possède des vertus thérapeutiques insoupçonnées. Le rire déclenche des mécanismes musculaires, respiratoires et influence de façon bénéfique le système hormonal. Quand nous rions, se produit une véritable onde de choc qui se transmet, de muscle en muscle, en augmentant d’intensité. Les muscles du visage se contractent, notamment le dilatateur des narines (celui qui d’ailleurs nous fait pleurer de rire) et les zygomatiques (aux commissures des lèvres et des pommettes). Un massage facial s’opère, la circulation sanguine au niveau des petits vaisseaux superficiels du visage s’accélère, la peau est lissée. Quand nous pouffons de rire, le cou libère ses tensions, le dos ses contractures. Côté coeur, les battements se font plus rapides et plus forts. Après s’être rétrécies, les artères se dilatent, provoquant ainsi une sensation de bien-être et de plénitude. Les poumons, en situation de surpression, rejettent des quantités d’air phénoménales à 100km/h. Cette gymnastique respiratoire profite aux anxieux ainsi , qu’à tous les sujets atteints d’asthme et d’emphysème. Enfin, à chaque fois que nous rions à gorge déployée, l’oxygène afflue dans le sang, éliminant sur son passage les toxines présentes dans l’organisme (les sucres, les graisses et le mauvais cholestérol). De plus, les abdominaux, en se contractant violemment, offrent un massage excellent pour la digestion et le transit intestinal. Pour le Dr Sylvain Mimoun, psychosomaticien à Paris, une, seule minute de rire équivaut à quarante-cinq minutes de relaxation. Et selon le Dr Henri Rubinstein, neurologue à Paris, quelques minutes de rire par chatouillements, réparties tout au long de la journée, sont l’équivalent d’au moins une heure de culture physique.
En chatouillant le centre de l’hilarité situé dans le cortex, une petite zone du cerveau où se trouve aussi le siège de nos émotions, nous stimulons de nombreuses hormones, toutes plus essentielles les unes que les autres. D’abord les cathécholamines, les hormones de l’éveil, qui donnent l’alerte aux anticorps chargés de défendre l’organisme contre les virus et les microbes. En outre, ces hormones court-circuitent les processus inflammatoires, en particulier les inflammations articulaires. Ensuite, les endorphines, les hormones euphorisantes ou hormones du plaisir, du bien-être (ce sont elles qui aident à penser positif et à gérer le stress). Outre leur action antidépressive, elles possèdent une action antalgique (anti douleur) remarquable (ces morphines naturelles sont jusqu’à 200 fois plus puissantes que la morphine chimique. En détournant l’attention, en relâchant les muscles et en déclenchant un « orage hormonal », le rire « anesthésie » les souffrances chroniques et capricieuses. Ses effets sont particulièrement spectaculaires sur les douleurs liées à la tension musculaire.
Une soirée passée à rire, au spectacle ou entre amis, un film hilarant… sont les meilleurs alliés du sommeil. Cette fois, c’est une autre hormone, la sérotonine, qui entre en jeu. Cette substance apaisante contrôle l’endormissement et le sommeil lent. Elle succède tout naturellement aux hormones de l’éveil. Parce qu’il chasse les idées noires, épuise la tension, évacue le stress et la fatigue, le rire est vivement conseillé aux insomniaques, surtout aux hommes qui, passé le cap de la cinquantaine, perdent en sommeil lent, profond et récupérateur.
Le rire a aussi un impact positif sur l’appareil digestif. Outre la gymnastique abdominale qu’il provoque, il accélère la production de sucs gastriques et d’enzymes nécessaires à la digestion. De plus, il s’avère souverain pour toutes les affections intestinales psychosomatiques. C’est le cas notamment de la colopathie fonctionnelle (le sujet ne présente aucune lésion mais souffre de troubles du transit) qui touche la moitié de la population. La clé de voûte du traitement est l’approche psychologique (le moral, la bonne humeur et tout ce qui apaise et détend, comptent tout autant que les médicaments et le régime alimentaire…, remarque le Dr Tuszynski, gastro-entérologue en région parisienne.
Les endorphines ne se contentent pas d’augmenter le tonus et de diminuer la douleur: elles rendraient plus intelligent! Les travaux de la célèbre endocrinologue américaine Miriam Diamond ont montré que les personnes produisant de nombreuses endorphines, non seulement ne perdaient pas de neurones en vieillissant, mais que ceux-ci augmentaient en nombre et s’allongeaient. Bref, les personnes dotées d’un sens de l’humour développé auraient la chance d’avancer en âge en gardant une mémoire intacte et un esprit de plus en plus vif. Le rire est aussi un exutoire formidable: les médecins le recommandent à titre préventif aux biens portants, à tous ceux qui souffrent de stress. Enfin cette thérapie, accessible à tous, est un merveilleux moyen d’intégration sociale!
Deux méthodes sont utilisées pour déclencher le rire. Vrai. Soit l’on stimule les zones dites « gélogènes » (aisselles, côtes, plantes des pieds) qui communiquent le réflexe du rire grâce à tout un réseau neurologique. Soit l’on déclenche la crise d’hilarité par des « chatouillis » psychiques en inventant ou en racontant des histoires … Les mécanismes respiratoires du rire s’apparentent à ceux du yoga. Vrai. Il entraîne une respiration plus ample, une pause respiratoire nettement plus longue qu’au repos. La durée de l’expiration peut, quant à elle, être doublée au cours du rire. Ces variations des temps respiratoires, qui rejoignent les préceptes de contrôle du souffle en yoga, multiplient par 3 ou 4 les échanges d’oxygène. Le rire est signe de bonne santé. Faux. Il devient pathologique lorsqu’il échappe au contrôle du cerveau. C’est le cas chez des patients qui présentent des lésions de certaines zones cérébrales (comme la sclérose en plaque). La maladie d’Alzheimer ou des maladies mentales comme la schizophrénie provoquent aussi des éclats de rire pathologiques. Le rire n’a aucune contre-indication. Faux. Bien que rare, des contre-indications existent. Ce sont les suites d’interventions chirurgicales (appendicites!…). Mais, contrairement à ce que l’on pense, le rire est tout à fait conseillé aux cardiaques. Dans un premier temps, il augmente le rythme du coeur mais cette manifestation est vite suivie d’un ralentissement et d’une baisse de la tension artérielle très bénéfiques.
Alors? Rire ou sourire?…

Art et Pathologie

30 décembre 2009

“ART ET PATHOLOGIE”

( J.M.G. Le Clézio / Diego et Frida )

“La mission de l’art
n’est pas de copier la nature
mais de l’exprimer.”
Balzac

Le propos de cet d’article est d’étudier les liens qui peuvent exister entre l’art et la pathologie, en s’appuyant, entre autre sur l’ouvrage de Le Clézio, “ Diègo et Frieda”.
Il s’agit d’une singulière histoire d’amour, qui s’élabore et vit grâce à la peinture.
Pour débuter cette réflexion, il me semble important, pour bien centrer le sujet, de définir brièvement deux termes: Art et Pathologie.
Je me réfèrerai simplement au dictionnaire Le Petit Robert, et ne retiendrai que cet extrait ( car la liste est longue ):
Art: “ Expression par les oeuvres des hommes d’un idéal esthétique; ensemble des activités humaines créatrices visant à cette expression.”
Quant à la deuxième notion sur laquelle je m’interroge, on trouve cette explication, toujours dans le même dictionnaire.
Pathologie: “Science qui a pour objet l’étude des maladies, des effets qu’elles provoquent ( lésions, troubles). “
A partir de ces précisions qui me paraissent nécessaires, car elles donnent un premier éclairage sur les limites du champ de mes observations, je développerai un travail selon trois axes.
Je vais, dans un premier temps me pencher sur la question de la création artistique. Dans un deuxième mouvement, je tenterai de restituer une approche psychanalytique de l’art.
Et dans une troisième partie, je m’attacherai au versant pathologique de cette problématique.

L’ artiste est perpétuellement traversé par l’idée de sa production. Il est animé par le besoin de créer, de trouver une inspiration.
Il y a toujours une part de jouissance qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque le terme de création artistique.
D’une part, on pense au plaisir que l’on en retire au moment où on contemple l’oeuvre.
Ceci dépend bien-sûr de la sensibilité de chacun.
Ce qui est certain, c’est que l’artiste jouit aussi, par moment lorsqu’il crée.
Mais cela se fait dans une sorte de liberté indispensable, qui pourrait être prise pour certains comme une activité sans contrainte, amusante, venant spontanément.
Cependant, quand on rencontre des artistes, on prend conscience combien ils travaillent “ dur “, ’ils apprennent certaines techniques, et s’imposent des règles et des contraintes.
L’accouchement se fait toujours dans la douleur. Et l’artiste met au monde ce qui n’existait pas auparavant.
En lui a pris forme quelque chose d’énigmatique, pour le commun des mortels. C’est peut-être lié au génie inventif, à son imagination. Mais à l’intérieur de l’artiste se trouve un terrain sur lequel se cultivent magiquement les fruits de son art.
Et, après un temps de maturation, dans une sorte de jet artistique, une matière nouvelle surgit.
C’est, par exemple, une forme pour un sculpteur, un tableau pour un peintre, un personnage pour le romancier.
On peut dire, qu’initialement, l’artiste part de l’informe et réalise, donne une forme.
Mais cela est issu d’une force spirituelle, cela jaillit de sa propre essence.
Il y a bien-sûr la maîtrise de certaines techniques, une rigueur, des exigences.
Mais au moment où il crée, l’artiste semble faire abstraction de tout ce qu’il connaît
techniquement.
C’est bien ce qui différencie l’artiste de l’artisan, par exemple.
Il faut autre chose qu’un savoir-faire, qu’une théorie pour placer le fruit du travail au
rang d’ oeuvre d’art.
C’est une sorte de pulsion de vie spécifique qui permet d’innover, inventer, créer.
Cela n’est jamais figé et l’art évolue.
L’artiste est toujours en mouvance et traverse des moments de crise.
Il peut, à certains moments, tout remettre en question, ne plus pouvoir produire, ne trouvant plus d’inspiration.
Il passe par des phases de mutation, quelquefois très angoissantes, mais qui sont des passages où germent en lui de nouvelles idées qui donneront lieu à des créations autres.
Car la production artistique vient spontanément, dans une grande authenticité.
On peut parler de don naturel, de génie, de talent.
C’est peut-être ce supplément d’âme que d’autres n’ont pas, qui ne s’acquiert pas.
C’est une sorte de souffle divin.
Au cours de son roman, Le Clézio tente à maintes reprises de circonscrire la nature de l’artiste et son essence.
Il s’agit, dans ce livre, spécifiquement de la peinture. On peut citer ce passage, page 210:

“ L’un et l’autre sont des peintres, non des intellectuels. Leur pensée est au bout de leurs mains, dans leurs regards. Ils ne manient pas des concepts , ni des symboles, ils les vivent dans leurs corps, comme une danse, un acte sexuel.
Puis ils les projettent sur leurs toiles. Et c’est la nature solaire de Diego de se tromper sur ses propres sentiments, de vouloir les conquérir.”

Le peintre travaille grâce à son génie inventif, son inspiration, mais aussi il a besoin d’une dextérité corporelle.
Il utilise des pinceaux et les doigts sont très actifs.
Le geste joue un rôle capital, dans la réalisation d’un trait, d’une esquisse.
De même, les yeux permettent une perception visuelle, particulière au peintre.
Il observe avec une acuité personnelle.
Il a besoin de voir, même s’il l’art ne consiste pas à reproduire une réalité fidèle d’un paysage, par exemple.
Un tableau n’est pas une photographie.
Bien-sûr le peintre crée à partir d’une fibre intérieure mystérieuse.
Il exprime un monde traversé par ses émotions.
Il y a beaucoup de sensualité dans cet art spécifique, une sensualité liée aux matériaux, aux couleurs.
Le peintre éprouve une jouissance dans la réalisation de son activité artistique.
Mais il ne faut pas perdre de vue que le tableau est fait pour procurer du plaisir.
Il se contemple, simplement.
On apprécie son originalité, son unicité, sa valeur esthétique.
La toile ne “ sert “ pas à autre chose, qu’à générer du plaisir.
C’est tout l’aspect désintéressé de la création artistique.
Le public court les expositions, les musées, à la recherche de sensations agréables esthétiques.
Suivant la sensibilité de chacun, son degré de goût pour le raffinement, la jouissance éprouvée face l’ oeuvre artistique est différente.
Chacun estimera la valeur esthétique à sa manière, en relation avec une résonance intime que la production de l’artiste éveille en lui.
Pour argumenter cet axe de ma réflexion , je me réfèrerai particulièrement aux travaux de Sigmund Freud, qui s’est interrogé sur le problème du créateur littéraire.
Le Père de la Psychanalyse pense que la source de cette activité remonte à l’enfance.
Considérant que le propre de l’enfant est de consacrer la plupart de son temps au jeu, le psychanalyste estime que le poète adopte, à peu de choses près, le même comportement.
Dans un certain sens, il invente un univers qui lui appartient, qui lui plaît.
Même si l’aspect ludique apparaît, il serait faux de croire que le poète, tout comme l’enfant, s’amuse, même si la notion de plaisir est présente, à édifier une galaxie sans intérêt, car elle est chargée d’affects réels, même si elle s’éloigne de la réalité et la
transforme à son gré. L’enfant reste très conscient quand il joue, il sait que ce n’est pas “ pour de vrai “.
A ce propos, et en rapport avec la création artistique, Sigmund Freud écrit:
(Page.34 “Inquiétante étrangeté et autres essais” / Le créateur littéraire et la fantaisie / Paris / Gallimard / 1985 .)

“ Le créateur littéraire fait donc la même chose que l’enfant qui joue; il crée un monde de fantaisie, qu’il prend très au sérieux, c’est-à-dire qu’il dote de grandes quantités d’affect, tout en le séparant nettement de la réalité…..( ….).
Mais de l’irréalité du monde de la création littéraire, il résulte des conséquences très importantes pour la technique artistique, car beaucoup de choses qui, en tant réel, ne pourraient pas procurer de jouissance, le peuvent tout de même, prises dans le jeu de la fantaisie; beaucoup d’émotions qui sont par elles-mêmes pénibles, peuvent devenir pour l’auditeur ou le spectateur du créateur littéraire, source de plaisir.”
Plus tard, en grandissant, l’enfant disparaît, laissant place à l’adulte.
Le jeu n’est plus possible mais, selon des théories psychanalytiques, ce versant ludique et créatif se retrouverait dans l’humour.
C’est aussi une manière de mettre à distance une réalité, difficile à supporter, et de l’agrémenter, à sa façon, en y ajoutant une fantaisie, source de plaisir.
Mais selon S.Freud, à la différence de l’enfant qui joue et est animé par différents désirs, l’adulte, en revanche, dissimule ou a honte de ses fantaisies, croyant qu’on attend de lui qu’il appréhende la réalité sans filtre.
Il serait en proie à un sentiment de culpabilité, comme s’il n’était pas apte à vivre dans le réel.
L’homme “ normalement heureux “ ne serait semble-t-il jamais amené à modifier son univers et seuls les personnes en proie à des déséquilibres, à des troubles, auraient recours à ces fantaisies.
A l’origine, on trouverait des désirs insatisfaits qui motiveraient la formation de
fantaisies, telles que rêveries diurnes, petites histoires que l’adulte se raconte, illusions.
Ceci provenant d’un manque de satisfaction.
Au niveau pathologique, sur lequel nous reviendrons ultérieurement, S. Freud dit:
( p.40)

“ C’est le foisonnement des fantaisies et le fait qu’elles deviennent prépondérantes, qui créent les conditions de la chute de la névrose et la psychose; les fantaisies sont aussi les ultimes stades psychiques préalables aux symptômes douloureux dont nos malades se plaignent. Ici s’embranche une large voie latérale qui mène à la pathologie.”

Parallèlement le créateur littéraire serait plus libéré et n’aurait pas cette retenue honteuse à l’égard de ses fantaisies.
Il les accepte et les intègre à sa personnalité.
Il dépasse mystérieusement cette phase de répulsion et joue avec ce qui effraie les autres.
L’artiste propose alors un plaisir, dévoilant ce que d’autres se cachent, et il y ajoute une dimension esthétique.
En même temps, une forme de séduction opère .
Le lecteur se retrouve dans ces histoires et réprouve moins ces aspects de lui-même.
Cela se produit dans le plaisir, la jouissance esthétique de l’art, qui permet un certain
abandon libérateur du lecteur.
Il est intéressant de souligner que, dans l’esprit de certains, l’art reste associé à la maladie
Des mythes vivent encore, à l’heure actuelle, comme par exemple à l’égard “ des
poètes maudits “, comme Van Gogh, ou Gerard de Nerval.
Il convenait de penser que l’art menait à la folie. L’artiste, un être à part, restait en dehors de la normalité.
Souvent il a été question de névrose qui sous-tendait la création artistique.
A d’autres moment, on a pu lire que l’art était une “ sublimation “ des pulsions sexuelles.
S’il est vrai que l’artiste se retire, consciemment, parfois du monde, pour vivre dans un univers qui relève pour lui d’une satisfaction de ses désirs, c’est-à-dire un univers de jouissance, cela n’a rien à voir avec le névropathe qui se réfugie, à son insu, sur une planète imaginaire.
L’artiste n’est pas toujours un psychopathe. Mais un psychopathe peut-il créer? S’agit-il alors d’art ou de psychopathologie?
Après la seconde Guerre Mondiale, Jean Dubuffet réunit des productions plastiques, issues des asiles psychiatriques, réalisées par des psychotiques, des mélancoliques ou des personnes dépressives.
Il fonde, avec d’autres artistes connus, La Compagnie d’Art brut , à Lausanne en 1976.
Cet art des aliénés est reconnu par des artistes de renom, on y trouve une valeur et cela s’étant dans les prisons, les maisons de retraite et les victimes de guerre.
Des images sensorielles apparaissent, ainsi que des émotions.
Il s’agit plus d’un voyage intérieur, mais qui peut susciter l’émotion esthétique chez le spectateur.
Par ailleurs, il me semble important d’évoquer le développement de ce qu’on appelle “ Art-Thérapie “ en psychiatrie, ou en en psychologie.
On utilise l’expression artistique dans l’aide aux personnes qui présentent des
désordres émotionnels, sont en proie au stress, ou manquent de confiance.
Certaines fois, il s’agit de troubles de l’apprentissage.
L’art-thérapie apporte un soutien thérapeutique aux personnes confrontées à une détresse émotionnelle.
Le principe de base consiste à encourager le patient à exprimer ses sentiments, ses émotions par l’écriture, la peinture, la sculpture, …
L’art est devenu soin.
Certains thérapeutes ont perçu dans l’art une intuition soignante.
Il est question de l’imaginaire de l’inconscient ou même du délire.
De nombreux hôpitaux psychiatriques proposent des activités artistiques aux patients, dans l’esprit d’une ouverture thérapeutique.
On peut évoquer “ l’Atelier du Non-Faire “crée en 1983 par Christian Sabas, peintre, musicien et infirmier psychiatrique, dans le service du Dr Pariente, puis du Dr Gellmann à l’hôpital de Maison Blanche.
Cela a eu beaucoup de succès et cet atelier s’est agrandi et fonctionne actuellement en association.
Les patients se livrent à divers activités artistiques qui font l’objet d’expositions et de reconnaissance à travers le monde.
Peut-on réellement parler d’art?
Une certaine forme de créativité existe chez le délirant, par exemple.
Son imaginaire participe à la formation de ces reconstructions de certaines réalités insoutenables.
Cependant, l’émotion esthétique que suscitent ces productions n’est pas à négliger.
Mais à partir de quand est-il possible de mettre une limite entre pathologie et art?
A mon sens, l’artiste doit être en mesure d’appréhender la réalité, même si, par la suite, il la teinte de son empreinte intime et énigmatique qui s’apparente à son génie.
L’art reste une énigme.
Comme l’évoque J.M.G. Le Clézio, dans “Diego et Frida “( page 26 ), il suffit parfois d’un hasard de la vie:

“ De cette rencontre tout va naître, dans ce Mexique post-révolutionnaire où tant d’évènements et tant d’idées se heurtent et se fécondent. C’est cette rencontre aussi qui va changer la vie de Diego, la faire accéder à une dimension de lui-même qu’il n’avait jamais imaginée, et faire de cette jeune fille l’une des créatrices les plus originales et les plus puissantes de l’art moderne.”

En chacun de nous sommeille une artiste ; les aléas, les vicissitudes de son existence vont lui permettre de lui révéler ce don, cette disposition singulière.
C’est un peu la bonne fortune de son sort qui fera de lui un artiste dévoilé.
Une sensibilité artistique originale, très exacerbée, signe cette capacité à approcher les choses au plus profond de leur essence.
Une perception de la quintessence de l’univers, des émotions, de l’humain semble essentielle à la constitution de la personnalité artistique.
Cela le rend vulnérable, labile mais créatif.
Son âme renferme d’autres secrets que nous ne cesserons d’interroger.
Mais il me paraît fondamental de lui rendre hommage pour le miroir qu’il nous offre et la jouissance qu’il nous procure.
L’art élève l’humanité.

Chantal POULAIN

Bienvenue

12 septembre 2009

Bonjour et bienvenue sur le site de Chantal POULAIN, Psychanalyste.