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Féminité, Corps et Couple ( inachevé)

Mardi 19 octobre 2010


AVANT-PROPOS
Mon intention, en écrivant ce recueil , était d’étudier, à notre époque, la notion de  » Féminité et de Corps », tant du point de vue psychanalytique, médical, historique, social et ce, dans le monde entier, et d’analyser l’idée, le fonctionnement du » couple ».C’est la raison pour laquelle, j’interroge d’une part le virtuel, à la pointe de l’actualité, et en même temps, les théories psychanalytiques à l’ oeuvre dans la pratique contemporaine .Si je pars du monde virtuel, c’est aussi pour effectuer un parcours, une progression, qui me fait arriver à des réalités plus tangibles. Par ailleurs, j’ai été amenée à repartir de certains termes allemands, pour mieux circonscrire les différents sens que l’on peut prêter à ces vocables:  » Féminité et Corps « .
A travers les diverses traductions, on peut intercepter certaines opinions, différents systèmes, qui ne transparaissent pas dans notre langue, mais qui dans un langage étranger, nous donnent un éclairage privilégié, familier, concernant d’officielles, mais parfois ténébreuses idéologies.
En consultant Freud , Lacan, Jung, je désirais comparer ces approches disparates, mais allant dans le sens d’une élucidation de ces énigmes humaines.
Avec Bergman, il s’agit d’axiomes autres.
On est confronté à l’image, certes, mais cela va au-delà.
Il nous fera découvrir un univers bien réel.
Mais tout est lié, Bergman, cinéaste, connaît aussi la nature humaine, la psychanalyse.
Ses questionnements sont du même ordre: la femme, son épanouissement, son corps dans sa totale plénitude.
Il se penche aussi, comme la psychanalyse, sur le problème de la féminité, la masculinité, et le couple.
Que peut-on en dire à l’heure actuelle, dans ce contexte précis?
Les controverses sont multiples, mais j’essaierai de développer mes propres hypothèses à l’égard de ce questionnement essentiel dans la vie humaine.
Les interrogations sont complexes, primordiales, existentielles.
- Comment se met en place le processus de féminité?
Qu’en est-il du  » Devenir Femme « .
- Etre femme et vivre sa féminité corps et âme.
La féminité, l’homme et le corps.
- L’accomplissement et la révélation de la femme.
- Cette révélation est-elle possible sans l’intervention, l’existence de l’homme?
- Et le couple dans tout ça ?
A ces débats mon mémoire tente d’apporter quelques réponses, en suivant des chemins en apparence divergents, à partir d’emplacements diversifiés: posture analytique, points de vue intellectuels, approche sociale et autres positions atypiques.

I FEMINITUDES ET MATERIALITES

Redéfinitions
Illustration d’une figure féminine du virtuel et phénomène de société
II SEXUALITE FEMININE
Introduction
Conceptions Freudiennes
Points de vue Lacaniens
Approche Jungienne et tempérances
III L’AVENTURE DU COUPLE
Réflexions Lacaniennes
L’univers Jungien
Réalités Bergmaniennes
EPILOGUE
ANNEXES

FILMOGRAPHIE VISIONNEE
FILMOGRAPHIE EXHAUSTIVE
BIBLIOGRAPHIE

FEMINITUDES ET MATERIALITES

REDEFINITIONS:
En s’interrogeant sur les termes « Féminité et Corps », on constate qu’en français, à première vue, ces expressions semblent ne pas prêter pas à confusion.
Féminité, renvoie à Femme.
Le Féminin n’en reste pas moins un objet de recherche étendue.
Corps peut prendre le sens d’enveloppe matérielle des êtres, d’organisme, de chair, de physique…
En Allemand il existe plusieurs mots pour parler du Corps et de la Femme.
Le vocable  » Corps « , se traduit par Leib ou Körper:
Paul Laurent Assoun, psychanalyste et professeur à l’Université Paris VII écrit:
« A propos des deux corps » Körper et Leib » : L’Allemand prend acte de cette pliure au sein de la corporéité en distinguant au moins deux termes: le corps, c’est une architecture visible, un corps en sa réalisation anatomique ( Körper ). Bâtisse corporelle ou anatomie ( Körperbau) qui peut être atteinte en son intégrité, par une blessure ou lésion ( Körperverletzung).
C’est celui qui tombe sous le regard, adhérence somatique du sujet, en son enracinement sensible.
Le corps, c’est aussi Leib: corps compris à la fois au figuré,
- principe métaphysique, dans l’opposition à l’âme, ( Seele)
- et comme d’un » intérieur » ( inneres) c’est le giron ou sein  » maternel », les entrailles ( corps viscéral) ou le ventre – enracinement du vivant, chaire vive. Par opposition au  » Körper », instance de la vie animale, le « Leib « , c’est la vie organique.
Le corps, c’est à la fois cet « être surface », cette carcasse  » Rumpf’ et cette substance qui donne sa profondeur à la « personne » vivante. Mais c’est aussi le corps cadavérisé ( Leichnam, Leiche ), la dépouille mortelle où s’avoue en quelque sorte l’être-là du corps.
Enracinement dans la vie (Leben qui peut consoner avec Leib) et figure de la « facticité ».
La psychosomatique s’est promue, au carrefour de la médecine et le psychanalyse, à partir de l’opposition de ces corps.
La métapsychologie n’a pas besoin de cette rallonge : dans la mesure où elle contient, bien relue et mise au travail clinique par cette  » doctrine du corps », cette mise en tension entre Körper et Leib. C’est ce que nous cherchons à faire entendre dans les précédentes leçons.
J’adhère à cette vision des choses et je dirai que » Körper  » est de l’ordre de ce qu’on voit et qu’il est possible de toucher, saisir, voir.
C’est aussi de l’ordre de la forme et du corps que l’on entraîne ( le corps du sportif), que l’on sculpte dans les Clubs de Fitness et les salles de musculation ( Körper -corps – muscle-viande humaine ).
C’est aussi celui qui fait l’objet de soins « corporels » (Körperpflege).
Ce corps-là se trouve sur le versant du type de constitution. de la structure morphologique et interne ( Körperbautypen, Körperarterie, Körperschlagader ).
C’est aussi le corps-machine, qui présente des dysfonctionnements, parfois, comme chez les handicapés moteurs, et locomoteurs ( Körperbehinderte).
Avec le  » Körper « , on s’adresse aussi au mécanisme, à l’activité organique.
Chaque organe remplit alors une fonction particulière, qui va dans le sens d’un agencement de la vie, ainsi on est plongé dans le monde des transformations internes, les compositions de sécrétions, du sang…( Körperflüßigkeiten ).
C’est aussi le corps palpable, repérable par son poids, sa taille ( Körpergewicht, Körpergröße), celui qui plaît, sur un regard.
A l’égard du  » Leib « , on peut dire, qu’initialement c’était en référence avec l’histoire des religions et la théologie.
A côté de l’âme ( Seele ), le  » Leib  » apparaît comme une autre réalité de l’Homme ( Problèmes entre le corps et l’âme ).
Initialement, dans les milieux religieux, on délaissait un peu le  » Leib « , au profit de l’âme, mais on lui accordait cependant une certaine place, puisque, lorsqu’il s’agissait de la croyance d’une vie après la mort, on instaura les sépultures, tombeaux, mausolées…
En théologie on parle de  » Leib Christi « ; pour l’Eglise c’est le  » Corpus Christi « , et le pain, l’hostie, au moment de l’Eucharistie.
C’est une notion de corps sacré, le corps du fils de Dieu sur Terre, le corps du Christ qui revit à chaque messe et que l’on peut incorporer.
Dans le terme « Leibeingenschaft », difficile à définir, car très ancien (XIII° siècle), on retrouve cette idée de corps lié à l’esprit.
Il s’agissait d’une dépendance, d’un asservissement du paysan par rapport au seigneur ( Leibherr ) auquel il était lié.
 » Leibeigen  » induit une dépendance de la personne intime à un suzerain, ou tout être supérieur, omnipotent ayant tous les droits sur cet individu.
Mais c’est aussi aimer  » Corps et âme » (Leib und Seele ) et « Avoir le diable au corps ( dans la peau ) »: » den Teufel im LEIB haben « .
Par rapport au  » Körper « , il y a dans le  » Leib « , une flamme supplémentaire, une vie, inconsciente souvent, des pulsions, des désirs…
 » Der leibliche Vater ( Père ) », par exemple, c’est le père qui a conçu l’enfant.
Quand on dit:  » Sie ist gesegneten Leibes  » ( Elle a un corps sacré), cela signifie:  » elle est enceinte « .
 » Leibesfrucht ( fruit )  » correspondrait au bébé dans le corps de la mère, le fruit de ses entrailles.
Et puis, pour terminer, peut-être, cette expression:
 » Keine Ehre im Leib haben  » : ne pas avoir de dignité, d’honneur.. ( de tripes, de c…)
Ces exemples montrent bien que le corps au sens de  » Leib  » nous fait exister, vibrer, frissonner pleinement. C’est celui qui est traversé par les émotions, les pulsions, les souffrances,les Désirs, les Plaisirs et les Jouissances.
C’est la chair noble, sensible, liée à l’esprit.

Weiblichkeit et Fraulichkeit
En ce qui concerne le substantif » Féminité », la langue allemande est plus élargie, mais cependant elle ne plaît pas toujours aux féministes.
Femme se dit:  » Frau, Weib, Dame  »
Il existe plusieurs manières de traduire Féminité en allemand:  » Weiblichkeit, Fraulichkeit, Frauentum, Weiberart » .
Je ne retiendrai, que « Fraulichkeit et Weiblichkeit », plus proches de la présente recherche.
 » Fraulichkeit « , correspondrait à ce qui s’adresse plus à l’apparence et vient de  » Frau « ( femme).
C’est l’épouse: Frau HUBER, au sens de Madame HUBER et aussi toute la médecine féminine:  » Frauenarzt  » ( la gynécologie) .
Ce sont les maladies féminines, liées au sexe de la femme:  » Frauenkrankeitheiten »
C’est aussi le mot utilisé pour traduire le mouvement féministe:  » Frauenbewegung »
C’est aussi  » Unsere Liebe Frau  » ( Notre Dame) et tout ce qui concerne la recherche, les études sur les femmes, Women studies « Frauenforschung, feministische Wissenschaft « .
On évoque aussi le  » Frauenmilch « , pour le lait maternel, et  » Frauenraub « pour les rapts, prises d’otage, enlèvements de femmes et de fillettes  » .
Mais le coeur de la femme, son essence, se retrouvent plus dans la notion de :
 » Weiblichkeit « .
Ceci vient de « Weib  » (femme ).
A noter que l’adjectif » weiblich  » est aussi le ternie employé en grammaire pour le genre d’un substantif, et aussi celui qui est mentionné sur les passeports pour stipuler le sexe de la personne.
Mais  » Weib  » est parfois connoté péjorativement_
 » Weibisch  » est utilisé pour ce qui est efféminé chez un homme et  » Weibgeschwätz  » désigne les commérages.
En revanche,  » Weibertreue  » définit la fidélité féminine.
Et on parle de  » Mann und Weib « , pour le couple.
« Ein Weib « , c’est aussi une épouse, mais une vraie, qui ne porte pas forcément le même nom, mais qui partage la vie d’un homme.
C’est à la fois plus simple, et plus compliqué.
On parle ici de la femme, avec un homme ( Mânnlichkeit / Weiblichkeit ).
De l’accord entre féminité et masculinité, virilité.
 » Weiblichkeit  » semble plus tourné vers l’intérieur de l’être, ce qu’il vit, ressent en particulier, qu’un homme ne pourrait éprouver.
Cela rime, dans mes associations personnelles, avec  » weich « : doux, suave, tendre.
Alors que  » Fraulichkeit  » est plus orienté vers l’extérieur, ce qui paraît, ce qui est vu et peut se fabriquer.
 » Weiblichkeit « , est discret, pudique, secret, il s’enfuit dès qu’il est dévoilé.
En même temps, il envahit la femme, la capture.
Elle est sans défense face à ce phénomène, ne peut lui échapper, et doit s’en laisser pétrir.
Pour ce qu’il en est du concept de  » Fraulichkeit « , on peut dire qu’il est trop restreint, ne parvient pas à identifier la femme, dans sa subjectivité typique.
Alors que le principe de  » Weiblichkeit  » délimite une acception plus vaste, identité et subjectivité sont présentes.
On y trouve une conscience de soi, une existence, une épuration quintessenciée de la femme.

ILLUSTRATION D’UNE FIGURE FEMININE DU VIRTUEL ET
PHENOMENE DE SOCIETE
LARA CROFT
Si j’ai choisi de vous parler du texte de Birgit Richard, c’est parce qu’elle évoque et étudie des modèles de femmes, dans l’univers du monde virtuel, de notre époque, prises entre la trame du social et le regard psychanalytique.
Pour simplifier l’observation, je m’attacherai à. l’analyse d’une héroïne du virtuel: « Lara Croft »
L’intitulé de son texte pourrait se traduire par: « Féminité en tant que Fétiche », ou « Féminité comme Fétiche ».
Dans un premier temps, elle redéfinit le terme de Fétiche, en faisant référence à la psychanalyse, Fétiche, au sens d’objet de substitution, impérieusement nécessaire au fétichiste pour lui déclencher un orgasme.
Cela peut être un corps entier, une partie du corps, ou un élément de la tenue vestimentaire.
Ces éléments « sur-sexualisés », c’est-à-dire, particulièrement investis, présentent une sexualité ultra-féminine et pleine de promesses.
Ce sont entre autres: les seins, les jambes, la taille la bouche et les chaussures.
L’auteur insiste sur le fait que ces éléments figurent une sexualité « ultra-féminine »qui suggère au fétichiste l’illusion d’un contrôle du Désir.
La « Wonder-Woman » sur-sexualisée des Bandes Dessinées a son pendant dans la « Gaine-Woman » qui est fétichisée grâce à une sur-sexualisation.
Eu égard au large spectre de la fétichisation, plusieurs questions émergent:
- En ce qui concerne les héroïnes d’ordinateur, à quoi ressemble cette fétichisation?
- Y-a -il un modèle récurrent de sexualisation?
- A quoi tient la particularité qui n’est valable que pour les caractères virtuels?
- Y-a t-il des fétichisations féminines sociales analogues, à celles que propose Birgit Richard, qui se retrouvent chez les « Game-Women » des ordinateurs, ou bien ailleurs, comme par exemple dans les B.D., si on s’arrête un instant sur Georges Bess?
Mythes de Féminité et Narration:
Comme lors de l’arrivée de la « Wonder-Woman » des Bandes Dessinées on évoqua la mythique déesse Aphrodite, on trouve, chez les héroïnes féminines d’ordinateurs , des citations iconographiques de belles femmes qui les précèdent et qui, concernant Lara Croft, convoqueraient le type de la « Femme Fatale  » fétichisée.
Grâce à la fétichisation de la puissante super-héroïne, l’effroi disparaît et elle reprend le statut d’Objet désiré.
Sa force d’action, son pouvoir et sa puissance « masculins » perdent de leur composante sexuelle agressive, car pour les hommes, elle ne doit pas représenter de terreur menaçante.
Au contraire une courageuse, femme de rêve, sans défense, dont l’attrait, le désir, le charme qu’elle inspire et l’excitation qu’elle provoque peuvent être vécus sans risque de punition ou châtiment.

Bodv-Sampling:
Chez presque toutes les représentations féminines virtuelles, on retrouve un surmoulage fantasmatique des seins volumineux, d’une taille de guêpe extrême, et de jambes démesurément longues.
Cette « panoplie corporelle » se remarque chez l’ensemble de différentes figures de cet univers, mais particulièrement chez Lara Croft, dotée , en plus, d’une grande bouche boudeuse. Parmi toutes ces déesses virtuelles, Lara Croft reste le Sex-symbol numéro un:
« LA BOMBE SEXUELLE ».
( Enfin, ce que communément on entend par là….’)
Un ensemble d’accessoires vestimentaires, de couleurs ( bustiers, tops dévoilant un ventre légèrement musclé, hotpants, mini-jupes, ceintures) viennent charger le corps d’un érotisme puissant.
Les traits fétichistes aguicheurs, parfois exaltants de ce personnage qui évolue dans un monde peuplé de pièges et de péripéties, contribuent à créer une ambiance mêlée d’aventure, de sexe et d’érotisme.
Son arme la plus éloquente:
La sexualisation du corps des protagonistes des jeux augmente au niveau du caractère fétichisé souvent grâce à l’adjonction d’un potentiel d’armes.
Pour mettre en scène la dangerosité de l’héroïne de jeux, souvent, on tient à sa disposition, un arsenal d’armes.
Lara Croft possède, à l’intérieur de toutes les séries de « Tomb Raider », un choix immense de mitraillettes, grenades, fusils automatiques, harpons, etc…
Randi Grunzenhailser, spécialiste de Littérature, prétend qu’un équipement d’armes accompagne presque toutes les héroïnes du milieu virtuel, mais que chez Lara Croft, c’est la mise en oeuvre de son corps, son intervention physique extrême qui auraient été à l’origine de son immense popularité.
Son arme la plus puissante, c’est son corps, au sens d’une arme corporelle digitale multifontionnelle.
Les réactions physiques de combat sont parfaites, surhumaines.
Elle trouve toujours le chemin qui lui permet d’échapper aux dangers.
Corps, armes et techniques s’entrelacent.
Ainsi, « Technique et Désir » se lient.
Thomas Foster fait apparaître le rapport entre « Technologie et Corps Féminin » en tant que synthèse d’une emprise imaginaire en rapport avec un mouvement défensif masculin face à la peur de la femme.
Cyber-femelle:
Le corps féminin, structuré par les plus récentes technologies, pose le problème d’une Cyber féminine.
En tant que construction de l’identité féminine possible dans la société postindustrielle, Donna Haraway, en publiant son  » Manifesto for Cyborgs », introduit la notion de « Female Cyborg » au sens d’une métaphore symbolique pour le caractère artificiel de la construction du corps féminin.
L’auteur évoque la notion de « shape-changer », la possibilité de changer de silhouette, de physique.
Ce phénomène « shape-changer » se retrouve à plusieurs niveaux chez les héroïnes d’ordinateur et correspondrait, selon l’auteur, à un désir de puissance fusionnelle de changement d’aspect physique.
Différentiation sexuelle et Jeux virtuels:
Malgré tous les prolongements d’aspects en action dans ces jeux, se pose le problème•dirmaintien de stéréotypes sexués.
Et justement, en regard de la sur-sexualisation de l’héroïne virtuelle, les différentiations sexuelles, comme orientation à l’intérieur de ce monde virtuel multiforme, semblent revêtir une importance capitale.
Une raison en serait la valeur de la place de la « Féminité » dans la culture des Adolescentes des années 90, dont la faculté d’affranchissement, sur un mode individuel et décontracté, se connecte avec un maintien  » exagéré », selon l’auteur, de « Féminité ».
Modèles:
Le caractère artificiel de cette « Féminité », immédiat et capté par une attention exaltée, va de paire avec une certaine mise en scène.
La position du spectateur renvoie au « voyeurisme ».
Ainsi des modèles se mettent en scène en qualité d’objets, provoquent et manipulent le regard désirant de l’autre, comme si l’ érotisme pouvait devenir une valeur d’échange culturelle.
Le fétichisme de la mode fait exploser l’écran et empiète sur la « Féminité », comme s’il s’agissait de l’affirmer en l’accentuant.
Le fétichisme de mode se différencie du fétichisme sexuel par le fait que le code de l’érotisme, seulement, est pris en compte et l’élément sexuel oscille subtilement avec lui.
Les vêtements à la mode des protagonistes enveloppent les objets du Désir sexuel de façon à ce que, à tout moment, se retrouve une charge érotique.
Les corps féminins sur-déterminés ne doivent pas être une provocation directement sexuelle ou pornographique et c’est justement à cause de cette retenue stylisée que l’on trouve sur Internet des fans qui montrent leurs stars dans des poses sans équivoque ou bien dévoilent leur nudité de manière spectaculaire.
Devant cette toile de fond, on ne compte plus les concours de « Lara-Croft-look-alike », où les femmes entrent en concurrence avec le « Body-Double », dans le but d’en représenter la parfaite incarnation.
Quelques » spécimens  » se retrouvent dans les Fitness Clubs, ou les Centres de Chirurgie Esthétique, mais ceci étant, elles ont le courage d’aller au bout de leurs désirs, même s’il ne s’agit là que d’un leurre, car malheureusement, ce n’est pas en réalisant ses fantasmes que l’on parvient à se révéler .

II
SEXUALITE FEMININE

INTRODUCTION
La perplexité que l’on éprouve lorsque l’on se trouve face à la complexité du problème de la sexualité féminine tient, sans doute, à la diversité des approches possibles.
Les réflexions anatomique et génétique sur la différenciation sexuelle, les recherches sur l’embryon, portant sur l’origine d’une sexualité humaine, les découvertes de la physiologie à l’égard du sexe chromosomique et ses différences d’avec le sexe hormonal, la multitude des études faites de la biochimie à la médecine, produisent constamment des théories nouvelles, qui, à côté des élaborations conceptuelles issues des sciences humaines, tentent d’apporter une explication aux mystères de la vie pulsionnelle: la bisexualité de l’embryon n’a-t-elle pas son pendant sur le versant psychologique ?
L’hormone mâle ne serait-elle pas déterminante pour nous éclairer sur les origines du comportement sexuel masculin?
Les transformations du métabolisme féminin ne seraient-elles pas à la source de son attirance pour des objectifs passifs et du refoulement de ses instincts agressifs?
La psychanalyse s’intéresse à toutes les questions se rattachant à ce problème: l’énigme du désir chez la femme, la nécessité d’être désirée, l’impact de la différence anatomique des sexes sur le psychisme féminin…
Mais concernant les multiples conceptions médicales, leurs liens, on observe que la fonction sexuelle ne prend de sens que par rapport au Désir qui déclenche la pulsion. Pourtant Sigmund Freud, à l’issue de ses travaux, confiera que l’élucidation de la problématique de la sexualité féminine reste:
« une tâche irréalisable »
La raison qu’il donne est la suivante:
 » Lorsque nous avons étudié les premières configurations psychiques que prend la vie sexuelle chez l’enfant, nous avons pris pour objet l’enfant de sexe masculin. Nous pensions qu’il doit en aller de même pour les petites filles, quoique, d’une certaine manière, différemment. On ne pouvait alors clairement constater où se révèle cette différence au cours du développement. »
Par ailleurs, les psychanalystes étaient le plus souvent des hommes, mais il apparaît, d’après les analystes femmes, qu’il y aurait quelque chose d’impossible à interpréter, concernant la femme.
Parmi elles, nous pouvons évoquer les travaux de Lou Andreas-Salomé, psychanalyste, intellectuelle, qui réalisa un parcours téméraire au sein de la modernité européenne: femme originale intégrée aux milieux littéraires cosmopolites, elle aura sa place, dès 1911, dans l’avènement de la psychanalyse.
L’histoire de cette femme est aussi celle d’une émancipation féminine.
Dans ses oeuvres littéraires, elle réaménage les traumatismes du passé, et va toujours dans le sens d’une indépendance.
Elle réussit à vivre librement ses relations amoureuses et sexuelles, alors que dans son couple avec Friedrich Carl Andreas, elle s’était longtemps refusée ce plaisir charnel.
Dans sa recherche existentielle, Lou Andreas-Salomé se crée sa propre philosophie de la vie, analysant l’art, l’amour, l’érotisme, la femme ( comme porteuse de vie, de désir et d’une maternité spirituelle ) .
Elle écrira:
 » La sexualité rayonne, au-delà de l’union charnelle et de la vie donnée, dans les sphères de la création artistique et de la religion  » .
Luce Trigaray a marqué son époque, et s’est essentiellement penchée sur le problème de la Féminité et l’articulation de la différence sexuelle.
Elle dit:
« Pourtant la femme ça parle. Mais pas pareil, pas même, pas identique à soi, ni à un x quelconque. »
ou encore:
 » La femme ne peut donc pas s’entendre. Et, si tout ce qu’elle dit est de quelque manière du langage, il ne le signifie pas pour autant  » .
et enfin:
 » La femme ne parle jamais pareil. Ce qu’elle émet est fluent, fluctuant, Flouant. Et on ne l’écoute pas, sauf à y perdre le sens ( du ) propre. D’où les résistances à cette voix qui déborde le sujet « .
Une autre psychanalyste s’est interrogée sur la sexualité dite normale par rapport à une normativité, il s’agit de Joyce Mac Dougall.Elle s’exprime ainsi:

 » Même si le sujet fait des trucs que tout le monde ne fait pas avec un miroir ,un fouet, des matières fécales, un objet du même sexe ou tout autre objet qui peut paraître inapproprié , ce sujet « pervers n’est pas que cela. On ne peut définir un être par un acte symptôme, car ce symptôme peut correspondre à des structures différentes. »
Cette analyste conteste le terme  » pervers  » et introduit l’idée que la sexualité perverse n’est que l’expression d’une situation intérieure où s’entrecroisent angoisses, dépression, symptômes psychosomatiques et inhibitions.
Intéressants, sont aussi les travaux de Piera Aulagnier et Nathalie Saltzmann à ce sujet.

CONCEPTIONS FREUDIENNES
D’un point de vue psychanalytique, la sexualité repose sur la libido, force pulsionnelle sexuelle.
Selon Freud, elle est indifférenciée, il n’existerait pas de « libido féminine ». Il soutient la thèse d’un « monisme sexuel phallique » jusqu’à la puberté. Le clitoris est associé au pénis en tant qu’organe érotique. La petite fille ne découvrirait le vagin que plus tard. La phase clitoridienne pourrait cependant marquer la femme toute sa vie.
Pour devenir une femme, selon Freud, la fillette doit traverser des expériences douloureuses, qui lui demandent une élaboration psychique intense.
C’est avant la puberté que la petite fille devra dépasser deux situations, qui lui sont propres, et que le garçon ne rencontre jamais.
Les enfants des deux sexes franchissent les premiers stades de la libido de façon sensiblement égale.
Ces stades prégénitaux, participent à l’organisation libidinale et correspondent au développement affectif de l’enfant.
Les stades oral, anal, phallique se succèdent ainsi que les zones érogènes qui leur sont associées.
Jusque-là, tout reste immature. Ces phases composent l’humain, et l’apprêtent à devenir un être géniteur.
Entre 25 et 30 mois, les enfants entrent dans la phase phallique, similaire pour les deux sexes.
Les zones érogènes se définissent nettement, et la masturbation clitoridienne devient préférentielle.
Mais au fur et à mesure que la féminité apparaît, la sensibilité du clitoris devrait devenir moins forte que celle du vagin.
C’est en cela que réside la première complication que la fillette doit surmonter par rapport au garçon, qui lui, prolongera cette activité sexuelle au cours de sa maturité.
La sensibilité érotique phallique du petit garçon se développera tout au long de sa vie d’homme, alors que pour devenir femme, un changement, à ce niveau, doit advenir chez la fillette.
Jacques André, psychanalyste et professeur à l’Université Paris VII, s’est lui aussi, intéressé à cette évolution.
La deuxième différence et difficulté qui se trouve sur les chemins de la fillette à destination de la féminité, est la mutation d’objet d’amour.
Le garçon ne connaîtra jamais ce bouleversement !….
En effet, la mère est le premier objet d’amour, aussi bien pour le garçon que pour la petite fille.
Elle satisfait les besoins essentiels du nourrisson, avant l’Oedipe, elle est investie d’un pouvoir fabuleux.
Voici ce que Freud écrit à ce sujet:
 » Les sentiments libidinaux de la fille pour sa mère sont multiples et persistent pendant les trois stades de la sexualité infantile. Ils prennent le caractère de chacun d’eux en s’exprimant par des désirs oraux, sadiques anaux et phalliques. Ces désirs traduisent des émotions actives ou passives, et si on les rapportent à la différenciation ultérieure des sexes, on est en droit de les qualifier soit de virils, soit de féminins. En outre, étant ambivalents, ils sont à la fois tendres et agressivement hostiles. Il n’est pas facile de formuler en quoi consistent ces désirs sexuels. Le plus nettement perceptible est le désir de faire un enfant à la mère et d’en avoir un d’elle. Ces deux désirs datent de la période phallique et leur surprenante présence est prouvée, de façon formelle, dans l’observation psychanalytique. »
On parle même de fantasme de séduction par la mère, sans doute en raison des soins corporels donnés par la mère à la petite fille et qui suscitèrent les premiers émois sensuels génitaux.
La fillette doit cependant renoncer à cet attachement passionné à la mère, pour se tourner vers le père.
Cet arrachement se fait dans la douleur, souvent sous forme d’agressivité, de haine et de reproches.
Cette révolte peut parfois durer toute la vie, les reproches portent sur le manque d’amour de la mère : la mère n’a pas assez de lait pour nourrir le bébé.
D’autres fois, c’est la venue d’un autre enfant qui fait l’objet de la condamnation de la mère. La jalousie haineuse anime la petite fille, elle se sent abandonnée.
L’intensité des sentiments des enfants est sans limite, ils sont possessifs, et leur amour passionné est exclusif.
En fonction des stades de la libido, les désirs sexuels de la petite fille se transforment. Malheureusement, ils ne peuvent être comblés.
Face à cette frustration des désirs non satisfaits, l’enfant développerait une agressivité à l’égard de la mère, la rendant responsable de cette frustration.
La rupture décisive se produirait à la phase phallique, au moment où la mère interdirait la masturbation à la petite fille.
Souvent la mère condamne, menace l’activité sexuelle de l’enfant qui finit par se détacher définitivement, renonçant à cette forte fixation à la mère.
 » On pourrait penser, note Freud, que ces motifs suffisent à expliquer pourquoi la fillette se détache de la mère: la nature même de la sexualité infantile, l’excès des exigences amoureuses, l’impossibilité de satisfaire les désirs sexuels, voilà ce qui provoque inéluctablement cette volte-face. On peut penser que ce lien est appelé à disparaître, du fait, justement, qu’il est le premier, car les investissements objectaux précoces sont toujours extrêmement ambivalents et l’amour puissant ne manque jamais de s’accompagner d’une forte tendance agressive. Les déceptions amoureuses, les renoncements seront d’autant plus sensibles à l’enfant, qu’il aura aimé avec plus de passion. Finalement l’hostilité accumulée doit l’emporter sur l’amour. On peut, aussi, nier l’ambivalence primitive, des investissements amoureux et démontrer que l’irrémédiable disparition de l’amour infantile est due à la nature particulière du rapport mère-enfant, l’éducation la plus indulgente ne pouvant qu’exercer une contrainte. Toute atteinte à sa liberté provoque, chez l ‘enfant, une réaction qui se manifeste par une tendance à la révolte et à l’agression ».
Mais cette thèse ne peut être soutenue si on considère que le petit garçon connaît les mêmes sentiments hostiles et négatifs à l’égard de sa mère et reste cependant attaché à son premier objet d’amour.
C’est l’angoisse de castration qui reste l’élément spécifique chez la fille et qui agit comme facteur déterminant au détachement maternel.
Vers l’âge de 2 ou 3 ans, découvrant la différence des sexes, la petite fille en veut à sa mère de ne pas l’avoir dotée d’un pénis.
Pour le garçon, l’angoisse de castration est vécue différemment: en voyant le sexe féminin, il en arrive à penser que le pénis n’est pas forcément un élément du corps humain.
Lui reviennent à l’esprit les menaces proférées à l’époque de sa masturbation et craint la mise en actes de ces intimidations.
L’effroi éprouvé à l’idée de cette castration deviendra, à partir de ce moment-là, un ressort puissant pour le développement ultérieur du petit garçon.
Le retentissement de l’angoisse de castration pour la petite fille sera fondamental pour son évolution .
La vision du membre viril provoque chez elle une envie de pénis et elle doit puiser une force psychique puissante pour réprimer cette inclination parfois avide.
La situation n’est pas toujours facile à accepter, certaines petites filles caressent l’illusion d’avoir un jour un pénis.
Ce désir peut rester graver dans l’inconscient, ne jamais quitter la fillette devenue adulte, et la mener à entreprendre une analyse.
L’expérience de la castration représente pour la petite fille l’entrée dans la féminité, mais c’est aussi l’origine des névroses et des perversions.
A partir de la découverte de la différence des sexes plusieurs possibilités s’offrent à la fillette.
Ou bien elle s’orientera vers une féminité normale.
Ou bien elle s’engagera sur les chemins de la névrose en réagissant à la castration par l’inhibition sexuelle.
Ou bien on assistera à un changement dans son caractère, et elle développera un complexe de virilité.
Dans l’éventualité d’une féminité normale, lorsque l’enfant , à l’issue de la phase phallique, n’a pas trop endigué ses pulsions sexuelles, les transformations opérées doivent concourir à une organisation normale de la féminité.
Une poussée de passivité envahit la petite fille qui se sent, naturellement, attirée par son père.

Symboliquement, cet enfant tiendrait lieu de « Penisersatz »:
On remarque que même lorsque la féminité s’est bien épanouie, ce désir de pénis survit chez la femme.
Ce désir de pénis ne correspondrait-il pas, s’interroge Freud, à  » un élément typiquement féminin ? « .
Au cours de cette période, c’est-à-dire, vers trois ans, la petite fille, découvrant son désir d’enfant et de pénis du père, va commencer à vivre l’Oedipe, éprouvant à l’égard de la mère des sentiments agressifs liés à la situation de rivalité.
Elle entre en compétition avec elle, jalouse de ce que le père lui accorde.
Elle aimerait prendre sa place pour jouir des faveurs dont son père la gratifie.
La situation Oedipienne est pour la fille l’issue d’une série d’épreuves douloureuses et d’un lent développement.
Cette phase est pour elle une sorte de répit passager.
Dans la deuxième situation, contestant l’évidence de la castration, la fillette déploie  » un complexe de virilité ».
N’abandonnant pas leur activité clitoridienne, elles prennent des attitudes de garçons et tentent de s’identifier à une mère phallique ou au père.

Freud explique, entre autre, ainsi l’origine de l’homosexualité.
Mais d’autres psychanalystes ont pu observer, dans leur pratique, que l’homosexualité n’était pas une conséquence directe du complexe de castration.
Certaines fois la fillette vit l’Oedipe avec son père, mais ne le surmonte’ pas et régresse jusqu’au complexe de virilité.
L’étude des couples homosexuels nous indique qu’ils jouent soit à la mère et l’enfant, soit au mari et à l’épouse.
Ce sont les traces laissées par la traversée de ces deux phases de l’évolution de la sexualité féminine.
Dans le troisième cas, l’enfant, souffrant d’une blessure narcissique à travers ce qu’elle peut vivre comme une « mutilation » et « une infortune singulière et privée », va d’une part abandonner le plaisir de la masturbation, refoulant certaines de ses pulsions sexuelles.
Un bouleversement intérieur violent est à l’ oeuvre, permettant à la petite fille de mener un combat contre ses penchants sexuels masturbatoires.
Du point de vue psychanalytique, on comprend fort bien les conséquences que peuvent revêtir la pratique ou l’abstinence de la masturbation précoce et le comportement des parents ceci en lien avec l’apparition d’une névrose et la formation du caractère.
L’abandon de la masturbation clitoridienne correspond au renoncement de l’activité phallique.

Finalement la petite fille prend conscience qu’elle n’est pas seule à être ainsi constituée; d’autres individus féminins, sa mère en particulier, sont ainsi faits.
Cela lui pose un problème car elle imaginait une mère phallique, toute puissante, à qui elle vouait un amour infini.
Mais cette mère tant aimée, admirée, apparaît soudain dépréciée, il lui manque quelque chose.
A ce moment-là, le garçon comme la fille, repositionnent leur désir.
Confronté au manque, l’enfant peut se trouver, parfois, dans l’incapacité de désirer l’objet, dévalorisé à ses yeux.
C’est ainsi que prennent naissance « névroses et perversions ».
Le complexe d’Oedipe et le complexe de castration sont liés différemment, suivant qu’il s’agisse de la fille ou du garçon.
Lorsque le garçon commence à éprouver du désir pour sa mère, et à vouloir éliminer son père, devenu rival, il se trouve au stade phallique.
C’est l’angoisse de castration qui va mettre un terme à ses tendances amoureuses, car il a peur de voir disparaître son pénis.
L’angoisse de castration, chez le garçon aboutit au déclin du complexe d’Oedipe.
Il va ensuite se tourner vers le Père, qui fait autorité et qui induit « Le Surmoi « del’enfant.
S’identifiant à son père, le garçon va intégrer « l’interdit de l’inceste ».
Ainsi , aucune menace ne pèse plus sur son pénis.
A l’inverse, l’angoisse de castration précipite la fille dans l’Oedipe.
Le désir du pénis l’attire vers son père.
Le développement de son « surmoi » tiendra plus aux réactions extérieures, l’éducation et dépendra surtout de sa peur d’un retrait d’amour.
C’est à partir de l’Oedipe que la féminité va lentement se déployer.
Entre 6 et 9 ans, elle vivra l’acmé de la relation triangulaire Oedipienne, fantasmant sur le désir d’enfant avec le père et ses envies de meurtre à l’encontre de sa mère.
Cependant, elle essaie de lui ressembler pour séduire le père.
Ce violent conflit cessera lorsqu’elle prendra conscience d’une incompatibilité entre son vagin et le sexe de son père.
Cela produit une « angoisse de viol » à laquelle elle mettra fin en abandonnant son désir du pénis paternel.
Ses pulsions génitales sont sublimées.
Il faudra attendre la puberté, pour qu’elle se détache complètement du père, et s’intéresse à des garçons de son âge.
Au moment de la puberté, vers 10 à 12 ans, la fillette doit surmonter une étape délicate liée à l’importance de l’image chez l’adolescent.
Les seins apparaissent, le cycle menstruel s’instaure et cette phase inscrit un tournant essentiel dans l’instauration de la féminité de l’enfant.
La jeune adolescente commence à se maquiller, à se vêtir de façon parfois originale et provocatrice.
Elle désire prendre l’aspect d’une femme pour solliciter les garçons, les attirer.
En abandonnant l’illusion d’une possible relation incestueuse, la fille s’ouvrira sur le monde et commencera à entretenir une vie sociale.
Cette période, au cours de laquelle les parents sont délaissés, et ne représentent plus réellement d’intérêt pour l’adolescente, peut être ponctuée d’incidences dépressives: la jeune fille peut être en proie à  » des pulsions de mort’, avoir des idées de suicide, en adoptant, parfois, certains comportements mortifères.
C’est aussi le temps de la masturbation de la puberté émaillée de fantasmes de viol et de rapt, jusqu’au jour de la première relation sexuelle avec un garçon.
Si le premier acte sexuel se passe bien, le processus de féminité aboutira à des orgasmes de plus en plus variés et profonds: orgasmes vaginaux et plus intimement orgasmes utéro-annexiels.
La jeune fille jettera son dévolu sur un époux correspondant à son idéal narcissique: c’est-à-dire un idéal masculin qu’elle aurait voulu atteindre, dans l’enfance, et auquel elle aurait voulu ressembler.
Si la phase oedipienne n’a pas été correctement dépassée, elle s’orientera vers un homme qui représente l’image du père.
On constate donc que l’évolution affective et le choix narcissique vont jouer un rôle capital dans le choix objectal.
Le besoin d’être aimée est pour la femme plus important que le besoin d’aimer.
La femme se réalisera aussi dans la maternité.
Selon Freud, la relation mère-enfant est le lien le plus extraordinaire et le plus cristallin.
Mais , toujours selon lui, c’est dans la relation « de mère à fils »que la femme s’épanouit le mieux et puise un bonheur parfait.
Il en tire la conclusion que « le manque de pénis » est toujours à l’ oeuvre.
Si la première expérience sexuelle se déroule mal ( manque de tendresse, mauvais choix), la jeune fille peut être traumatisée, souffrir d’une blessure narcissique et vivre l’acte comme un viol.

POINTS DE VUE LACANIENS
Jacques Lacan s’est intéressé à la conception de l’évolution de la sexualité en mettant l’accent sur le désir en rapport avec le désir de l’Autre.
Il s’est beaucoup appuyé sur les travaux de Mélanie Klein concernant la relation primordiale mère-enfant.
Les études de cette psychanalyste ont apporté un éclairage différent sur les relations précoces du bébé, cannibaliques et divisées ( morcellement ), avec les objets extérieurs, partiels, des « morceaux de mère ( ses mains, ses seins, les objets qu’elle manipule et nomme) ».
Mélanie Klein introduit l’idée de deux catégories d’objets: « les bons » et les « mauvais ».
Selon elle, l’angoisse de séparation et de perte d’objet s’inscrit dans sa conception des relations objectales et de sa théorie de l’angoisse.
Pour elle, l’angoisse est une réaction directe au travail interne de la pulsion de mort.
Il y aurait, selon Mélanie Klein, une angoisse persécutrice de l’ordre de la position paranoïde-schinoïde et une angoisse qui appartiendrait à la posture dépressive.
H.Segal ( 1979) précise:
 » L’angoisse fondamentale postulée par Freud concernant la perte d’objet pouvait être vécue selon Mélanie Klein sur l’un ou l’autre mode ou bien encore selon une quelconque combinaison des deux. »
Par exemple, l’objet est méchant et attaque, il persécute et est mauvais, car il se présente sous un mode paranoïde, et il reste bon, sur le mode dépressif, car on a peur, on éprouve de l’angoisse à l’idée de perdre le bon objet.
La première angoisse chez l’enfant décrite par Mélanie Klein, est la peur d’être anéanti par la pulsion de mort, elle est donc projetée à l’extérieur, d’où la notion de fantasme du mauvais objet et le bon objet protecteur est introjecté .
Les frustrations sont vécues comme des persécutions, les bonnes expériences se fondent dans le fantasme d’un objet idéal.
Dans ces chaos intérieurs, si le nourrisson est bien intégré, il peut avoir le souvenir d’un amour stable pour la mère aimée, qu’il se met à haïr quand elle disparaît.
La perte de l’objet reste cruelle, mais si l’amour concernant l’objet total, cela aura moins de conséquences sur le nourrisson.
En effet, les fluctuations entre l’angoisse de persécution, lorsque la haine est plus forte, et l’angoisse dépressive, lorsque l’amour l’emporte sur la haine, seront déterminantes.
Car la position dépressive marque un point capital entre le moment de fixation des psychoses et celui des névroses.
Selon Lacan, le monde est l’endroit où se localise le désir de l’Autre (lieu de l’Inconscient, en opposition à l’autre qui correspond au terme de congénère, auquel on est confronté dans le cadre d’une relation interpersonnelle).
L’enfant devra faire l’expérience de la localisation de ce désir de l’Autre.
L’extérieur ne pouvant se restreindre à un site « bon » ou « mauvais ».
Le sein, objet partiel, initialement objet de besoin, va se transformer en « parenthèse symbolique « de la mère réelle qui entoure le nourrisson et recèle dans son être tous les objets qu’elle peut contenir.
La mère est le premier objet symbolisé.
Suivant qu’elle apparaisse ou disparaisse ( le Fort/Da de Freud) elle se transformera, pour le sujet, non plus en objet de besoin, mais en objet d’amour.
Ainsi, la présence ou l’absence de la mère inscrira notamment l’enfant en tant que sujet désiré ou non, la question de la satisfaction des besoins reste en second plan.
C’est de la mère qu’émane ce Désir, si vital à l’enfant.
Ce qui est fondamental pour l’enfant, pour la petite fille, c’est ce qu’elle désire.
Elle va repérer son Désir dans celui de la mère ( l’Autre).
Le Désir se réfléchit, renvoie dans l’Autre, à un désir autre.
Au cours de la relation initiale mère-enfant, le nourrisson est très réceptif et décrypte les signaux provenant de la mère.
Le phallus, comme signifiant du désir se manifeste du côté de la mère.
Ceci induit un fond nouveau et occulte, un élément tiers.
La mère désire le Phallus, symbole de toutes les qualités attachées à l’organe masculin.
 » Car il faut un symbole à cette marge qui sépare tout être humain de son désir. Le symbole du manque, nécessaire pour introduire son désir dans le signifiant, est le phallus. » ( W. Granoff et F. Perrier).
C’est au moment où la petite fille va reconnaître son désir dans celui de sa mère que son évolution affective va s’enclencher.
Au cours de cette évolution, on distinguera trois phases capitales qui seront à l’origine du processus de mutation: on partira de l’imaginaire pour accéder au symbolique et à la réalité.
Dans un premier temps, le phallus, signifiant du désir, chemine conjointement dans la relation imaginaire avec la mère comme objet basique.
Ensuite, il prend sa place dans la triade symbolique avec la père, référence suprême, la mère s’en remettant à lui, en lui transmettant son rôle.
Ces profonds bouleversements sont couronnés par le complexe d’Oedipe.
Mais la fonction du Phallus ne peut être alors évaluée qu’au regard du complexe de castration.
Pour comprendre le processus de féminisation, il convient de faire un petit retour en arrière, au moment où la mère représente tout pour l’enfant et incarne le Désir.
Mais celle-ci désire le Phallus, le garçon comme la petite fille cherchant à inspirer le Désir à la mère vont d’abord tenter de s’identifier à cet objet qui capte tant la mère et essayer d ‘être le Phallus.
Dans cette évolution psycho-affective, le désir maternel est déterminant. Il déclenche l’identification.
Cependant, l’enfant s’aperçoit rapidement que cela ne suffit pas, la mère n’est pas comblée, elle continue à désirer ailleurs.
L’enfant sent qu’il y a « autre chose « .
C’est alors que surgit dans son esprit l’idée d’un tiers auquel la mère se réfère et qui canalise son désir.
Il s’agit là du concept du « Nom du Père ».
L’enfant ne se découvre pas encore en tant qu’homme, mais plus au sens d’une  » référence à une Loi ».
Dans sa quête, l’enfant rencontre l’Autre, qui le renvoie à l’Autre de l’Autre, c’est-à-dire, « la Loi ».
La mère désirante induit une Loi autre, qui n’est pas la sienne, ni celle de l’enfant.
C’est dans le discours de la mère que le Père intervient pour  » interdire ».
Ce rôle « d’ interdicteur « , le père le joue à deux niveaux:
- d’une part, s’adressant à l’enfant, il lui notifie: » tu ne seras pas le phallus, objet du désir de ta mère ».
– d’autre part, à l’attention de la mère, il énonce:
« tu ne réincorporeras pas ton enfant pour en faire ton phallus ».
Voilà ce qui signe  » l’interdit de l’inceste ».
Rarement l’enfant s’accommode aisément de cette Loi interdictrice.
Souvent, il continue, pendant un temps, à entretenir l’identification avec ce phallus rival.
L’enfant a beaucoup de mal à admettre, que la toute-puissance de la mère dans laquelle il l’avait installée, puisse soudain disparaître et s’avérer être un mirage et que, par ailleurs, une différence des sexes vienne démentir l’autonomie désirante de la mère.
A cette  » étape phallique primitive » l’enfant est confronté au dilemme: « être ou ne pas être le phallus ».
Si la Loi du Père échoue, cela peut donner naissance à une névrose obsessionnelle ou une perversion.
Classiquement, on observe que, dans un premier mouvement, l’enfant refuse l’idée de ne pas être l’unique objet de désir de la mère et qu’elle puisse se heurter au manque.
Dans un second mouvement, il prend conscience de la réalité, réalisant que le sexe féminin est différent et que la mère connaît une jouissance à laquelle il n’a pas accès et qu’elle partage avec le père.
C’est à ce moment-là que l’enfant finit par renoncer à son identification au phallus.
Non seulement le Père transmet la Loi et détient « le phallus symbolique, mais il est physiquement constitué d’un « pénis réel avec lequel il peut gratifier la mère, se la réappropriant à travers ce don de pénis.
L’avènement de la féminité dépend, pour l’enfant, de la reconnaissance de la singularité du sexe féminin.
Il doit aussi prendre conscience que c’est précisément cette singularité qui déclenche le Désir du Père.
Il ne s’agit plus, alors, pour l’enfant, d’être ou de ne pas être le phallus mais de
« l’avoir ».
Avec la découverte de la différence des sexes se manifeste le complexe de castration.
Cette période, décisive pour l’évolution l’enfant, atteste de la fugacité du phallus et de l’objet d’amour.
Il aimait une mère toute-puissante, phallique, elle est soudain destituée de son pouvoir quasi magique, et n’est plus qu’un objet de manque.
Tout ce qui la rendait désirable, à ses yeux, disparaît.
Un travail psychique important l’oblige à repositionner son désir par rapport au manque.
Pour la petite fille, ce manque est, en première instance, vécu comme une lésion corporelle, une blessure affreuse.
Elle fera l’impossible pour désavouer le caractère de non-retour de cette dissimilitude.
Parfois, c’est à l’instar de jeux érotiques d’enfants, au cours desquels garçons et filles se donnent en spectacle, dévoilant leur nudité, qu’elle prend réellement conscience de l’aspect irrémédiable de la conjoncture sexuelle.
Fascinée par le corps du garçon, l’envie de pénis la tenaille, ce qui, selon Freud, signe l’emblème symptomatique de la féminité.
Il arrive, cependant, que la petite fille reste fixée à la zone érogène clitoridienne, à son désir de pénis ou à la mère.
Ces fixations sont source de troubles.
Les phobies, entre autres, proviennent des ces ancrages non surmontés.
Le désir du pénis n’est pas conscient, il s’exprime sous forme de phobies, dont l’objet s’aménage à partir d’une transposition de vecteur.
Lorsque ces phases sont dépassées, et que tout se déroule normalement, la petite fille, animée de l’envie de pénis, va trouver une issue avec le père.
Lors de l’Oedipe et du transfert au Père, on assiste à une transformation de désirs.
Le désir d’un enfant du Père affleure, remplaçant l’envie de pénis, tel que Freud l’avait observé.
Cette phase, reste pour la petite fille, la plus difficile à franchir.
Psychologiquement, les mutations sont considérables et mobilisent une énergie psychique intense.
Elle se tourne vers un autre Objet d’amour, de sexe différent.
Et elle rentre dans une ère de passivité, parfois proche du masochisme, loin des instincts agressifs.
Piera Aulagnier pense que c’est une traversée primordiale pour la femme, et sa relation à la féminité.
Dans sa revendication, voire récrimination du pénis à la mère, la petite fille n’acceptait pas sa féminité.
Alors que l’émergence de son désir d’enfant correspond à une convocation de libido et une sollicitation d’amour dont la destination est le père.
La féminité se réalise dans le cadre de cette renversements psychiques qui sont le témoignage que la dissemblance sexuelle qui tatoue la fille et la révèle . C’est ce qui provoque « le désir le la promesse de don » chez l’homme.
La fille dépend alors de l’homme et de ce que « il doit lui être donne’.
C’est sa manière de se réconforter, en proie à l’angoisse de castration.
Le manque qu’elle ne peut symboliser devient le fondement du désir.
Dans la cause du désir de l’homme réside l’indice de la femme.
La femme a besoin d’un homme pour être reconnue.
Elle ignore ce qui fait qu’elle puisse être désirée, seul l’homme peut le formuler.
La féminité reste un secret pour la femme. L’homme la désire, il peut la renseigner sur la nature de son désir.
Au coeur de sa féminité, elle trouve le manque.
En amour, ce manque devient un don.
Elle désire et offre ce qu’elle ne détient pas et suscite le désir de l’homme.

APPROCHE JUNGIENNE ET TEMPERANCES
Cari Gustav JUNG s’interrogea, tout au cours de sa vie, sur les mystères de la nature humaine.
Il pressentit que la vérité de l’individu se cachait en lui-même, que chacun recelait les clefs de sa propre énigme.
Se tournant vers la psychiatrie, il travailla aux côtés d’ Eugen Bleuler, au Burghölzli et poursuivit des recherches, dans le cadre de sa thèse, sur  » La psychopathologie des phénomènes dits occultes ».
De sa rencontre avec Sigmund Freud naquit une profonde mais éphémère amitié.
Des désaccords théoriques concernant, entre autres, la conception de la libido, contribuèrent à la séparation de ces deux psychanalystes.
Seul, Carl Gustav JUNG traversa une crise troublante, au cours de laquelle « une confrontation avec l’inconscient » s’imposa.
Ceci fut le début d’une phase d’investigations aventureuses, pénibles qui déboucha sur l’inauguration d’une harmonie nouvelle basée sur la communication entre la conscience et l’inconscient.
C’est alors l’entrée définitive, pour Carl Gustav JUNG, dans un monde d’innovations et de découvertes.
Il dira un jour, à propos de cette phase douloureuse de maturation qu’elle fut: « la matière première de l’ oeuvre de ma vie ».
Elaborant une théorie de la structure de la psyché, Jung a une conception très dynamique de l’homme ( Werden / Wandlung).
Les rêves représentent pour lui comme pour Freud  » la voie royale vers l’inconscient », et « traduit un état de l’inconscient à un moment donné.
C’est avec le concept « d’inconscient collectif’ que Carl Gustav JUNG « s’enhardit », sur le plan théorique, par rapport à Sigmund FREUD.
Cet inconscient collectif s’exprime à travers les  » archétypes », que l’on pourrait définir comme des éléments primordiaux de la psyché humaine.
Ces structures préformées sont nourries par le flux de l’énergie psychique et se caractérisent par une dynamique particulière ; elles s’extériorisent de façons diverses et mouvantes, sous la forme  » d’images archétypiques ».
C’est dans ce contexte, qu’à côté des images parentales, apparaissent deux archétypes que je désire analyser de plus près parce qu’ils peuvent avoir une incidence dans la vie du couple: « l’anima et l’animus »
Ils représentent la polarité sexuelle complémentaire de l’individu.
Selon la théorie élaborée par Cari Gustav Jung, la femme aurait en elle une partie masculine inconsciente: l’animus.
Ce terme signifie souffle, vent, esprit.
L’animus de la femme s’est forgé au fil de ses expériences masculines, et peut prendre les traits du père, du frère.
Fondamentalement on peut dire que l’animus est influencé par le père de la femme.
On peut le repérer, par exemple, sous forme de convictions cachées et « sacrées ».
On voit alors une femme s’exprimer d’une voix forte, virile, tentant de faire accepter ce type de convictions, même par la force, ayant parfois recours à la violence. On sent quelque chose de dur, d’intraitable, d’entêté.
Même chez une femme très féminine on rencontre un obstacle infranchissable, froid. Un des thèmes de l’animus serait:
« La seule chose que je désire au monde, c’est d’être aimée, et il ne m’aime pas.  »
Ou encore:
« Il n’y a que deux issues à cette situation et elles sont également mauvaises ».
Ces idées  » vraies  » lorsqu’elles sont prises dans un contexte général, ne sont pas adaptées à la situation particulière de la femme, mais on peut les discuter, elles viennent du père.
Tout comme l’anima chez l’homme, que nous étudierons plus loin, l’animus peut devenir  » le démon de la mort ».
Un animus négatif peut entraîner la femme vers des désirs, des jugements sur le monde  » tel qu’il devrait être », l’empêchant de nouer de véritables liens avec la réalité et la vie active qui la feraient exister réellement.
C’est alors la mort, comme dans ce conte tzigane, où l’animus négatif est représenté.
 » un bel étranger est accueilli par une femme solitaire, bien qu’un rêve l’ait avertie que cet homme est le roi des morts. Et au bout d’un certain temps, elle le presse de lui révéler qui il est en réalité. Il refuse d’abord en disant qu’elle en mourra. Elle insiste, et brusquement, il lui révèle qu’il est la mort elle-même. La femme meurt aussitôt de peur ».
Mais l’animus négatif, c’est aussi  » le voleur ou le meurtrier  » dans les légendes. C’est Barbe-bleue qui assassine secrètement ses femmes.
Il représente toutes les pensées destructrices, froides, dont la femme peut être en proie. Les sentiments positifs n’existent plus, elle manigance de sombres projets, souhaitant la mort d’autrui.
Lorsque cette forme d’animus est à l’ oeuvre chez la femme, elle peut provoquer la mort dans son entourage, pousser l’époux vers le suicide, les enfants vers la maladie. La femme peut être  » possédée » pendant un temps, par cet animus négatif, qui la plonge dans des ruminations morbides, dans une grande insécurité psychique, et la dépouillant de tous sentiments humains.
Lorsqu’elle parvient à sortir de cette torpeur, elle se rend compte que sa réalité intérieure et que le monde extérieur sont différents de ce qu’elle croyait fermement.
Mais l’animus peut être très précieux quand il est positif.
Il établit alors des liens avec le Soi, par le biais d’une activité créatrice.
Le rêve d’une femme de quarante-cinq ans illustre cet aspect de l’animus:
 » Deux silhouettes voilées grimpent sur le balcon et pénètrent dans la maison. Elles sont enveloppées de manteaux noirs à cagoule et semblent vouloir nous tourmenter, ma soeur et moi. Ma soeur se cache sous le lit, mais les personnages en cagoule l’en chassent avec un balai et la mettent à la torture. Puis c’est mon tour. Celle de deux silhouettes qui commande me pousse contre le mur et fait des gestes magiques devant mon visage. Entre temps, l’autre dessine quelque chose sur le mur, et quand je le vois, je dis pour les amadouer :  » Oh que c’est bien dessiné! « . Mon tortionnaire a soudain le visage noble d’un artiste, et dit fièrement : « Oui, vraiment « , et commence à nettoyer ses lunettes. »
La femme était habituée au sadisme des personnages, car elle était souvent victime de crises d’angoisse au cours desquelles elle s’imaginait que ceux qu’elle aimait allaient disparaître, souffraient, ou bien se trouvaient en danger.
Ici l’animus est représenté par deux personnages, on peut alors penser que les malfaiteurs matérialisent un facteur psychique à double effet.
Dans la vie de la rêveuse, la soeur, très artiste, était morte jeune, sans avoir pu exprimer longtemps son talent.
Par la suite, dans le rêve, on apprend que les voleurs en cagoule sont en fait des artistes masqués, cachés.
En interprétant ce rêve, on voit que les attaques de panique trahissent un danger réel et mortel, mais en même temps l’éventualité d’une activité créatrice.
Si elle se laisse guider par le message du rêve, en développant son talent de peintre, l’animus persécuteur se métamorphosera en activité créatrice bénéfique.
L’animus peut se manifester sous la forme d’un groupe et prend un caractère collectif. Les femmes concernées disent alors  » on « , ou bien  » ils « ,  » tout le monde », insistant sur : » toujours »,  » il faudrait », « on doit ».
L’intégration de l’animus à la conscience est un processus long, ardu, douloureux, si mais la femme y accorde du temps, de la réflexion, elle se dégagera des influences inconsciente négatives et sera en mesure de se confronter à la réalité.
Cette aventure intérieure est symbolisée dans certains contes et mythes, où le prince, changé en monstre, ou en animal sauvage par une sorcière, ne peut être sauvé que par l’amour d’une jeune fille (  » La Belle et La Bête  » ).
Souvent elle ne doit rien connaître de lui, ni même son visage mais lui accorder toute sa confiance, l’aimer aveuglément pour qu’il retrouve son identité initiale.
Mais c’est à l’issue d’une série de péripéties compliquées, difficiles, empreintes de maux et d’afflictions que l’héroïne finit par délivrer le prince.
C’est alors que l’animus intégré devient un allié précieux.
Il dotera la femme de qualités masculines, comme  » l’initiative, le courage, l’objectivité et la sagesse spirituelle. »
Comme l’anima, que l’on analysera plus tard, on retrouve quatre stades de développement de l’animus.
Dans un premier temps il peut prendre l’apparence d’un athlète, représentant la force physique.
Puis, au deuxième niveau, c’est l’esprit d’initiative, et la qualité de pouvoir organiser l’action.
Au troisième stade, il s’agit du  » verbe « , il est personnifié par un professeur, un prêtre.
Enfin, au quatrième degré, l’animus, à son stade le plus élevé, correspond à la  » Pensée « .
Il donne à la femme une fermeté spirituelle, joue un rôle de soutien.
Parfois il permet à la femme de se mettre en relation avec l’évolution spirituelle de son temps et de développer une profonde sensibilité aux pensées créatrices.
Ces personnages intérieurs importants, inconscients, complémentaires, sont primordiaux, la femme doit aussi savoir accueillir  » l’homme intérieur ».
Il lui faut en prendre conscience et faire sienne cette image archétypique.
L’anima pour l’homme et l’animus pour la femme sont essentiels, car ils créent l’image du sexe opposé dans la psyché consciente, petit à petit, au moment de la phase de séparation d’avec les parents.
C’est au moment de l’adolescence, répétition de l’Oedipe, que se joue la période la plus importante de l’individu, par rapport aux imagos parentales.
A ce sujet, on peut noter que les divergences théoriques apparurent progressivement entre Freud et Jung, sur des points fondamentaux.
En, 1912, la publication de la deuxième partie du grand livre de Jung  » Métamorphoses et symboles de la libido » précisent ces différences de points de vues dont Freud a conscience.
Jung élargit le concept de  » libido » ( sorte de tension générale), sa spécificité sexuelle s’estompe et tend à faire de l’Oedipe un symbole et une métaphore supérieures. Si Freud considère d’Oedipe par rapport au père, Jung l’envisage par rapport à la mère.
Pour Jung, le mot  » Sphinx » éveille l’idée de secrets et de mystères. Il pose aussi des énigmes comme le Sphinx d’Oedipe, mais ce serait une représentation de l’imago maternelle,  » la mère terrible et dévorante ».
En répondant au Sphinx, Oedipe est précipité dans un inceste matriarcal.
Le Sphinx est l’enfant d’Echidna, être mixte, jolie Jeune femme par le haut, et serpent affreux par le bas.
Cet être double correspond à l’image de la mère, moitié humaine et digne d’être aimée, moitié monstrueuse et terrifiante.
A ce sujet, on peut évoquer les propos de Freud qui a toujours eu du mal à  » être une mère dans le transfert « .
Quant à l’analyse des rêves, même si les deux hommes se passionnèrent pour ce sujet, elle reste chez Jung une tentative d’appréhension du  » Tout « .
Pour lui, le rêve est une voie ouverte sur  » L’univers cosmique « , préexistante à l’homme et demeurant après lui.
Dans  » L’interprétation des rêves  » Freud essaie de décrypter la pathologie de la névrose à travers le rêve, dégageant les pensées latentes et inconscientes en deçà de la perception dans laquelle s’origine la représentation.
Jung développe un rapport singulier au Sacré que l’on ne trouve pas chez Freud. Cette relation au Sacré provoquerait chez l’homme le sentiment de  » numineux « . A ce sujet, il écrit:
 » La numinosité est totalement soustraite à la volonté consciente, car elle met le sujet dans un état de saisissement  » ( Ergriffenheit ).
Cette notion est un Intensitätfaktor émotionnel ou énergétique et présuppose la croyance en la religion, et l’expérience de la rencontre avec le divin.
Freud a un tout autre rapport à Dieu et à la religion.

III
L’AVENTURE DU COUPLE

REFLEXIONS LACANIENNES
Jacques Lacan a marqué la Psychanalyse en France, pendant plus de trente ans.
Dans ce passage nous nous intéresserons plus particulièrement à l’origine de sa théorie du stade du miroir, sa définition, à sa conception des liens qu’entretiennent l’inconscient et du langage, notamment à son concept de rapport sexuel dans le cadre de notre recherche sur l’idée du couple, ainsi qu’à certains éléments, liés à cette exploration, tels que le symbolique, l’imaginaire et le réel.
Ce psychanalyste n’a jamais laissé indifférent, choquant parfois par un style qualifié de précieux, malicieux, qui rend la lecture de son oeuvre quelquefois ardue, incommode.
On ne peut cependant l’ignorer.
Il a apporté à la Psychanalyse des concepts nouveaux, résultats de ses recherches personnelles, issus, entre autre, d’une connaissance approfondie des travaux de Freud.
C’est à partir de l’ oeuvre de Freud, qu’il a mis au point sa théorie personnelle, se démarquant ainsi du fondateur de la Psychanalyse.
Cependant, d’une part, il fait revivre Freud, le réactualisant, mais en faisant une relecture de ses propos, tout à fait insolite qui lui est propre.
Né à Paris, dans une famille catholique et bourgeoise, il fit des études de médecine et de psychiatrie.
Il admire Gaétan Gatien de Clérembeault et soutient une thèse intitulée : » la Psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité ».
C’est un homme érudit, doué d’un sens clinique particulier.
Il n’est pas sans ignorer la psychanalyse, mais, à cette époque, il n’appartient pas encore à cet univers.
C’est au XVI° congrès psychanalytique international de Marienbad qu’il entrera définitivement dans ce milieu, au moment de la divulgation de ses recherches sur :
« Le Stade du Miroir » ( formateur de la fonction du « Je » ).
Dans sa relecture des théories de Freud, Lacan porte son regard sur le concept de l’inconscient, qu’il redéfinira.
C’est le centre des débats.
L’introduction du stade du miroir dans la structure psychique est basée sur le cas d’un petit garçon, suivi, dit-on par Henri Wallon.
En fait, il est important de préciser, que le premier chercheur à avoir fait ce genre d’observation et de théorisation est Paul Abely, pour lui le signe du miroir témoigne de la schizophrénie, inscrivant l’alliance de la métaphore et de l’identification.
On ne peut qu’ évoquer Aristote qui disait:
 » Bien faire des métaphores, c’est voir du semblable ».
Malgré tout, le contexte social dans lequel vivait le psychiatre n’a peut-être permis la divulgation de ses travaux.
Mais, c’est bien Paul Abely, qui est à l’origine de cette théorie du miroir, travaillant à Ste Anne, Lacan aurait entendu parler de ses travaux.
Ce stade concerne la période de 6 à 18 mois de l’enfant, lorsqu’il est confronté à sa propre image face au miroir, et la jubilation qu’il manifeste quand il se reconnaît dans la représentation réfléchie , ou quand il s’identifie, se rencontre, dans le regard d’une autre personne familière.
Mais pour Lacan, le sujet se situe fondamentalement dans la parole, dont le rôle ne peut se concevoir qu’ à l’intérieur de l’espace symbolique du langage.
Lacan écrira:
 » L’inconscient ex-siste, se motive de la structure, soit du langage »
et encore:
« L’inconscient est structuré comme un langage ».
Lacan oriente la Psychanalyse vers la linguistique structurale et s’en référant à Ferdinand de Saussure, introduit le terme de signifiant et fondera une théorie de l’inconscient à partir de la procédure d’étude et d’intelligibilité saussurienne:
« signifiant/signifié ».
Ces deux notions sont indissociables: il y a d’une part, ce qu’on entend, ( le signifiant) et d’autre part ce qui est désigné ( le signifié).
Une barre inscrit le rapport entre ces deux idées, à la fois réunies et séparées, et en même temps à égalité.
Aucune formule ne l’emporte sur l’autre.
Mais Lacan déstabilise, détache ces deux notions, et prétend que le signifiant est indépendant par rapport au signifié.
L’image acoustique prédomine sur le sens, et la cause en serait le niveau symbolique que le langage induit, et où règne souverainement le signifiant.
La barre aurait pour Lacan une fonction déterminante, une certaine force s’opposant à la signification, l’entendement.
Ce serait un cap, un obstacle, quasi impossible à dépasser: c’est pour Lacan
 » l’impossible rapport entre les mots, entre l’homme et le monde, entre l’homme et le femme ».
La fonction de la barre serait aussi ce qui détermine la problématique du vivant et de la sexuation.
Pour Freud, il s’agissait du Phallus, en relation avec la castration.
Pour Lacan, le Phallus n’est ni une chose, ni un organe, niais un signifiant, un symbole dans le langage.
Le Phallus:
 » devient la barre qui (…) frappe le signifié, le marquant comme la progéniture
bâtarde de sa concaténation signifiante ».
Cependant, Lacan, certes structuraliste, demeure conscient que l’objet de la linguistique reste le langage et ne mène pas à l’inconscient.
La psychanalyste apporte une dimension à l’inconscient que la linguistique ignore:
« La primauté du signifiant sur le signifié est impossible à éluder de tout discours sur le langage, non sans qu’elle déconcerte trop la pensée pour avoir pu, même de nos jours, être affrontée par les linguistes (…). Seule la Psychanalyse est en mesure d’imposer à la pensée cette primauté en démontrant que le signifiant se passe de toute cogitation ».
Lacan sait que le psychanalyste ne fait pas de linguistique, pour lui le langage est
 » une élucubration du savoir ».
Même si le psychanalyste travaille à partir des distorsions de langage, de  » lalangue », comme dans les lapsus, les mots d’esprits…
 » J’imaginais, dira Lacan, en 1975, que la linguistique était une science (…) et, si je reconnais que l’inconscient ne peut d’aucune façon être abordé sans référence à la linguistique, je considère que j’ai ajouté mon effort à la pensée freudienne. »
Mais la structure ne se limite pas à ce que nous venons d’évoquer, et il importe d’invoquer, dans ce contexte, le symbolique, l’imaginaire et le réel.
Le symbolique figurerait l’espace du langage, et la vérité du sujet.
A cet endroit, selon Lacan, se retrouve la notion d’altérité: Autre Sexe, Autre inconscient…
L’imaginaire , établi à partir du stade du miroir, pourrait regrouper images, fantasmes, représentations…
Il s’agit d’une instance régie par le narcissisme, par le corps en tant qu’image, par la fantaisie et les fantasmes.
En analyse:  » le vrai voyage commence au-delà du miroir », car pour Lacan, le moi, ordre imaginaire, est un point de résistance.
Selon lui, l’inconscient ne résiste pas, mais il répète.
Le réel naît de la vie, selon Lacan, il n’est pas à confondre avec la réalité, car il s’agirait d’un fantasme.
Ce réel ne serait pas impénétrable, mais une force d’opposition s’exercerait à l’ encontre de son interprétation.
Ce réel prendrait  » son existence du refus » et ne serait pas  » pour être su ».
Lacan prétendait:
« Le réel, c’est l’impossible ».
Certains pensent qu’en analyse on le rencontre sous la forme du trauma et que Lacan a donné, à son réel, ce nom:
« Il n’y a pas de rapport sexuel »
Patrick Guyomard écrira à ce sujet:
 » Enoncé paradoxal, qui ne vise pas l’existence de la réalité contingente du rapport sexuel, ce qui serait une absurdité, mais la possibilité de le formuler dans la structure, d’écrire et de quantifier le rapport qu’entretient le sujet avec le sexe « .
Alors que pour Freud tout ce qui concerne l’inconscient est sexuel, car à l’origine les mots avaient ce sens et cela fait retour; pour Lacan, en référence à la horde primitive et le meurtre du père, l’origine serait liée à un manque structural.
Il n’y aurait pas de rapport sexuel et donc le sexe serait « ab-sens », hors de la signification et impossible à mettre en mots.
L’homme et la femme ne seraient pas complémentaires ( le langage renforcerait cette idée ).
Ainsi, selon Lacan, l’absence de cautionnement de différenciation sexuelle dans le langage, et donc de rapport sexuel possible, assurerait une éventuelle rencontre, sexuelle, fugace.
Le véritable rapport définitif, invariable consommerait la parfaite altérité de l’Autre, le réel.
Lacan aimait créer des effets de surprise et énonçait des phrases qui faisaient réagir, comme par exemple:
 » la femme n’existe pas, l’amour c’est donner ce qu’on n’a pas  »
ou encore, comme nous le voyons ici:
 » il n ‘y a pas de rapport sexuel ».
En fait, concernant cette dernière affirmation, il conviendrait de retenir le mot rapport, s’entendre sur sa définition, et étudier dans quelle mesure on peut le distinguer du mot relation.
Un homme peut avoir des relations sexuelles avec une femme, mais ne pas être en rapport avec elle.
Il peut souffrir de solitude dans le cadre de cette relation avec l’autre et son désir.
Dans le règne animal, c’est l’instinct qui régit la relation sexuelle, et l’accouplement s’opère suivant les Lois de la nature.
Chez l’Homme, ce qui peut sembler instinctif dans le désir ou l’amour est organisé autour d’ un passé, d’ une éducation, d’une culture.
Ces éléments définissent la nature de la relation et guident le sujet vers des choix inconscients de partenaires qui le mettent face à son histoire.
Il est confronté au désir de l’Autre, un profond mystère et à l’Amour, lorsqu’il a réussi à traverser le fantasme.

L’UNIVERS JUNGIEN
Si on se tourne à nouveau vers les écrits de Cari Gustav Jung , on peut observer d’un peu plus près sa conception de l’anima qui signifie: « âme ».
Il s’agit de l’élément féminin inconscient que l’homme porte en lui.
Ce personnage intérieur peut apparaître à travers les rêves d’un homme qui, ainsi prendra conscience d’une composante féminine de son inconscient.
Cet être symbolique est une personnification de tous les penchants psychologiques féminins de la psyché de l’Homme .
C’est, à un niveau très élevé, la force qui l’extrait de son monde rationnel.
Il s’agit, par exemple de l’ensemble du domaine sentimental, des états d’âmes diffus, de l’intuition prophétique, de la réceptivité à l’irrationnel, une certaine prédisposition à l’amour, tout ce qui touche à la perception intime de la nature et bien-sûr, les relations avec l’inconscient.
Ce n’est pas sans raison, qu’autrefois, on s’adressait à des prêtresses pour explorer les desseins des Dieux et se mettre en rapport avec eux.
Cette féminité a été fournie par les rencontres féminines que l’homme a pu faire au cours de sa vie: mère, soeurs,….
En principe, la nature de l’anima, à travers ses incarnations symboliques individuelles, est engendrée par la mère.
Si l’homme estime que sa mère a exercé sur lui un effet négatif, son anima se traduira par une susceptibilité pathologique, des dépressions, de l’irascibilité, une sensation de doute permanent, l’absence de sentiment de quiétude intérieure.
Cependant, si l’homme réussit à dépasser ces influences funestes, elles lui permettront de fortifier sa masculinité.
Cette image négative de la mère-anima renverra l’homme vers des ruminations intérieures destructrices telles que:
 » Je ne suis rien. Rien n’a de sens. Pour les autres c’est différent, mais moi … rien ne me fait
plaisir. »
Ainsi ces caractéristiques de l’anima peuvent être à l’origine d’un tempérament sombre, une tendance hypocondriaque.
L’homme peut aussi développer différentes angoisses: peur de l’impuissance, crainte d’accidents.
Toute sa vie est teintée de tristesse, peuplée de tourments.
Cela peut aboutir au suicide.
Son anima morbide l’entraîne vers la mort, il se présente alors sous les traits d’un personnage diabolique.
L’anima peut prendre alors la forme d’une séductrice, qui sème le trouble.
On peut observer des variétés d’anima essentiellement néfastes, destructrices et qui rendent l’Homme qu’elles enchaînent malheureux toute sa vie.
C’est par exemple Circé qui transforme en pourceaux les compagnons d’Ulysse, et  » la femme fatale » qui apparaît dans L’Atlantide de P.Benoît sous les traits d’ Antinéa.
C’est aussi la Lorelei allemande:
 » Ich weiss nicht,
Was soll es bedeuten
Dass ich so traurig bin
Ein Mârchen aus alter Zeiten Das kommt mir nicht
Aus dem Sinn … »
Un conte sibérien met bien en scène la posture que prend l’anima mortifère:
 » Un jour, un chasseur solitaire voit une belle femme émerger de la forêt profonde qui se trouve de l’autre côté de la rivière. Elle lui fait signe et chante: Oh viens, chasseur solitaire dans le silence du crépuscule,
Viens, viens! Tu me manques, tu me manques!
Maintenant, je vais t’embrasser, t’embrasser!
Viens, viens! Mon nid est tout proche, mon nid est tout proche.
Viens, viens, chasseur solitaire, maintenant dans le silence du crépuscule.
Le chasseur se dépouille de ses vêtements, traverse la rivière à la nage. Mais soudain, la femme transformée en chouette, s’envole avec un rire moqueur. H traverse la rivière pour reprendre ses vêtements, mais se noie dans l’eau glacée. »
Dans cette légende, l’anima évoque l’illusion utopique du bonheur, de l’amour, le retour au bien-être du bébé dans les moiteurs du nid maternel.
Mais l’homme est sur les traces d’un fantasme généré par un désir qui ne peut être satisfait.
Il existe une autre expression négative de l’anima chez l’homme, c’est par exemple, sa capacité à faire des critiques aiguisées, mordantes.
C’est aussi une impulsion à tout dévaloriser, à mettre du fiel dans ses petites remarques; une façon de déformer la réalité et de finement détruire.
En rapport avec ce type d’anima on peut se remémorer les contes nombreux, les films dans lesquels sont représentées de très belles femmes, dangereuses, qui empoisonnent ou tuent leurs amants lors de la première nuit d’amour.
A cette occasion, et de façon récente, on peut se souvenir de Sharon Stone, dans  » Basic Instinct ».
Plus traditionnellement, il s’agit de la croyance aux sorcières.
L’aspect froid, sans appel, de certains versants monstrueux de la nature humaine se reflète dans cette catégorie d’anima.
Si, d’aventure, l’homme a entretenu des relations positives avec sa mère, cela peut donner lieu à une anima singulière.
Il peut rester efféminé et se laisser manipuler toute la vie par les femmes, il sera dans l’impossibilité d’affronter la vie et ses exigences.
Son anima peut le rendre trop sentimental, ombrageux et pointilleux.
Une autre forme d’anima négative ressurgit dans certains contes où les princesses demandent à leurs soupirants de trouver la clef à différents mystères, ou de réaliser certaines prouesses.
S’ils n’y parviennent pas la mort les attend, et c’est ce qu’il se passe à chaque fois. L’anima, dans ce cas, porte l’homme à se perdre dans une problématique intellectuelle destructrice.
Il se laisse prendre au jeu des polémiques pseudo-intellectuelles, stériles, névrotiques qui l’empêche de voir la réalité et de vivre au présent.
Il « réfléchit » tellement sur la vie qu’il n’agit plus, il passe à côté de l’existence, ne réagit plus naturellement.
La texture fruste et primitive de l’anima se révélerait sous formes de fantasmes érotiques, qui deviendraient compulsifs dans la mesure où l’homme n’a pas assez développé et épanoui ses relations affectives, qui sont restées fixées à un stade infantile.
Il est demeuré affectivement immature.
Toutes ces configurations qui se rattachent à l’anima ont la capacité à se projeter sur le monde extérieur et l’homme pense alors que la femme est dotée de ces qualités.
C’est ce qui se passe dans  » le coup de foudre « , l’homme a le sentiment d’être en relation avec une personne qui lui est très familière, qu’au fond, il connaît depuis toujours.
Cela peut le précipiter dans un mariage malheureux, car c’est un malentendu.
Ce drame, lié à une méconnaissance de soi, viendrait là , au gré des secrets de l’inconscient, pour obliger l’homme à évoluer, à justement prendre conscience de ce qu’il rejette à l’extérieur de lui-même, et de s’approprier certains éléments inconnus de lui, pour les incorporer à sa vie active consciente.
Mais, dans un deuxième temps, l’anima revêt un aspect plus positif, elle peut symboliser l’initiatrice comme le traduisent les deux derniers vers de Faust:  » L’Eternel Féminin nous attire vers le haut ».
C’est grâce à elle que l’homme détecte l’épouse avec laquelle il pourrait vivre heureux.
C’est aussi grâce à son intervention, que l’homme, parfois en proie à sa pensée logique, à son raisonnement, réussit à sentir les actes cachés, enfouis, par l’inconscient.
Une fonction vitale de l’anima est de mettre la conscience en rapport avec les réelles qualités intérieures en ouvrant la voie à l’âme humaine de l’individu.
L’anima perçoit la parole du Grand Homme et joue un rôle de guide, de conciliateur entre le Moi, et l’univers intérieur, le Soi.
C’est alors l’incarnation de la déesse Isis, quand elle se dévoile en rêve à Apulée, dans  » Ane d’Or », dans le but de l’initier à une vie plus élevée, allant dans le sens de la spiritualité.
Pour expliquer cette fonction, Cari Gustav Jung, relate le rêve d’un psychothérapeute, qui avant de se coucher, pensait à la difficulté de ne pouvoir compter que sur soi, dans la vie, sans l’appui d’une église.
Protestant d’origine, il avait rompu tout lien avec cette religion, et éprouvait de la convoitise à l’égard de ceux qui pouvaient s’appuyer sur une communauté et y puiser un soutien maternant.
Voici le rêve:
 » Je me trouve dans l’aile d’une vieille église pleine de monde. Je suis assis avec ma mère et ma femme tout au bout de cette aile sur des sièges apparemment là en supplément.
Je dois célébrer la messe comme prêtre, et j’ai un grand livre de messe dans les mains, ou plutôt un livre de prière, ou une anthologie de poèmes. Ce livre ne m’est pas familier, et je n’arrive pas à trouver le texte requis. Je suis très agité car je dois commencer bientôt et, pour comble d’ennui, ma mère et ma femme me troublent par leur bavardage futile. Ensuite, les orgues s’arrêtent, et tout le monde m’attend. Je me lève donc avec résolution, et je demande à une des religieuses agenouillées derrière moi, de me donner son livre de Messe et de me montrer le texte convenable, ce qu’elle fait très obligeamment. Puis, comme si elle était une sorte de sacristain, cette religieuse me précède jusqu’à l’autel, qui est situé un peu derrière moi, vers la gauche, comme si nous venions d’une aile latérale. Le livre de Messe ressemble à une grande feuille illustrée, une sorte de tableau de trois pieds de long et d’un pied de large, et s’y trouve un texte, illustré d’images anciennes, en colonnes alignées côte à côte.
D’abord, la religieuse doit lire une partie de l’office, et je n’ai pas encore trouvé le bon endroit du texte. Elle m’a dit qu’il portait le numéro 15, mais les chiffres ne sont pas clairs, et je ne le trouve pas. Avec résolution, toutefois, je me tourne vers les fidèles et maintenant j’ai trouvé le numéro 15 ( l’avant-dernier sur le tableau ) bien que je ne sache pas encore si je serai capable de le déchiffrer. Je veux néanmoins essayer. Je me réveille. »
Ce rêve correspondrait, au niveau de la symbolique, à une réaction face aux inquiétudes de la veille du rêveur.
Le message serait:
« Vous devez devenir le prêtre de votre propre église intérieure, de l’église de votre âme. »
On entrevoit aussi le soutien dont jouit le rêveur, un espace sacré qui gît dans son âme.
Les fidèles, incarnant ses qualités psychiques, veulent qu’il devienne prêtre, et lui indiquent une voie intérieure à suivre.
Ce rêve dirait, en outre:
 » Votre fixation à la mère et votre extraversion ( représentée ici par une épouse extravertie ) vous troublent et vous donnent un sentiment d’insécurité en vous empêchant, par un bavardage dénué de sens, de célébrer votre messe intérieure. Mais si vous suivez la religieuse ( l’anima introvertie ) elle vous conduira comme un acolyte et un prêtre. Elle possède un étrange livre de messe composé de seize ( quatre fois quatre )images anciennes. Votre messe consiste dans la contemplation de ces images psychiques que votre anima religieuse vous révèle. »
En d’autres termes, le rêveur dépasse ses doutes, issus d’un complexe maternel.
L’ oeuvre de sa vie serait de l’ordre d’un office religieux et s’il s’attache à réfléchir sur la signification symbolique des représentations qui animent dans son esprit, il en prendra conscience.
Ici, l’anima positive joue le rôle d’un intermédiaire entre le Moi et le Soi.
Le nombre de quatre se rapporte aussi à l’anima, car selon C.G.Jung, il y aurait quatre stades de développement de l’anima.
Au premier degré, il s’agirait de liens essentiellement biologique et instinctuel. Eve pourrait complètement correspondre à cette transcription.
Au second rang, apparaît l’Hélène de Faust, matérialisant les principes romantiques, esthétiques, voire sexuels de la femme.
Le troisième plan coïnciderait avec l’image de la Vierge Marie, où l’amour ( Eros ) se confond avec l’ardeur spirituelle.
Enfin, le quatrième niveau, concorderait avec la sagesse, transcendant même la pureté et la sainteté, stade rarement atteint, que Mona Lisa exprimerait.
En fait, l’anima est en mesure de remplir » cette fonction positive, lorsque l’homme, se penchant sérieusement sur les sentiments, les humeurs, les désirs, les images que lui inspire l’anima, leur donne une forme, par exemple littéraire, picturale, plastique, musicale, ou chorégraphique. »
Cette anima-guide et médiateur de l’espace intime se retrouve souvent en littérature, on peut citer un texte mystique du Moyen-Age dans lequel l’anima se dévoile à son amoureux ainsi:
 » Je suis la fleur des champs, et le lys dans la vallée. Je suis la mère du bel amour, de la crainte, de la connaissance, de la sainte espérance… Je suis le médiateur des éléments qui les font s’accorder. Ce qui est chaud, je le rends froid et inversement. Ce qui est sec, je le rends humide et inversement, et ce qui est dur, je l’adoucis… Je suis la bouche du prêtre, la parole de celle du prophète, le conseil dans celle du sage. Je tue et je donne la vie, et nul ne peut échapper à ma main. »
Au Moyen-Age s’opéra une distinction de la nature féminine au niveau religieux, poétique, et en général à l’égard de toutes les activités culturelles.
Au cours de cette époque, la ferveur chevaleresque de la dame avait pour objectif d’isoler le versant féminin intrinsèque de l’homme d’avec ses relations avec la femme ainsi qu’avec son univers intérieur.
Le chevalier était lié à une anima ( porteuse du Graal) qu’il s’engageait à servir, puis cette image se confondit avec celle de la Vierge.
En Chine, il s’agit de la déesse Kwan Yin, en Inde ce même archétype est incarné par Shakti, Parvati, Rati…
L’Homme doit savoir reconnaître ses projections sinon il prend le risque de s’enliser dans des troubles sans fonds, il pourrait s’aliéner à ses légèretés érotiques et souffrir de la dépendance désastreuse d’une femme dans son quotidien.
C’est seulement, au moment où il en décide, que l’homme peut contourner la stagnation du processus d’individuation, en acceptant de considérer, avec sérieux, même si cela est source de déplaisir, ses phantasmes et ses sentiments.
C’est ainsi qu’il trouvera le sens caché de ses symboles, et se mettra alors en relation avec son monde intime.
L’anima est alors ce qu’elle a toujours été  » la femme dans l’homme », qui met en relation l’individu avec le Soi.
L’Homme doit savoir reconnaître son anima, sa féminité inconsciente; d’une part l’accepter , et d’autre part l’intégrer à sa personnalité.
C’est ainsi qu’il pourra se réaliser pleinement.
Dans le cadre du couple, un homme qui a bien intégré son anima, conscient d’une partie féminine de son être saura en mesure de mieux comprendre sa partenaire.
Il percevra mieux l’identité de celle qu’il aime.
Le dialogue pourra s’instaurer plus facilement, une communication de meilleure qualité sera perceptible.
Anima-animus sont des médiateurs importants de l’inconscient.
Par sa compréhension de sa relation à sa mère, l’homme peut avoir plus facilement accès à son anima et établir un dialogue intime avec elle.
Le Moi ferait ainsi une réelle rencontre avec un être psychique.
Cela s’intègre dans le processus d’individuation, une sorte d’auto-réalisation de Soi.
Il en va ainsi de la femme.
Lorsqu’elle a réussi l’unicité intime, ses relations avec les hommes seront différentes.
Elle sera plus apte à comprendre son partenaire, ayant reconnu cet autre en elle, et y ayant adhéré.
Les relations amoureuses ont alors plus de chance d’être satisfaisantes, les unions plus heureuses.
Si dans un couple, ce processus d’intégration ne s’est pas fait, on assiste à des difficultés conjugales.
Un partenaire aux prises avec son anima finira pas réveiller l’ animus de l’autre, et vice versa.
Dans ce cas anima et animus régressent au niveau le plus bas, les débats qui s’instaurent manquent d’élévation et de noblesse, ce qui génère une ambiance déplaisante teintée de courroux et turbulences émotionnelles.

REALITES BERGMANIENNES
Ce réalisateur suédois de cinéma a crée une oeuvre importante où prédominent, entre autres, les thèmes de l’angoisse, de la solitude, de l’amour et de la mort.
Il fait preuve d’un talent exceptionnel d’analyse des relations entre hommes et femmes.
Toute sa dialectique repose sur l’idée que la solitude de l’Homme est insoutenable et le fait inévitablement régresser jusqu’au stade du foetus.
C’est à ce moment-là que l’évènement du couple se produit, l’homme a besoin de la femme, mais d’une femme équivalente à lui-même.
La femme est au centre de l’univers bergmanien car elle est dotée de la capacité à mettre au monde.
Accouchements, avortements préoccupent le cinéaste qui les met en scène dans ses films, comme si cette notion faisait écho à la création artistique.
Donner naissance, mettre en scène, c’est aussi attendre la venue du « bébé ».
Les thèmes de la fécondité, de la maternité restent très présents dans son oeuvre.
Ingmar Bergman ne réduit pas le rôle de la femme, dans le couple, à sa fonction de génitrice.être un enfer.
On voit, quelquefois, les personnages s’enfermer dans la folie de leur amour et s’accompagner jusque dans la mort.
Dans son adaptation de la « Flûte enchantée », Bergman insiste sur la dimension initiatique.
Les pouvoirs de la nuit et du jour, du féminin et du masculin doivent se détacher, en d’autres ternies, il faut passer par l’épreuve du deuil, pour atteindre la plénitude de l’union.
L’homme et la femme cherchent à vivre profondément leur relation, recherchant une vérité ardente, une authenticité.
Cette façon enflammée de vivre le couple dans une sincérité sans limite n’est pas sans dangers.
Le cinéaste reste perpétuellement inassouvi dans sa quête d’authenticité, parfois cruel, toujours très lucide, il critique les fruits de ses recherches et se remet toujours en cause, ainsi que le couple, la nature qui le pétrit, et les lois qui le régissent.
Le réalisateur a mis en avant la question de la maturation dans le couple en rapport étroit avec la conscience de sa subtile vulnérabilité.
Il a une perception aiguisée de la fragilité de l’équilibre du couple, un état de précarité qui l’oblige à se renouveler, s’attiser, constamment.
Pour comprendre son oeuvre, il paraît nécessaire d’aborder d’un peu plus près la vie de l’homme.
Né à Uppsala, le 14 Juillet 1918, ce réalisateur et scénariste suédois a vécu une enfance solitaire, dans une vielle ville universitaire de province.
C’est un enfant rêveur, qui laisse libre court à ses fantaisies et à son imagination.
Son père, pasteur, lui fait visiter les églises des campagnes alentours et l’initie au cérémonial de la messe.
Nommé vicaire dans une autre paroisse, le chef de famille installe sa famille à Stockholm où Ingmar s’inscrit à l’Université.
Parallèlement à ses études, il monte des spectacles et devient, à 19 ans, le metteur en scène attitré du Théâtre de Master Olofsgarden.
Il a une culture immense, aime apprendre et est doué d’une mémoire prodigieuse; ainsi il retient par coeur de longues tirades et parfois se réserve certains rôles.
Mais il finit par se consacrer essentiellement à sa carrière de metteur en scène, laissant de côté sa vie d’acteur.
Jusque-là, il connaît peur le cinéma, assistant quelquefois à des projections.
La Seconde Guerre mondiale éclate, mais bien qu’observant une neutralité traditionnelle, la Suède est malgré tout victime d’un blocus économique et vit dans la peur liée aux graves désordres qui semblent régner dans les pays voisins et qu’elle ne peut empêcher.
En effet, Le Danemark et la Norvège, occupés par le Troisième Reich, ébruitent des scandales de barbaries et la Finlande lutte contre les Soviétiques.
Cette terreur , en rapport avec les informations officieuses concernant les génocides, plonge les intellectuels dans de profondes agitations.
Les écrivains s’expriment, les artistes se réunissent et Bergman est au coeur des évènements.
Il en restera marqué sa vie durant, et sera amené à écrire dans une revue d’avant-garde (Kaspernoveller) une série de nouvelles pessimistes et sarcastiques inspirée par des réflexions à propos de l’attitude , qualifiée par certains d’hypocrite, de son pays.
Des intellectuels en crise reprochent à la Suède de se cacher derrière un conformisme bourgeois et religieux.
Ingmar Bergman continue à composer des pièces, puis il écrit et dirige son premier film en 1945, orientant ainsi sa carrière vers le cinéma.
Son expérience d’homme de théâtre, son ouverture intellectuelle et artistique sur les autres contrées lui permettent de créer des personnages d’une grande richesse et d’ une finesse psychologique singulière.
Son talent réside dans le fait qu’il réussit à s’exprimer complètement par la pellicule, tournant de façon spectaculaire avec des acteurs pratiquement mis à nu.
Sa vie affective connaîtra de nombreux remous, il épousera en 1940 une danseuse, puis une femme de théâtre.
Par la suite, il se remariera plusieurs fois, et dira, que c’est en connaissance de cause, qu’il peut parler de la subjectivité féminine et de ses comportements intimes et secrets.
Cependant un des axes de son oeuvre restera le mystère de la féminité.
Travaillant autant pour le cinéma que pour la télévision, il va rencontrer de pénibles vicissitudes avec le fisc suédois qui semble prendre cet artiste  » pour un vulgaire exportateur de denrées de consommation courante ».
Harcelé par son percepteur suédois, il s’expatrie en Allemagne, réalisant alors des films étranges et noirs, en relation intime avec ce qu’il vit avec le fisc ( héros artistes persécutés, violentes dénonciations sociales et politiques) .
Peu à peu, les histoires avec le fisc se calment et Ingmar Bergman rentre en Suède, renouant avec son travail artistique familier.
En 1983, il présente « FANNY ET ALEXANDRE » comme étant son dernier film, sous la forme d’une fiction plus personnelle qu’artistique.
Mais l’année suivante, il réalise sa véritable oeuvre testamentaire avec « APRES LA REPETITION »:
« D’une anecdote qu’il élargit au fil des mots, de ces dialogues qui crépitent, et dont il a le secret, le réalisateur (…) plonge le spectateur dans les questions fondamentales qui opposent l’imaginaire et la réalité, la vérité et le mensonge, le travail artistique et la vie. » (Robert Grelier)
La vie d’Ingmar Bergman peuplée d’obsessions, et de bouleversements privés n’ont pas eu d’impact sur la foi qu’il nourrit en la femme.
Il croit en sa qualité salvatrice.
Issu d’un milieu où régnait le puritanisme et par ailleurs baignant dans une époque où l’affranchissement national était de rigueur, la sensualité pesante féminine de ses personnages reste associée à la tendresse.
En plein échec, il continue à fonder tous ses espoirs en la femme et ne cesse de l’interpeller.
Dans « Scener ur ett Äkttennskap » ( Scènes de la vie conjugale ), Liv Ullmann et Erland Josephson, après avoir traversé une vie de couple complexe, douloureuse mais riche, se retrouvent, à la fin du film, dans une petite cabane et se confient les secrets les plus intimes de leur être.
Le choix de cet endroit peut évoquer symboliquement le retour à l’animalité, à la nature primitive de l’homme, à sa vérité profonde à l’état brut, instinctuel, pulsionnel.
Bergman efface les traces de la civilisation…, il n’y a plus d’artifices, il ne reste qu’un Homme, une Femme, du Désir et de l’ Amour.
La problématique de la féminité dans le couple transparaît dans ces échanges et l’homme, pour se sentir bien, demande à la femme:
E.J.  » Plus de vérités premières?  »
L.U.  » C’est promis  »
E.J.  » Plus un mot sur ton champion d’orgasmes?  »
L.U. » Plus un mot  »
E.J.  » Tu pourras mettre en sourdine ce ton sentencieux?
L.U.  » Ce sera difficile mais j’essaierai  »
E.J.  » Ne serait-il possible, je dis bien possible, de ne pas m’écraser de ta force féminine?  »
L.U.  » Ce sera nécessaire.  »
E.J.  » Bien. Alors au lit….  »

EPILOGUE
Voilà, cette investigation est terminée… si tant est qu’on puisse dire les choses ainsi.
Car en matière de  » Savoir « , à son accès, je ne pourrai: jamais donner de convictions définitives.
La nature est merveilleuse, parfois, et on peut, d’aventure, observer de quoi elle est capable.
J’aimerais rapporter la légende d’un rabbin à qui un élève pose cette question:
 » Rabbi, dans le temps, il existait des hommes qui avaient vu Dieu face à face; pourquoi n’y en a-t-il plus aujourd’hui? « .
Le rabbin répondit:
« Parce que personne, aujourd’hui, ne peut plus s’incliner assez profondément « .
C’est dans ce contexte que j’avancerai l’hypothèse qu’il existe  » un rapport « , l’Homme et la Femme forment, certaines fois, un couple, dans lequel s’épanouit la Féminité.
A d’autres moments, on peut assister, à des éclipses du Sujet, mais cela ne doit pas obscurcir l’altérité de l’individu dans le couple.
Il existe une identité et une subjectivité féminines qui se confrontent de temps à autres, à des réalités sociales.
E. Tugenhat évoque la  » Selbstbewußtsein  » et la  » Selbstbestimmung  » de la femme ( Conscience de soi et détermination de soi ).
Et dans  » Moralenentwicklung und Ich-Identität  » J. Habermas écrit:
 » L’identité est produite par la socialisation, c’est-à-dire par ce fait que celui qui grandit ne s’intègre qu’une fois établi dans un système social déterminé, au-delà de l’appropriation des généralités symboliques. Plus tard, par contre, l’identité est assurée et développée par l’individuation, c’est-à-dire justement par une indépendance critique croissante par rapport aux systèmes sociaux « .
Le monde reste cependant mystérieux et insaisissable, lorsqu’il s’agit de l’Humain.
Pourtant une vie révélée, pleine est possible.
L’écriture ne permet pas toujours d’avoir la bonne distance, c’est peut-être dans le silence que l’on s’approche le plus de ces miracles, de ces secrets.
Le corps qui m’intéresse est celui dans lequel se logent les émotions, les plaisirs, les souffrances ; un corps réceptif, animé de sensations liées à ce qui se vit.
Sans ce corps, la femme méconnaît sa féminité.
Cela éveille en moi la conception de personnalité créatrice, tourmentée, enchaînée, partagée entre les Dieux et les Démons intérieurs:
« Honteusement
Une force nous arrache le cœur
Car chacun des dieux exige des sacrifices
Et quand on en a négligé un seul
Rien de bon n’en est jamais résulté »

a dit Hölderlin.

Travail de recherche écrit par Chantal POULAIN en Mai 2004

ANNEXES

FILMOGRAPHIE VISIONNEE

1948 HAMNSTAD ( Ville portuaire )
1950 SOMMARLEK ( Jeux d’été )
1952 SOMMAREN MED MONIKA (Un été avec Monika ou Monika et le Désir )
1957 SMULTRONSTÂLLET ( Les fraises sauvages )
1960 SASOM I EN SPEGEL ( A travers le miroir )
1961 NATTVARDSGÂSTERNA ( Lumière d’hiver ou Les Communiants )
1962 TYSNADEN ( Le silence )
1967 VARGTIMMEN ( L’heure du loup )
1968 SKAMMEN ( La honte )
1972 VISKINGAR OCH ROP ( Cris et Chuchotements )
1974 LA FLUTE ENCHANTEE
1974 SCENER ETT AKTENSEPT ( Scènes de la vie conjugale ) 1975 FACE A FACE ( Face to Face )
1978 SONATE D’AUTOMNE
1980 DE LA VIE DES MARIONNETTES
1948 HAMNSTAD ( Ville portuaire ) 1950 SOMMARLEK ( Jeux d’été )
1952 SOMMAREN MED MONIKA (Un été avec Monika ou Monika et le Désir )
1957 SMULTRONSTÂLLET ( Les fraises sauvages )
1960 SASOM I EN SPEGEL ( A travers le miroir )
1961 NATTVARDSGÀSTERNA ( Lumière d’hiver ou Les Communiants )
1962 TYSNADEN ( Le silence )
1967 VARGTIMMEN ( L’heure du loup ) 1968 SKAMMEN ( La honte )
1972 VISKINGAR OCH ROP ( Cris et Chuchotements )
1974 LA FLUTE ENCHANTEE
1974 SCENER ETT AKTENSEPT ( Scènes de la vie conjugale )
1975 FACE A FACE ( Face to Face ) 1978 SONATE D’AUTOMNE
1980 DE LA VIE DES MARIONNETTES

FILMOGRAPHIE EXHAUSTIVE

1945: KRIS ( Crise )
1946 : DET REGNAR PA VAR KARLEK ( Il pleut sur notre amour )
1947: SKEPP TILL INDIALAND ( Bateau pour les Indes ou L’éternel mirage ) 1947 : MUSIK I MORKER ( Musique dans les ténèbres) 1948: HAMNSTAD ( Ville portuaire )
1949 : TÛRST ( La soif ou La Fontaine d’Arethuse ) 1949 : TILL GLADJE ( Vers la joie)
1950: SOMMERLEK ( Jeux d’été )
1952 : KVINNORS VÂNTAN ( L’Attente des femmes )
1952: SOMMAREN MED MONIKA (Un été avec Monika ou Monika et le Désir ) 1953 : GYCLARNARS AFTON ( La nuit des forains ) 1954 : EN LEKTION I KARLEK ( Une leçon d’amour ) 1955 : KVINNDROM ( Rêve de femme )
1955 : SOMMARNATTENS LEENDE ( Sourire d’une nuit d’été ) 1956 : DET SJUNDE INSEGLET ( Le septième sceau ) 1957 : SMULTRONSTÂLLET ( Les fraises sauvages ) 1958 : NÂRA LIVET ( Au seuil de la vie )
1958 : ANSIKTET ( Le visage )
1959 : JUNGFRUKÀLLAN ( La source )
1960 : SASOM I EN SPEGEL ( A travers le miroir )
1961 : NATTVARDSGÂSTERNA ( Lumière d’hiver ou Les Communiants )
1962 : TYSNADEN ( Le silence )
1964 : FOR ATT INTE TALA OM GLA KVINNOR ( Pour ne pas parler de toutes ces femmes )
1965 : PERSONA
1967 : DANIEL ( un volet du film à sketches STIMULATIA également réalisé par Hans Abramson. Jorn Donner…)
1967 : VARGTIMMEN ( L’heure du loup )
1968 : SKAMMEN ( La honte )
1969: RITEN ( Le rite )
1969 : EN PASSION ( Une passion )
1970 : FARO-DOKUMENT ( Faro ) Reportage pour TV Suédoise
1971 : BEROGINGEN ( Le lien )
1972 : SCENES D’ UN MARIAGE ( Six films de 50 minutes pour la TV Suédoise ) 1972 : VISKINGAR OCH ROP ( Cris et Chuchotements )
1974 : LA FLUTE ENCHANTEE
1974 : SCENER ETT AKTENSEPT ( Scènes de la vie conjugale )
1975 : FACE A FACE ( Face to Face )
1977 : THE SERPENT EGG ( L’ Oeuf du serpent )
1978 : SONATE D’AUTOMNE
1980 : DE LA VIE DES MARIONNETTES
1983 : FANNY ET ALEXANDRE
1984 : APRES LA REPETITION

BIBLIOGRAPHIE

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Sigmund Freud,  » Trois Essais sur la Théorie de la sexualité », Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie 1905, Gallimard, Paris 1962, nouvelles traductions 1987
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Jacques Lacan, Le Séminaire, livre VII,  » L’éthique de la Psychanalyse », Seuil, 1986 Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XVII,  » L’envers de la Psychanalyse », Seuil, 1991 Jean Laplanche et J.B. Pontalis,  » Vocabulaire de la Psychanalyse », PUF, 1967
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Maya Malet,  » Cancer et Féminité « , Dossier JMS, Interet, Novembre 2003 Markus Reder und Andreas Lehofer,  » Die keirperliche Entwieklung in der Vorpubertât « , Übung aus Pâdagogischer Psychologie, Was versteht man unter kognitiver Entwieklung, Internet, Novembre 2003
Birgit Richard,  » Weiblichkeit als Fetisch », Internet, Novembre 2003 Thierry Simonelli,  » Lacan – La Théorie « Les Editions du Cerf, 2000
Ysé Tardan-Masquelier,  » Jung et la Question du Sacré « , Albin Michel, 1998 E. Tugendhat,  » SelbstbewuBtsein und Selbstbestirnmung « , Suhrkamp, 1979

Victoria, « L’annuaire au Féminin, Le Guide « , .Féminité et Image du Corps: Corps Ennemi, Corps Ami – Anorexie, Témoignage, Internet, Mars 2003

Carl Gustav Jung

Dimanche 2 mai 2010

La Femme  » psychanalytique »….

Jeudi 1 avril 2010

SEXUALITE FEMININE

La perplexité que l’on éprouve lorsque l’on se trouve face à la complexité du problème de la sexualité féminine tient, sans doute, à la diversité des approches possibles.
Les réflexions anatomique et génétique sur la différenciation sexuelle, les recherches sur l’embryon, portant sur l’origine d’une sexualité humaine, les découvertes de la physiologie à l’égard du sexe chromosomique et ses différences d’avec le sexe hormonal, la multitude des études faites de la biochimie à la médecine, produisent constamment des théories nouvelles, qui, à côté des élaborations conceptuelles issues des sciences humaines, tentent d’apporter une explication aux mystères de la vie pulsionnelle: la bisexualité de l’embryon n’a-t-elle pas son pendant sur le versant psychologique ?
L’hormone mâle ne serait-elle pas déterminante pour nous éclairer sur les origines du comportement sexuel masculin?
Les transformations du métabolisme féminin ne seraient-elles pas à la source de son attirance pour des objectifs passifs et du refoulement de ses instincts agressifs?
La psychanalyse s’intéresse à toutes les questions se rattachant à ce problème: l’énigme du désir chez la femme, la nécessité d’être désirée, l’impact de la différence anatomique des sexes sur le psychisme féminin…
Mais concernant les multiples conceptions médicales, leurs liens, on observe que la fonction sexuelle ne prend de sens que par rapport au Désir qui déclenche la pulsion. Pourtant Sigmund Freud, à l’issue de ses travaux, confiera que l’élucidation de la problématique de la sexualité féminine reste: « une tâche irréalisable »
La raison qu’il donne est la suivante:
 » Lorsque nous avons étudié les premières configurations psychiques que prend la vie sexuelle chez l’enfant, nous avons pris pour objet l’enfant de sexe masculin. Nous pensions qu’il doit en aller de même pour les petites filles, quoique, d’une certaine manière, différemment. On ne pouvait alors clairement constater où se révèle cette différence au cours du développement. »
Par ailleurs, les psychanalystes étaient le plus souvent des hommes, mais il apparaît, d’après les analystes femmes, qu’il y aurait quelque chose d’impossible à interpréter, concernant la femme.
Parmi elles, nous pouvons évoquer les travaux de Lou Andreas-Salomé, psychanalyste, intellectuelle, qui réalisa un parcours téméraire au sein de la modernité européenne: femme originale intégrée aux milieux littéraires cosmopolites, elle aura sa place, dès 1911, dans l’avènement de la psychanalyse.
L’histoire de cette femme est aussi celle d’une émancipation féminine.
Dans ses oeuvres littéraires, elle réaménage les traumatismes du passé, et va toujours dans le sens d’une indépendance.
Elle réussit à vivre librement ses relations amoureuses et sexuelles, alors que dans son couple avec Friedrich Carl Andreas, elle s’était longtemps refusée ce plaisir charnel.
Dans sa recherche existentielle, Lou Andreas-Salomé se crée sa propre philosophie de la vie, analysant l’art, l’amour, l’érotisme, la femme ( comme porteuse de vie, de désir et d’une maternité spirituelle ) .
Elle écrira:
 » La sexualité rayonne, au-delà de l’union charnelle et de la vie donnée, dans les sphères de la création artistique et de la religion  » .
Luce Trigaray a marqué son époque, et s’est essentiellement penchée sur le problème de la Féminité et l’articulation de la différence sexuelle.
Elle dit:
« Pourtant la femme ça parle. Mais pas pareil, pas même, pas identique à soi, ni à un x quelconque. »
ou encore:
 » La femme ne peut donc pas s’entendre. Et, si tout ce qu’elle dit est de quelque manière du langage, il ne le signifie pas pour autant  » .
et enfin:
 » La femme ne parle jamais pareil. Ce qu’elle émet est fluent, fluctuant, Flouant. Et on ne l’écoute pas, sauf à y perdre le sens ( du ) propre. D’où les résistances à cette voix qui déborde le sujet « .
Une autre psychanalyste s’est interrogée sur la sexualité dite normale par rapport à une normativité, il s’agit de Joyce Mac Dougall.
On ne peut définir un être par un acte, même s’il s’agit d’un acte symptôme, car ce symptôme peut correspondre à des structures différentes « .
Cette analyste conteste le terme  » pervers  » et introduit l’idée que la sexualité perverse n’est que l’expression d’une situation intérieure où s’entrecroisent angoisses, dépression, symptômes psychosomatiques et inhibitions.
Intéressants, sont aussi les travaux de Piera Aulagnier et Nathalie Saltzmann à ce sujet.

CONCEPTIONS FREUDIENNES
D’un point de vue psychanalytique, la sexualité repose sur la libido, force pulsionnelle sexuelle.
Selon Freud, elle est indifférenciée, il n’existerait pas de « libido féminine ». Il soutient le thèse d’un « monisme sexuel phallique »jusqu’à la puberté. Le clitoris est associé au pénis en tant qu’organe érotique. La petite fille ne découvrirait le vagin que plus tard.
La phase clitoridiennes pourrait cependant marquer la femme toute sa vie.
Pour devenir une femme, selon Freud, la fillette doit traverser des expériences douloureuses, qui lui demandent une élaboration psychique intense.
C’est avant la puberté que la petite fille devra dépasser deux situations, qui lui sont propres, et que le garçon ne rencontre jamais.
Les enfants des deux sexes franchissent les premiers stades de la libido de façon sensiblement égale.
Ces stades prégénitaux, participent à l’organisation libidinale et correspondent au développement affectif de l’enfant.
Les stades oral, anal, phallique se succèdent ainsi que les zones érogènes qui leur sont associées.
Jusque-là, tout reste immature. Ces phases composent l’humain, et l’apprêtent à devenir un être géniteur.
Les zones érogènes se définissent nettement, et la masturbation clitoridienne devient préférentielle.
Mais au fur et à mesure que la féminité apparaît, le sensibilité du clitoris devrait devenir moins forte que celle du vagin.
C’est en cela que réside la première complication que la fillette doit surmonter par rapport au garçon, qui lui, prolongera cette activité sexuelle au cours de sa maturité.
La sensibilité érotique phallique du petit garçon se développera tout au long de sa vie d’homme, alors que pour devenir femme, un changement, à ce niveau, doit advenir chez la fillette.
Jacques André, psychanalyste et professeur à l’Université Paris VII, s’est lui aussi, intéressé à cette évolution.
La deuxième différence et difficulté qui se trouve sur les chemins de la fillette à destination de la féminité, est la mutation d’objet d’amour.
Le garçon ne connaîtra jamais ce bouleversement.
En effet, la mère est le premier objet d’amour, aussi bien pour le garçon que pour la petite fille.
Elle satisfait les besoins essentiels du nourrisson, avant l’Oedipe, elle est investie d’un pouvoir fabuleux.

Voici ce que Freud écrit à ce sujet:
 » Les sentiments libidinaux de la fille pour sa mère sont multiples et persistent pendant les trois stades de la sexualité infantile. Ils prennent le caractère de chacun d’eux en s’exprimant par des désirs oraux, sadiques anaux et phalliques. Ces désirs traduisent des émotions actives ou passives, et si on les rapportent à la différenciation ultérieure des sexes, on est en droit de les qualifier soit de virils, soit de féminins. En outre, étant ambivalents, ils sont à la fois tendres et agressivement hostiles. Il n’est pas facile de formuler en quoi consistent ces désirs sexuels. Le plus nettement perceptible est le désir de faire un enfant à la mère et d’en avoir un d’elle. Ces deux désirs datent de la période phallique et leur surprenante présence est prouvée, de façon formelle, dans l’observation psychanalytique. »
On parle même de fantasme de séduction par la mère, sans doute en raison des soins corporels donnés par la mère à la petite fille et qui suscitèrent les premiers émois sensuels génitaux.
La fillette doit cependant renoncer à cet attachement passionné à la mère, pour se tourner vers le père.
Cet arrachement se fait dans la douleur, souvent sous forme d’agressivité, de haine et de reproches.
Cette révolte peut parfois durer toute la vie, les reproches portent sur le manque d’amour de la mère : la mère n’a pas assez de lait pour nourrir le bébé.

D’autres fois, c’est la venue d’un autre enfant qui fait l’objet de la condamnation de la mère. La jalousie haineuse anime la petite fille, elle se sent abandonnée.
L’intensité des sentiments des enfants est sans limite, ils sont possessifs, et leur amour passionné est exclusif
En fonction des stades de la libido, les désirs sexuels de le petite fille se transforment. Malheureusement, ils ne peuvent être comblés.
Face à cette frustration des désirs non satisfaits, l’enfant développerait une agressivité à l’égard de la mère, la rendant responsable de cette frustration.
La rupture décisive se produirait à la phase phallique, au moment où la mère interdirait la masturbation à la petite fille.
Souvent la mère condamne, menace l’activité sexuelle de l’enfant qui finit par se
détacher définitivement, renonçant à cette forte fixation à la mère.
 » On pourrait penser, note Freud, que ces motifs suffisent à expliquer pourquoi la fillette se détache de la mère: la nature même de la sexualité infantile, l’excès des exigences amoureuses, l’impossibilité de satisfaire les désirs sexuels,
voilà ce qui provoque inéluctablement cette volte-face. On peut penser que ce lien est appelé à disparaître, du fait, justement, qu’il est le premier, car les investissements objectaux précoces sont toujours extrêmement ambivalents et l’amour puissant ne manque jamais de s’accompagner d’une forte tendance agressive. Les déceptions amoureuses, les renoncements seront d’autant plus sensibles à l’enfant, qu’il aura aimé avec plus de passion. Finalement l’hostilité accumulée doit l’emporter sur l’amour. On peut, aussi, nier l’ambivalence primitive, des investissements amoureux et démontrer que l’irrémédiable disparition de l’amour infantile est due à la nature particulière du rapport mère-enfant, l’éducation la plus indulgente ne pouvant qu’exercer une contrainte. Toute atteinte à sa liberté provoque, chez
l’enfant, une réaction qui se manifeste par une tendance à la révolte et à l’agression ».
Mais cette thèse ne peut être soutenue si on considère que le petit garçon connaît les mêmes sentiments hostiles et négatifs à l’égard de sa mère et reste cependant attaché à son premier objet d’amour.
C’est l’angoisse de castration qui reste l’élément spécifique chez la fille et qui agit comme facteur déterminant au détachement maternel.
Vers l’âge de 2 ou 3 ans, découvrant la différence des sexes, la petite fille en veut à sa mère de ne pas l’avoir dotée d’un pénis.
Pour le garçon, l’angoisse de castration est vécue différemment: en voyant le sexe féminin, il en arrive à penser que le pénis n’est pas forcément un élément du corps humain.
Lui reviennent à l’esprit les menaces proférées à l’époque de sa masturbation et craint la mise en actes de ces intimidations.
L’effroi éprouvé à l’idée de cette castration deviendra, à partir de ce moment-là, un ressort puissant pour le développement ultérieur du petit garçon.
Le retentissement de l’angoisse de castration pour la petite fille sera fondamental pour son évolution .

La situation n’est pas toujours facile à accepter, certaines petites filles caressent l’illusion d’avoir un jour un pénis.
Ce désir peut rester graver dans l’inconscient, ne jamais quitter la fillette devenue adulte, et la mener à entreprendre une analyse.
L’expérience de la castration représente pour la petite fille l’entrée dans la féminité, mais c’est aussi l’origine des névroses et des perversions.
A partir de la découverte de la différence des sexes plusieurs possibilités s’offrent à la fillette.
Ou bien elle s’orientera vers une féminité normale.
Ou bien elle s’engagera sur les chemins de la névrose en réagissant à la castration par l’inhibition sexuelle.
Ou bien on assistera à un changement dans son caractère, et elle développera un complexe de virilité.
Dans l’éventualité d’une féminité normale, lorsque l’enfant , à l’issue de la phase phallique, n’a pas trop endigué ses pulsions sexuelles, les transformations opérées doivent concourir à une organisation normale de la féminité.
Une poussée de passivité envahit la petite fille qui se sent, naturellement, attirée par son père.
Symboliquement, cet enfant tiendrait lieu de « penisersatz »:
On remarque que même lorsque la féminité s’est bien épanouie, ce désir de pénis survit chez la femme.
Ce désir de pénis ne correspondrait-il pas, s’interroge Freud, à  » un élément typiquement féminin ? « .
Au cours de cette période, c’est-à-dire, vers trois ans, la petite fille, découvrant son désir d’enfant et de pénis du père, va commencer à vivre l’Oedipe, éprouvant à l’égard de la mère des sentiments agressifs liés à la situation de rivalité.
Elle entre en compétition avec elle, jalouse de ce que le père lui accorde.
Elle aimerait prendre sa place pour jouir des faveurs dont son père la gratifie.
La situation Oedipienne est pour la fille l’issue d’une série d’épreuves douloureuses et d’un lent développement.
Cette phase est pour elle une sorte de répit passager.
Dans la deuxième situation, contestant l’évidence de la castration, la fillette déploie  » un complexe de virilité ».
N’abandonnant pas leur activité clitoridienne, elles prennent des attitudes de garçons et tentent de s’identifier à une mère phallique ou au père.

Freud explique, entre autre, ainsi l’origine de l’homosexualité.
Mais d’autres psychanalystes ont pu observer, dans leur pratique, que l’homosexualité n’était pas une conséquence directe du complexe de castration.
Certaines fois la fillette vit l’Oedipe avec son père, mais ne le surmonte’ pas et régresse jusqu’au complexe de virilité.
L’étude des couples homosexuels nous indique qu’ils jouent soit à la mère et l’enfant, soit au mari et à l’épouse.
Ce sont les traces laissées par la traversée de ces deux phases de l’évolution de la sexualité féminine.
Dans le troisième cas, l’enfant, souffrant d’une blessure narcissique à travers ce qu’elle peut vivre comme une « mutilation » et « une infortune singulière et privée », va d’une part abandonner le plaisir de la masturbation, refoulant certaines de ses pulsions sexuelles.
Un bouleversement intérieur violent est à l’ oeuvre, permettant à la petite fille de mener un combat contre ses penchants sexuels masturbatoires.
Du point de vue psychanalytique, on comprend fort bien les conséquences que peuvent revêtir la pratique ou l’abstinence de la masturbation précoce et le comportement des parents ceci en lien avec l’apparition d’une névrose et la formation du caractère.
L’abandon de la masturbation clitoridienne correspond au renoncement de l’activité phallique.

Finalement la petite fille prend conscience qu’elle n’est pas seule à être ainsi constituée; d’autres individus féminins, sa mère en particulier, sont ainsi faits.
Cela lui pose un problème car elle imaginait une mère phallique, toute puissante, à qui elle vouait un amour infini.
Mais cette mère tant aimée, admirée, apparaît soudain dépréciée, il lui manque quelque chose.
A ce moment-là, le garçon comme la fille, repositionnent leur désir.
Confronté au manque, l’enfant peut se trouver, parfois, dans l’incapacité de désirer l’objet, dévalorisé à ses yeux.
C’est ainsi que prennent naissance « névroses et perversions ».
Le complexe d’Oedipe et le complexe de castration sont liés différemment, suivant qu’il s’agisse de la fille ou du garçon.
Lorsque le garçon commence à éprouver du désir pour sa mère, et à vouloir éliminer son père, devenu rival, il se trouve au stade phallique.
C’est l’angoisse de castration qui va mettre un terme à ses tendances amoureuses, car il a peur de voir disparaître son pénis.
L’angoisse de castration, chez le garçon aboutit au déclin du complexe d’Oedipe.

S’identifiant à son père, le garçon va intégrer « l’interdit de l’inceste ».
Ainsi , aucune menace ne pèse plus sur son pénis.
A l’inverse, l’angoisse de castration précipite la fille dans l’Oedipe.
Le désir du pénis l’attire vers son père.
Le développement de son « surmoi » tiendra plus aux réactions extérieures, l’éducation et dépendra surtout de sa peur d’un retrait d’amour.
C’est à partir de l’Oedipe que la féminité va lentement se déployer.
Entre 6 et 9 ans, elle vivra l’acmé de la relation triangulaire Oedipienne, fantasmant sur le désir d’enfant avec le père et ses envies de meurtre à l’encontre de sa mère.
Cependant, elle essaie de lui ressembler pour séduire le père.
Ce violent conflit cessera lorsqu’elle prendra conscience d’une incompatibilité entre son vagin et le sexe de son père.
Cela produit une »angoisse de viol » à laquelle elle mettra fin en abandonnant son désir du pénis paternel.
Ses pulsions génitales sont sublimées.
Il faudra attendre la puberté, pour qu’elle se détache complètement du père, et s’intéresse à des garçons de son âge.
Au moment de la puberté, vers 10 à 12 ans, la fillette doit surmonter une étape délicate liée à l’importance de l’image chez l’adolescent.
Les seins apparaissent, le cycle menstruel s’instaure et cette phase inscrit un tournant essentiel dans l’instauration de la féminité de l’enfant.
La jeune adolescente commence à se maquiller, à se vêtir de façon parfois originale et provocatrice.
Elle désire prendre l’aspect d’une femme pour solliciter les garçons, les attirer.
En abandonnant l’illusion d’une possible relation incestueuse, la fille s’ouvrira sur le monde et commencera à entretenir une vie sociale.
Cette période, au cours de laquelle les parents sont délaissés, et ne représentent plus réellement d’intérêt pour l’adolescente, peut être ponctuée d’incidences dépressives: la jeune fille peut être en proie à  » des pulsions de mort’, avoir des idées de suicide, en adoptant, parfois, certains comportements mortifères.
C’est aussi le temps de la masturbation de la puberté émaillée de fantasmes de viol et de rapt, jusqu’au jour de la première relation sexuelle avec un garçon.
Si le premier acte sexuel se passe bien, le processus de féminité aboutira à des orgasmes de plus en plus variés et profonds: orgasmes vaginaux et plus intimement orgasmes utéro-annexiels.
La jeune fille jettera son dévolu sur un époux correspondant à son idéal narcissique: c’est-à-dire un idéal masculin qu’elle aurait voulu atteindre, dans l’enfance, et auquel elle aurait voulu ressembler.

Si la phase oedipienne n’a pas été correctement dépassée, elle s’orientera vers un homme qui représente l’image du père.
On constate donc que l’évolution affective et le choix narcissique vont jouer un rôle capital dans le choix objectal.
Le besoin d’être aimée est pour la femme plus important que le besoin d’aimer.
La femme se réalisera aussi dans la maternité.
Selon Freud, la relation mère-enfant est le lien le plus extraordinaire et le plus cristallin.
Mais , toujours selon lui, c’est dans la relation « de mère à fils »que la femme s’épanouit le mieux et puise un bonheur parfait.
Il en tire la conclusion que « le manque de pénis » est toujours à l’ oeuvre.
Si la première expérience sexuelle se déroule mal ( manque de tendresse, mauvais choix), la jeune fille peut être traumatisée, souffrir d’une blessure narcissique et vivre l’acte comme un viol.

POINTS DE VUE LACANIENS
Jacques Lacan s’est intéressé à la conception de l’évolution de la sexualité en mettant l’accent sur le désir en rapport avec le désir de l’Autre.
Il s’est beaucoup appuyé sur les travaux de Mélanie Klein concernant la relation primordiale mère-enfant.
Les études de cette psychanalyste ont apporté un éclairage différent sur les relations précoces du bébé, cannibaliques et divisées ( morcellement ), avec les objets extérieurs, partiels, des « morceaux de mère ( ses mains, ses seins, les objets qu’elle manipule et nomme) ».
Mélanie Klein introduit l’idée de deux catégories d’objets: « les bons » et les « mauvais ».
Selon elle, l’angoisse de séparation et de perte d’objet s’inscrit dans sa conception des relations objectales et de sa théorie de l’angoisse.
Pour elle, l’angoisse est une réaction directe au travail interne de la pulsion de mort.
Il y aurait, selon Mélanie Klein, une angoisse persécutrice de l’ordre de la position paranoïde-schinoïde et une angoisse qui appartiendrait à la posture dépressive.
H.Segal ( 1979) précise:
 » L’angoisse fondamentale postulée par Freud concernant la perte d’objet pouvait être vécue selon Mélanie Klein sur l’un ou l’autre mode ou bien encore selon une quelconque combinaison des deux. »

Par exemple, l’objet est méchant et attaque, il persécute et est mauvais, car il se présente sous un mode paranoïde, et il reste bon, sur le mode dépressif, car on a peur, on éprouve de l’angoisse à l’idée de perdre le bon objet.
La première angoisse chez l’enfant décrite par Mélanie Klein, est la peur d’être anéanti par la pulsion de mort, elle est donc projetée à l’extérieur, d’où la notion de fantasme du mauvais objet et le bon objet protecteur est introjecté .
Les frustrations sont vécues comme des persécutions, les bonnes expériences se fondent dans le fantasme d’un objet idéal.
Dans ces chaos intérieurs, si le nourrisson est bien intégré, il peut avoir le souvenir d’un amour stable pour la mère aimée, qu’il se met à haïr quand elle disparaît.
La perte de l’objet reste cruelle, mais si l’amour concernant l’objet total, cela aura moins de conséquences sur le nourrisson.
En effet, les fluctuations entre l’angoisse de persécution, lorsque la haine est plus forte, et l’angoisse dépressive, lorsque l’amour l’emporte sur la haine, seront déterminantes.
Car la position dépressive marque un point capital entre le moment de fixation des psychoses et celui des névroses.
Selon Lacan, le monde est l’endroit où se localise le désir de l’Autre (lieu de
l’Inconscient, en opposition à l’autre qui correspond au terme de congénère, auquel on est confronté dans le cadre d’une relation interpersonnelle).

L’enfant devra faire l’expérience de la localisation de ce désir de l’Autre.
L’extérieur ne pouvant se restreindre à un site « bon » ou « mauvais ».
Le sein, objet partiel, initialement objet de besoin, va se transformer en GL parenthèse symbolique « de la mère réelle qui entoure le nourrisson et recèle dans son être tous les objets qu’elle peut contenir.
La mère est le premier objet symbolisé.
Suivant qu’elle apparaisse ou disparaisse ( le Fort/Da de Freud) elle se transformera, pour le sujet, non plus en objet de besoin, mais en objet d’amour.
Ainsi, la présence ou l’absence de la mère inscrira notamment l’enfant en tant que sujet désiré ou non, la question de la satisfaction des besoins reste en second plan.
C’est de la mère qu’émane ce Désir, si vital à l’enfant.
Ce qui est fondamental pour l’enfant, pour la petit fille, c’est ce qu’elle désire.
Elle va repérer son Désir dans celui de la mère ( l’Autre).
Le Désir se réfléchit, renvoie dans l’Autre, à un désir autre.
Au cours de la relation initiale mère-enfant, le nourrisson est très réceptif et décrypte les signaux provenant de la mère.
Le phallus, comme signifiant du désir se manifeste du côté de la mère.

Ceci induit un fond nouveau et occulte, un élément tiers.
La mère désire le Phallus, symbole de toutes les qualités attachées à l’organe masculin.
 » Car il faut un symbole à cette marge qui sépare tout être humain
de son désir. Le symbole du manque, nécessaire pour introduire son désir dans le signifiant, est le phallus. ( W. Granoff et F. Perrier).
C’est au moment où la petite fille va reconnaître son désir dans celui de sa mère que son évolution affective va s’enclencher.
Au cours de cette évolution, on distinguera trois phases capitales qui seront à l’origine du processus de mutation: on partira de l’imaginaire pour accéder au symbolique et à la réalité.
Dans un premier temps, le phallus, signifiant du désir, chemine conjointement dans la relation imaginaire avec la mère comme objet basique.
Ensuite, il prend sa place dans la triade symbolique avec la père, référence suprême, la mère s’en remettant à lui, en lui transmettant son rôle.
Ces profonds bouleversements sont couronnés par le complexe d’Oedipe.
Mais la fonction du Phallus ne peut être alors évaluée qu’au regard du complexe de castration.
Pour comprendre le processus de féminisation, il convient de faire un petit retour en arrière, au moment où la mère représente tout pour l’enfant et incarne le Désir.

Désir à la mère vont d’abord tenter de s’identifier à cet objet qui capte tant la mère et essayer d ‘être le Phallus.
Dans cette évolution psycho-affective, le désir maternel est déterminant. Il déclenche l’identification.
Cependant, l’enfant s’aperçoit rapidement que cela ne suffit pas, la mère n’est pas comblée, elle continue à désirer ailleurs.
L’enfant sent qu’il y a « autre chose « .
C’est alors que surgit dans son esprit l’idée d’un tiers auquel la mère se réfère et qui canalise son désir.
Il s’agit là du concept du « Nom du Père ».
L’enfant ne se découvre pas encore en tant qu’homme, mais plus au sens d’une  » référence à une Loi ».
Dans sa quête, l’enfant rencontre l’Autre, qui le renvoie à l’Autre de l’Autre, c’est-à-dire, « la Loi ».
La mère désirante induit une Loi autre, qui n’est pas la sienne, ni celle de l’enfant.
C’est dans le discours de la mère que le Père intervient pour  » interdire ».
Ce rôle « d’ interdicteur « , le père le joue à deux niveaux:
- d’une part, s’adressant à l’enfant, il lui notifie: » tu ne seras pas le phallus, objet du désir de ta mère ».
– d’autre part, à l’attention de la mère, il énonce:
« tu ne réincorporeras pas ton enfant pour en faire ton phallus ».
Voilà ce qui signe  » l’interdit de l’inceste ».
Rarement l’enfant s’accommode aisément de cette Loi interdictrice.
Souvent, il continue, pendant un temps, à entretenir l’identification avec ce phallus rival.
L’enfant a beaucoup de mal à admettre, que la toute-puissance de la mère dans laquelle il l’avait installée, puisse soudain disparaître et s’avérer être un mirage et que, par ailleurs, une différence des sexes vienne démentir l’autonomie désirante de la mère.
A cette  » étape phallique primitive » l’enfant est confronté au dilemme: « être ou ne pas être le phallus ».
Si la Loi du Père échoue, cela peut donner naissance à une névrose obsessionnelle ou une perversion .
Classiquement, on observe que, dans un premier mouvement, l’enfant refuse l’idée de ne pas être l’unique objet de désir de la mère et qu’elle puisse se heurter au manque.
Dans un second mouvement, il prend conscience de la réalité, réalisant que le sexe féminin est différent et que la mère connaît une jouissance à laquelle il n’a pas accès et qu’elle partage avec le père.
C’est à ce moment-là que l’enfant finit par renoncer à son identification au phallus.

physiquement constitué d’un « pénis réeravec lequel il peut gratifier la mère, se la réappropriant à travers ce don de pénis.
L’avènement de la féminité dépend, pour l’enfant, de la reconnaissance de la singularité du sexe féminin.
Il doit aussi prendre conscience que c’est précisément cette singularité qui déclenche le Désir du Père.
Il ne s’agit plus, alors, pour l’enfant, d’être ou de ne pas être le phallus mais de « l’avoir ».
Avec la découverte de la différence des sexes se manifeste le complexe de castration.
Cette période, décisive pour l’évolution l’enfant, atteste de la fugacité du phallus et de l’objet d’amour.
Il aimait une mère toute-puissante, phallique, elle est soudain destituée de son pouvoir quasi magique, et n’est plus qu’un objet de manque.
Tout ce qui la rendait désirable, à ses yeux, disparaît.
Un travail psychique important l’oblige à repositionner son désir par rapport au manque.
Pour la petite fille, ce manque est, en première instance, vécu comme une lésion corporelle, une blessure affreuse.
Elle fera l’impossible pour désavouer le caractère de non-retour de cette dissimilitude

Parfois, c’est à l’instar de jeux érotiques d’enfants, au cours desquels garçons et filles se donnent en spectacle, dévoilant leur nudité, qu’elle prend réellement conscience de l’aspect irrémédiable de la conjoncture sexuelle.
Fascinée par le corps du garçon, l’envie de pénis la tenaille, ce qui, selon Freud, signe l’emblème symptomatique de la féminité.
Il arrive, cependant, que la petite fille reste fixée à la zone érogène clitoridienne, à son désir de pénis ou à la mère.
Ces fixations sont source de troubles.
Les phobies, entre autres, proviennent des ces ancrages non surmontés.
Le désir du pénis n’est pas conscient, il s’exprime sous forme de phobies, dont l’objet s’aménage à partir d’une transposition de vecteur.
Lorsque ces phases sont dépassées, et que tout se déroule normalement, la petite fille, animée de l’envie de pénis, va trouver une issue avec le père.
Lors de l’Oedipe et du transfert au Père, on assiste à une transformation de désirs.
Le désir d’un enfant du Père affleure, remplaçant l’envie de pénis, tel que Freud l’avait observé.
Cette phase, reste pour la petite fille, la plus difficile à franchir.
Psychologiquement, les mutations sont considérables et mobilisent une énergie psychique intense.

Elle se tourne vers un autre Objet d’amour, de sexe différent.
Et elle rentre dans une ère de passivité, parfois proche du masochisme, loin des instincts agressifs.
Piera Aulagnier pense que c’est une traversée primordiale pour la femme, et sa relation à la féminité.
Dans sa revendication, voire récrimination du pénis à la mère, la petite fille n’acceptait pas sa féminité.
Alors que l’émergence de son désir d’enfant correspond à une convocation de libido et une sollicitation d’amour dont la destination est le père.
La féminité se réalise dans le cadre de cette renversements psychiques qui sont le témoignage que la dissemblance sexuelle qui tatoue la fille et la révèle . C’est ce qui provoque « le désir le la promesse de don » chez l’homme.
La fille dépend alors de l’homme et de ce que « il doit lui être donne’.
C’est sa manière de se réconforter, en proie à l’angoisse de castration.
Le manque qu’elle ne peut symboliser devient le fondement du désir.
Dans la cause du désir de l’homme réside l’indice de la femme.
La femme a besoin d’un homme pour être reconnue.
Elle ignore ce qui fait qu’elle puisse être désirée, seul l’homme peut le formuler.
La féminité reste un secret pour la femme. L’homme la désire, il peut la renseigner sur la nature de son désir.
Au coeur de sa féminité, elle trouve le manque.
En amour, ce manque devient une don.
Elle désire et offre ce qu’elle ne détient pas et suscite le désir de l’homme.

APPROCHE JUNGIENNE ET TEMPERANCES
Cari Gustav JUNG s’interrogea, tout au cours de sa vie, sur les mystères de la nature humaine.
Il pressentit que la vérité de l’individu se cachait en lui-même, que chacun recelait les clefs de sa propre énigme.
Se tournant vers la psychiatrie, il travailla aux côtés d’ Eugen Bleuler, au Burghôizli et poursuivit des recherches, dans le cadre de sa thèse, sur  » La psychopathologie des phénomènes dits occultes ».
De sa rencontre avec Sigmund Freud naquit une profonde mais éphémère amitié.
Des désaccords théoriques concernant, entre autres, la conception de la libido, contribuèrent à la séparation de ces deux psychanalystes.
Seul, Carl Gustav JUNG traversa une crise troublante, au cours de laquelle « une confrontation avec l’inconscient » s’imposa.
Ceci fut le début d’une phase d’investigations aventureuses, pénibles qui déboucha sur l’inauguration d’une harmonie nouvelle basée sur la communication entre la conscience et l’inconscient.
C’est alors l’entrée définitive, pour Carl Gustav JUNG, dans un monde d’innovations et de découvertes.
Il dira un jour, à propos de cette phase douloureuse de maturation qu’elle fut: « la matière première de l’ oeuvre de ma vie ».

Elaborant une théorie de la structure de la psyché, Jung a une conception très dynamique de l’homme ( Werden / Wandlung).
Les rêves représentent pour lui comme pour Freud  » la voie royale vers l’inconscient », et « traduit un état de l’inconscient à un moment donne’.
C’est avec le concept « d’inconscient collectif’ que Carl Gustav JUNG « s’enhardit », sur le plan théorique, par rapport à Sigmund FREUD.
Cet inconscient collectif s’exprime à travers les  » archétypes », que l’on pourrait définir comme des éléments primordiaux de la psyché humaine.
Ces structures préformées sont nourries par le flux de l’énergie psychique et se caractérisent par une dynamique particulière ; elles s’extériorisent de façons diverses et mouvantes, sous la forme  » d’images archétypiques ».
C’est dans ce contexte, qu’à côté des images parentales, apparaissent deux archétypes que je désire analyser de plus près parce qu’ils peuvent avoir une incidence dans la vie du couple: « l’anima et l’animas »
Ils représentent la polarité sexuelle complémentaire de l’individu.
Selon la théorie élaborée par Cari Gustav Jung, la femme aurait en elle une partie masculine inconsciente: l’animus.
Ce terme signifie souffle, vent, esprit.
L’animus de la femme s’est forgé au fil de ses expériences masculines, et peut prendre les traits du père, du frère.
Fondamentalement on peut dire que l’animus est influencé par le père de la femme.

On peut le repérer, par exemple, sous forme de convictions cachées et « sacrées ».
On voit alors une femme s’exprimer d’une voix forte, virile, tentant de faire accepter ce type de convictions, même par la force, ayant parfois recours à la violence. On sent quelque chose de dur, d’intraitable, d’entêté.
Même chez une femme très féminine on rencontre un obstacle infranchissable, froid. Un des thèmes de l’animus serait:
« La seule chose que je désire au monde, c’est d’être aimée, et il ne m’aime pas.  »
Ou encore:
« Il n’y a que deux issues à cette situation et elles sont également mauvaises ».
Ces idées  » vraies  » lorsqu’elles sont prises dans un contexte général, ne sont pas adaptées à la situation particulière de la femme, mais on peut les discuter, elles viennent du père.
Tout comme l’anima chez l’homme, que nous étudierons plus loin, l’animus peut devenir  » le démon de la mort ».
Un animus négatif peut entraîner la femme vers des désirs, des jugements sur le monde  » tel qu’il devrait être », l’empêchant de nouer de véritables liens avec la réalité et la vie active qui la feraient exister réellement.
C’est alors la mort, comme dans ce conte tzigane, où l’animus négatif est représenté.
 » un bel étranger est accueilli par une femme solitaire, bien qu’un rêve l’ait avertie que cet homme est le roi des morts. Et au bout d’un certain temps, elle le presse de lui révéler qui il est en réalité. Il refuse d’abord en disant qu’elle en mourra. Elle insiste, et brusquement, il lui révèle qu’il est la mort elle-même. L
femme meurt aussitôt de peur ».
Mais l’animus négatif, c’est aussi  » le voleur ou le meurtrier  » dans les légendes. C’est Barbe-bleue qui assassine secrètement ses femmes.
Il représente toutes les pensées destructrices, froides, dont la femme peut être en proie. Les sentiments positifs n’existent plus, elle manigance de sombres projets, souhaitant la mort d’autrui.
Lorsque cette forme d’animus est à l’ oeuvre chez la femme, elle peut provoquer la mort dans son entourage, pousser l’époux vers le suicide, les enfants vers la maladie. La femme peut être  » possédée » pendant un temps, par cet animus négatif, qui la plonge dans des ruminations morbides, dans une grande insécurité psychique, et la dépouillant de tous sentiments humains.
Lorsqu’elle parvient à sortir de cette torpeur, elle se rend compte que sa réalité intérieure et que le monde extérieur sont différents de ce qu’elle croyait fermement.
Mais l’animus peut être très précieux quand il est positif.
Il établit alors des liens avec le Soi, par le biais d’une activité créatrice.
Le rêve d’une femme de quarante-cinq ans illustre cet aspect de l’animus:
 » Deux silhouettes voilées grimpent sur le balcon et pénètrent dans la maison. Elles sont enveloppées de manteaux noirs à cagoule et semblent vouloir nous tourmenter, ma soeur et moi. Ma soeur se cache sous le lit, mais les personnages en cagoule l’en chassent avec un balai et la mettent à la torture. Puis c’est mon tour. Celle de deux silhouettes qui commande me pousse contre le mur et fait des gestes magiques devant mon visage. Entre temps, l’autre dessine quelque chose sur le mur, et quand je le vois, je dis pour les amadouer :  » Oh que c’est bien dessiné! « . Mon tortionnaire a soudain le visage noble d’un artiste, et dit
fièrement : « Oui, vraiment « , et commence à nettoyer ses lunettes.  »
La femme était habituée au sadisme des personnages, car elle était souvent victime de crises d’angoisse au cours desquelles elle s’imaginait que ceux qu’elle aimait allaient disparaître, souffraient, ou bien se trouvaient en danger.
Ici l’animus est représenté par deux personnages, on peut alors penser que les malfaiteurs matérialisent un facteur psychique à double effet.
Dans la vie de la rêveuse, la soeur, très artiste, était morte jeune, sans avoir pu exprimer longtemps son talent.
Par la suite, dans le rêve, on apprend que les voleurs en cagoule sont en fait des artistes masqués, cachés.
En interprétant ce rêve, on voit que les attaques de panique trahissent un danger réel et mortel, mais en même temps l’éventualité d’une activité créatrice.
Si elle se laisse guider par le message du rêve, en développant son talent de peintre, l’animus persécuteur se métamorphosera en activité créatrice bénéfique.
L’animus peut se manifester sous la forme d’un groupe et prend un caractère collectif. Les femmes concernées disent alors  » on « , ou bien  » ils « ,  » tout le monde », insistant sur : » toujours »,  » il faudrait », « on doit ».
L’intégration de l’animus à la conscience est un processus long, ardu,
douloureux, si mais la femme y accorde du temps, de la réflexion, elle se dégagera des influences inconsciente négatives et sera en mesure de se confronter à la réalité.
Cette aventure intérieure est symbolisée dans certains contes et mythes, où le prince, changé en monstre, ou en animal sauvage par une sorcière, ne peut être sauvé que par l’amour d’une jeune fille (  » La Belle et La Bête  » ).

Souvent elle ne doit rien connaître de lui, ni même son visage mais lui accorder toute sa confiance, l’aimer aveuglément pour qu’il retrouve son identité initiale.
Mais c’est à l’issue d’une série de péripéties compliquées, difficiles, empreintes de maux et d’afflictions que l’héroïne finit par délivrer le prince.
C’est alors que l’animus intégré devient un allié précieux.
Il dotera la femme de qualités masculines, comme  » l’initiative, le courage, l’objectivité et la sagesse spirituelle. »
Comme l’anima, que l’on analysera plus tard, on retrouve quatre stades de développement de l’animus.
Dans un premier temps il peut prendre l’apparence d’un athlète, représentant la force physique.
Puis, au deuxième niveau, c’est l’esprit d’initiative, et la qualité de pouvoir organiser l’action.
Au troisième stade, il s’agit du  » verbe « , il est personnifié par un professeur, un prêtre.
Enfin, au quatrième degré, l’animus, à son stade le plus élevé, correspond à la  » Pensée « .
Il donne à la femme une fermeté spirituelle, joue un rôle de soutien.
Parfois il permet à la femme de se mettre en relation avec l’évolution spirituelle de son temps et de développer une profonde sensibilité aux pensées créatrices.

Ces personnages intérieurs importants, inconscients, complémentaires, sont primordiaux, la femme doit aussi savoir accueillir  » l’homme intérieur ».
Il lui faut en prendre conscience et faire sienne cette image archétypique.
L’anima pour l’homme et l’animus pour la femme sont essentiels, car ils créent l’image du sexe opposé dans la psyché consciente, petit à petit, au moment de la phase de séparation d’avec les parents.
C’est au moment de l’adolescence, répétition de l’Oedipe, que se joue la période la plus importante de l’individu, par rapport aux imagos parentales.
A ce sujet, on peut noter que le divergences théoriques apparurent progressivement entre Freud et Jung, sur des points fondamentaux.
En, 1912, la publication de la deuxième partie du grand livre de Jung  » Métamorphoses et symboles de la libido » précisent ces différences de points de vues dont Freud a conscience.
Jung élargit le concept de  » libido » ( sorte de tension générale), sa spécificité sexuelle s’estompe et tend à faire de l’Oedipe un symbole et une métaphore supérieures. Si Freud considère d’Oedipe par rapport au père, Jung l’envisage par rapport à la mère.
Pour Jung, le mot  » Sphinx » éveille l’idée de secrets et de mystères. Il pose aussi des énigmes comme le Sphinx d’Oedipe, mais ce serait une représentation de l’imago maternelle,  » la mère terrible et dévorante ».
En répondant au Sphinx, Oedipe est précipité dans un inceste matriarcal.
Le Sphinx est l’enfant d’Echidna, être mixte, jolie Jeune femme par le haut, et serpent affreux par le bas.

Cet être double correspond à l’image de la mère, moitié humaine et digne d’être aimée, moitié monstrueuse et terrifiante.
A ce sujet, on peut évoquer les propos de Freud qui a toujours eu du mal à  » être une mère dans le transfert  » .
Quant à l’analyse des rêves, même si les deux hommes se passionnèrent pour ce sujet, elle reste chez Jung une tentative d’appréhension du  » Tout « .
Pour lui, le rêve est une voie ouverte sur  » L’univers cosmique « , préexistante à l’homme et demeurant après lui.
Dans  » L’interprétation des rêves  » Freud essaie de décrypter la pathologie de la névrose à travers le rêve, dégageant les pensées latentes et inconscientes en deçà de la perception dans laquelle s’origine la représentation.
Jung développe un rapport singulier au Sacré que l’on ne trouve pas chez Freud. Cette relation au Sacré provoquerait chez l’homme le sentiment de  » numineux « . A ce sujet, il écrit:
 » La numinosité est totalement soustraite à la volonté consciente, car elle met le sujet dans un état de saisissement  » ( Ergriffenheit ).
Cette notion est un Intensitâtfaktor émotionnel ou énergétique et présuppose la croyance en la religion, et l’expérience de la rencontre avec le divin.
Freud a un tout autre rapport à Dieu et à la religion.
( article inachevé )

Fraulich?Weiblich? (Qui « sied  » au féminin « / Féminité )

Jeudi 1 avril 2010

En s’interrogeant sur les termes « Féminité et Corps », on constate qu’en français, à première vue, ces expressions semblent ne pas prêter pas à confusion.
Féminité, renvoie à Femme.
Le Féminin n’en reste pas moins un objet de recherche étendue.
Corps peut prendre le sens d’ enveloppe matérielle des êtres, d’organisme, de chair, de physique…
En Allemand il existe plusieurs mots pour parler du Corps et de la Femme.
Le vocable  » Corps « , se traduit par Leib ou Körper:
Paul Laurent Assoun, psychanalyste et professeur à l’Université Paris VII écrit:
« A propos des deux corps Köper et Leib » : L’Allemand prend acte de cette pliure au sein de la corporéité en distinguant au moins deux termes: le corps, c’est une architecture visible, un corps en sa réalisation anatomique ( Körper ). Bâtisse corporelle ou anatomie ( Körperbau) qui peut être atteinte en son intégrité, par une blessure ou lésion ( Kôrperverletzung).
C’est celui qui tombe sous le regard, adhérence somatique du sujet, en son enracinement sensible.
Le corps, c’est aussi Leib: corps compris à la fois au figuré,
- principe métaphysique, dans l’opposition à l’âme, ( Seele)
- et comme d’un » intérieur » ( inneres) c’est le giron ou sein  » maternel », les entrailles ( corps viscéral) ou le ventre – enracinement du vivant, chaire vive. Par opposition au  » Kôrper », instance de la vie animale, le « Leib  » , c’est la vie organique.
Le corps, c’est à la fois cet « être surface », cette carcasse  » Rumpf’ et cette substance qui donne sa profondeur à la « personne »vivante. Mais c’est aussi le corps cadavérisé ( Leichnam, Leiche ), la dépouille mortelle où s’avoue en quelque sorte l’être-là du corps.
Enracinement dans la vie ( Leben qui peut consoner avec Leib) et figure de la « facticité ».
La psychosomatique s’est promue, au carrefour de la médecine et le psychanalyse, à partir de l’opposition de ces corps.
La métapsychologie n’a pas besoin de cette rallonge : dans la mesure où elle contient, bien relue et mise au travail clinique par cette  » doctrine du corps », cette mise en tension entre Kiirper et Leib. C’est ce que nous cherchons à faire entendre dans les précédentes leçons.
J’adhère à cette vision des choses et je dirai que » Keirper  » est de l’ordre de ce qu’on voit et qu’il est possible de toucher, saisir, voir.
C’est aussi de l’ordre de la forme et du corps que l’on entraîne ( le corps du sportif), que l’on sculpte dans les Clubs de Fitness et les salles de musculation ( Keirper -corps – muscle-viande humaine ).
C’est aussi celui qui fait l’objet de soins « corporels » (Körperpflege).
Ce corps-là se trouve sur le versant du type de constitution. de la structure morphologique et interne ( Körperbautypen, Körperarterie, Körperschlagader ).
C’est aussi le corps-machine, qui présente des dysfonctionnements, parfois, comme chez les handicapés moteurs, et locomoteurs ( Körperbehinderte).
Avec le  » Körper « , on s’adresse aussi au mécanisme, à l’activité organique.
Chaque organe remplit alors une fonction particulière, qui va dans le sens d’un agencement de la vie, ainsi on est plongé dans le monde des transformations internes, les compositions de sécrétions, du sang…( Körperflüssigkeiten ).
C’est aussi le corps palpable, repérable par son poids, sa taille ( Körpergewicht, Körpergaße), celui qui plaît, sur un regard.
A l’égard du  » Leib « , on peut dire, qu’initialement c’était en référence avec l’histoire des religions et la théologie.
A côté de l’âme ( Seele ), le  » Leib  » apparaît comme une autre réalité de l’Homme ( Problèmes entre le corps et l’âme ).
Initialement, dans les milieux religieux, on délaissait un peu le  » Leib « , au profit de l’âme, mais on lui accordait cependant une certaine place, puisque, lorsqu’il s’agissait de la croyance d’une vie après la mort, on instaura les sépultures, tombeaux, mausolées…
En théologie on parle de  » Leib Christi « ; pour l’Eglise c’est le  » Corpus Christi « , et le pain, l’hostie, au moment de l’Eucharistie.
C’est une notion de corps sacré, le corps du fils de Dieu sur Terre, le corps du Christ qui revit à chaque messe et que l’on peut incorporer.
Il s’agissait d’une dépendance, d’un asservissement du paysan par rapport au seigneur ( Leibherr ) auquel il était lié.
 » Leibeigen  » induit une dépendance de la personne intime à un suzerain, ou tout être supérieur, omnipotent ayant tous les droits sur cet individu.
Mais c’est aussi aimer  » Corps et âme » (Leib und Seele ) et « Avoir le diable au corps ( dans la peau ) »: » den Teufel lin LEIB haben « .
Par rapport au  » Körper « , il y a dans le  » Leib « , une flamme supplémentaire, une vie, inconsciente souvent, des pulsions, des désirs…
 » Der leibliche Vater ( Père ) », par exemple, c’est le père qui a conçu l’enfant.
Quand on dit:  » Sie ist gesegneten Leibes  » ( Elle a un corps sacré), cela signifie:  » elle est enceinte « .
 » Leibesfrucht ( fruit )  » correspondrait au bébé dans le corps de la mère, le fruit de ses entrailles.
Et puis, pour terminer, peut-être, cette expression:
 » Keine Ehre im Leib haben  » : ne pas avoir de dignité, d’honneur.. ( de tripes, de…)
Ces exemples montrent bien que le corps au sens de  » Leib « .
Il existe pleinement, il est traversé par les émotions.
C’est la chair noble, sensible, liée à l’esprit.
Weiblichkeit et Fraulichkeit?
En ce qui concerne le substantif » Féminité », la langue allemande est plus élargie, mais cependant elle ne plaît pas toujours aux féministes.
Femme se dit:  » Frau, Weib, Dame  »
Il existe plusieurs manières de traduire Féminité en allemand:  » Weiblichkeit, Fraulichkeit, Frauentum, Weiberart » .
Je ne retiendrai, que « Fraulichkeit et Weiblichkeit », plus proches de la présente recherche.
 » Fraulichkeit « , correspondrait à ce qui s’adresse plus à l’apparence et vient de  » Frau « ( femme).
C’est l’épouse: Frau HUBER, au sens de Madame HUBER et aussi toute la médecine féminine:  » Frauenarzt  » ( la gynécologie) .
Ce sont les maladies féminines, liées au sexe de la femme:  » Frauenkrankeitheiten »
C’est aussi le mot utilisé pour traduire le mouvement féministe:  » Frauenbewegung »
C’est aussi  » Unsere Liebe Frau  » ( Notre Dame) et tout ce qui concerne la recherche, les études sur les femmes, Women studies « Frauenforschung, feministische Wissenschaft « .

On évoque aussi le  » Frauenmilch « , pour le lait maternel, et  » Frauenraub « pour les rapts, prises d’otage, enlèvements de femmes et de fillettes  » .
Mais le coeur de la femme, son essence, se retrouvent plus dans la notion de :
 » Weiblichkeit « .
Ceci vient de « Weib  » (femme ).
A noter que l’adjectif » weiblich  » est aussi le ternie employé en grammaire pour le genre d’un substantif, et aussi celui qui est mentionné sur les passeports pour stipuler le sexe de la personne.
Mais  » Weib  » est parfois connoté péjorativement_
 » Weibisch  » est utilisé pour ce qui est efféminé chez un homme et  » Weibgeschwâtz  » désigne les commérages.
En revanche,  » Weibertreue  » définit la fidélité féminine.
Et on parle de  » Mann und Weib « , pour le couple.
« Ein Weib « , c’est aussi une épouse, mais une vraie, qui ne porte pas forcément le même nom, mais qui partage la vie d’un homme.
C’est à la fois plus simple, et plus compliqué.
On parle ici de la femme, avec un homme ( Mânnlichkeit / Weiblichkeit ).
De l’accord entre féminité et masculinité, virilité.
 » Weiblichkeit  » semble plus tourné vers l’intérieur de l’être, ce qu’il vit, ressent en
particulier, qu’un homme ne pourrait éprouver.
Cela rime, dans mes associations personnelles, avec  » weich « : doux, suave, tendre.
Alors que  » Fraulichkeit  » est plus orienté vers l’extérieur, ce qui paraît, ce qui est vu et peut se fabriquer.
 » Weiblichkeit « , est discret, pudique, secret, il s’enfuit dès qu’il est dévoilé.
rEn même temps, il envahit la femme, la capture.
Elle est sans défense face à ce phénomène, ne peut lui échapper, et doit s’en laisser pétrir.
Pour ce qu’il en est du concept de  » Fraulichkeit « , on peut dire qu’il est trop restreint, ne parvient pas à identifier la femme, dans sa subjectivité typique.
Alors que le principe de  » Weiblichkeit  » délimite une acception plus vaste, identité et subjectivité sont présentes.
On y trouve une conscience de soi, une existence, une épuration quintessenciée de la femme.
(article inachevé)

Die Macht des Weibes

Lundi 29 mars 2010

Mächtig seyd ihr, ihr seyd’s durch der Gegenwart ruhigen Zauber;
Was die stille nicht wirkt, wirket die rauschende nie.
Kraft erwart’ ich vom Mann, des Gesetzes Würde behaupt’ er;
Aber durch Anmuth allein herrschet und herrsche das Weib.
Manche zwar haben geherrscht durch des Geistes Macht und der Thaten;
Aber dann haben sie dich, höchste der Kronen, entbehrt.
Wahre Königin ist nur des Weibes weibliche Schönheit,
Wo sie sich zeige, sie herrscht, herrschet bloß, weil sie sich zeigt.

SCHILLER

Die Würde der Frauen

Lundi 29 mars 2010

Ehret die Frauen! sie flechten und weben
Himmlische Rosen ins irdische Leben,
Flechten der Liebe beglückendes Band,
Und in der Grazie* züchtigem Schleier
Nähren sie wachsam das ewige Feuer
Schöner Gefühle mit heiliger Hand.

Ewig aus der Wahrheit Schranken
Schweift des Mannes wilde Kraft;
Unstet treiben die Gedanken
Auf dem Meer der Leidenschaft;
Gierig greift er in die Ferne,
Nimmer wird sein Herz gestillt;
Rastlos durch entlegne Sterne
Jagt er seines Traumes Bild.

Aber mit zauberisch fesselndem Blicke
Winken die Frauen den Flüchtling zurücke,
Warnend zurück in der Gegenwart Spur.
In der Mutter bescheidener Hütte
Sind sie geblieben mit schamhafter Sitte,
Treue Töchter der frommen Natur.

Feindlich ist des Mannes Streben,
Mit zermalmender Gewalt
Geht der wilde durch das Leben,
Ohne Rast und Aufenthalt.
Was er schuf, zerstört er wieder,
Nimmer ruht der Wünsche Streit,
Nimmer, wie das Haupt der Hyder
Ewig fällt und sich erneut.

Aber zufrieden mit stillerem Ruhme,
Brechen die Frauen des Augenblicks Blume,
Nähren sie sorgsam mitliebendem Fleiß,
Freier in ihrem gebundenen Wirken,
Reicher, als er, in des Wissens Bezirken
Und in der Dichtung unendlichem Kreis.1

2Streng und stolz, sich selbst genügend,
Kennt des Mannes kalte Brust,
Herzlich an ein Herz sich schmiegend,
Nicht der Liebe Götterlust,
Kennet nicht den Tausch der Seelen,
Nicht in Thränen schmilzt er hin;
Selbst des Lebens Kämpfe stählen
Härter seinen harten Sinn.

Aber wie leise vom Zephyr* erschüttert,
Schnell die äolische Harfe* erzittert,
Also die fühlende Seele der Frau.
Zärtlich geängstigt vom Bilde der Qualen
Wallet der liebende Busen, es strahlen
Perlend die Augen von himmlischem Thau.

In der Männer Herrschgebiete
Gilt der Stärke trotzig Recht;

In der Welt verfälschtem Spiegel
Sieht er seinen Schatten nur.
Offen liegen ihm die Schätze
Der Vernunft, der Phantasie;
Nur das Bild auf seinem Netze,
Nur das Nahe kennt er nie.

Aber die Bilder, die ungewiß wanken
Dort auf der Flut der bewegten Gedanken
In des Mannes verdüstertem Blick,
Klar und getreu in dem sanfteren Weibe
Zeigt sich der Seele kristallene Scheibe,
Wirft sie der ruhige Spiegel zurück.

Mit dem Schwert beweist der Scythe*,
Und der Perser* wird zum Knecht.
Es befehden sich im Grimme
Die Begierden wild und roh,
Und der Eris* rauhe Stimme
Waltet, wo die Charis* floh.

Aber mit sanft überredender Bitte
Führen die Frauen den Scepter* der Sitte,
Löschen die Zwietracht, die tobend entglüht,
Lehren die Kräfte, die feindlich sich hassen,
Sich in der lieblichen Form zu umfassen,
Und vereinen, was ewig sich flieht.3

Aber für Ewigkeiten entschieden
Ist in dem Weibe der Leidenschaft Frieden;
Der Nothwendigkeit heilige Macht
Hütet der Züchtigkeit köstliche Blüthe,
Hütet im Busen des Weibes die Güte,
Die der Wille nur treulos bewacht.

Aus der Unschuld Schooß gerissen,
Klimmt zum Ideal der Mann
Durch ein ewig streitend Wissen,
Wo sein Herz nicht ruhen kann,
Schwankt mit ungewißem Schritte,
Zwischen Glück und Recht getheilt,
Und verliert die schöne Mitte,
Wo die Menschheit fröhlich weilt.

Aber in kindlich unschuldiger Hülle
Birgt sich der hohe, geläuterte Wille
In des Weibes verklärter Gestalt.
Aus der bezauberten Einfalt der Züge
Leuchtet der Menschheit Vollendung und Wiege,
Herrschet des Kindes, des Engels Gewalt.

SCHILLER

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